Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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projectile (suite)

Têtes de roquettes et missiles

Dans ce type de munitions, dont les parois peuvent être en tôle mince, puisque les accélérations au tir sont faibles, on place autour de la charge d’explosif de petits éclats cubiques ou des billes. (On évite ainsi de dépenser de l’énergie à fragmenter des parois épaisses.) La même disposition peut être aussi employée pour les bombes d’avion.

Dans les roquettes d’artillerie, on utilise contre les chars un chargement de mines bâtons, qui sont projetées sur le terrain à partir du point d’éclatement en l’air et dont l’allumeur ne s’arme qu’après la chute. On emploie aussi des bombettes empennées à charge creuse, capables, en tombant, de percer le toit des blindés.


Projectiles divers

En dehors des projectiles explosifs et antichars, il en existe toute une gamme aux effets les plus divers. Les fumigènes et les toxiques comportent une gaine d’éclatement axiale qui reçoit une charge d’explosif juste suffisante pour fragmenter grossièrement le projectile sans détériorer les produits à disperser. Les éclairants comportent un culot rapporté, tenu en place par des goupilles qui résistent à la compression au départ du coup, mais qui cèdent lorsque la fusée à temps (sans détonateur) actionne la charge de dépotage intérieur en poudre noire. Celle-ci expulse vers l’arrière le pot éclairant, qui entraîne un parachute replié dans le corps de l’obus.

En tir aérien, on utilise aussi dans des têtes de missiles la charge lasso, constituée par une série de barreaux soudés alternativement l’un à l’autre par une de leur extrémité et qui se déroulent sous l’effet de la détonation en un anneau qui est projeté contre l’aéronef ennemi. Il existe en outre des munitions d’exercice pour le tir à blanc et des munitions d’instruction ne créant pas de zone dangereuse étendue.

Charge creuse

Charge d’explosif organisée de telle façon que ses effets soient concentrés vers l’avant et selon son axe.

Dès le début du xixe s., divers artificiers avaient constaté que, lorsque la face avant d’un pétard est concave, l’effet en est accru. En 1924, les Anglais Kast et Haid remarquent qu’un revêtement métallique contre la surface évidée augmente encore l’efficacité. Les études se poursuivaient et on expérimentait en France en 1940, d’après un brevet suisse, des projectiles Mohaupt qui préfigurent ceux qui apparaîtront au combat en 1942.

Le corps d’un projectile à charge creuse est rempli d’un explosif à grande vitesse de détonation (hexolite ou hexogène plastifié) amorcé à l’arrière par un détonateur. L’avant du chargement, de forme évidée, vient s’appliquer contre le revêtement en forme de cône creux, dont la grande base, située en avant, se raccorde au corps et à l’ogive du projectile. Cette dernière porte un dispositif de mise à feu ultra-rapide relié au détonateur et qui fonctionne à l’impact sur la cible. La hauteur d’ogive est réglée en fonction de la vitesse d’impact et du retard de la chaîne pyrotechnique (quelques dizaines de microsecondes, pour éviter une désorganisation prématurée du revêtement et du chargement avant détonation complète de l’obus). De cette façon, on obtient la meilleure distance d’attaque du projectile.

L’onde de détonation, amorcée par le détonateur et traversant la charge d’explosif d’arrière en avant, vient écraser brutalement sur son axe le revêtement en cuivre du sommet à la base.

Il en résulte la formation vers l’avant d’un jet effilé à très grande vitesse (jusqu’à 10 000 m/s) de métal chaud et visqueux qui pénètre dans la cible (blindage, béton) à la manière d’un puissant jet d’eau dans un tas de sable. La pression créée par le jet surpasse tellement la résistance du matériau que celui-ci peut être assimilé simplement à un fluide : c’est la base de la théorie hydrodynamique. Le jet se consomme peu à peu en rejetant autour de lui et vers l’arrière le matériau désagrégé de l’objectif et en créant un canal de diamètre bien supérieur au sien. Simultanément, la majeure partie du revêtement reflue lentement vers l’arrière, mais comme il est entraîné avec la vitesse restante du projectile, il pénètre dans la perforation et peut même l’obturer. Le reliquat du jet, non consommé par la perforation et accompagné de multiples petits éclats détachés de la cible, provoque des effets incendiaires et de destruction sur un long parcours au-delà de l’objectif. Les jets de charge creuse sont observés par radiographie éclair grâce à des tubes spéciaux, depuis leur naissance jusqu’après perforation (la pellicule photographique est protégée par une plaque de métal léger contre la lueur de la détonation et contre les éclats.

La charge creuse est parfaitement adaptée à des mines antichars (agissant verticalement contre les chenilles ou le plancher du char), aux missiles ainsi qu’aux obus stabilisés par empennage. En montant l’un dans l’autre deux corps par l’intermédiaire de roulements à billes (le corps extérieur entraîné seul en rotation assurant la stabilisation gyroscopique de l’ensemble), on a réalisé en France vers 1960 un projectile à charge creuse pour canon rayé. Avec des formes particulières de revêtement du projectile, on peut obtenir des charges formées, notamment des charges plates, qui projettent devant elles une grappe de petits cubes en acier (barrage fixe interdisant aux blindés un point de passage obligé), et des charges diédriques coupantes pour destruction (poutres, rails, etc.). Le pouvoir perforant d’une charge creuse est considérable et indépendant de la distance du tir : il dépasse quatre fois le calibre de l’obus en incidence normale. En tir oblique, les fusées fonctionnent même aux très fortes incidences, si bien qu’en 1975 aucun blindage ne pouvait résister aux charges creuses des canons et missiles.

Fusée-détonateur

Artifice destiné à faire fonctionner un obus, une bombe d’avion ou une tête active de roquette ou de missile.