Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

prescription (suite)

• La prescription de la peine. Lorsqu’il y a eu condamnation, mais que la peine prononcée n’a pas été exécutée, ou lorsque son exécution a été interrompue pendant un certain temps, il y a prescription de la peine, qui, de ce fait, n’est plus susceptible d’exécution. Cette dernière prescription ne peut jouer qu’à l’égard des peines qui donnent lieu à des actes d’exécution forcée sur la personne ou sur les biens (peines privatives de liberté ou pécuniaires). Elle s’opère par expiration du délai de vingt ans en matière criminelle, de cinq ans en matière correctionnelle et de deux ans en matière de contravention de police ; elle court du jour où la décision est devenue définitive et, si l’exécution a été commencée mais a été interrompue, elle part du jour de cette interruption. Le délai de la prescription peut être interrompu par des actes d’exécution (commandement, saisie, usage de la contrainte par corps en ce qui concerne les condamnations pécuniaires, arrestation et incarcération pour les peines privatives de liberté), et, dans ces cas, l’interruption rend inutile la partie de la prescription déjà acquise ; le délai peut être suspendu en raison d’un obstacle de fait (occupation du pays par l’ennemi ou démence du condamné) ou en raison d’un obstacle de droit (sursis simple ou sursis avec mise à l’épreuve). La peine prescrite est réputée exécutée, mais la condamnation subsiste avec tous ses accessoires : si la prescription empêche l’exécution de la peine, la condamnation n’en demeure pas moins inscrite au casier* judiciaire.

J. B.

➙ Procédure.

presse [d’imprimerie]

Machine à imprimer.



Introduction

On ignore si Gutenberg (entre 1394-1399 - 1468) fut l’inventeur de la presse à imprimer ou si celle qu’il fit construire en 1439 par Conrad Saspach n’était qu’un perfectionnement d’un matériel existant. Elle avait beaucoup de ressemblance avec les pressoirs à raisin de l’époque. Sur un marbre horizontal fixe, on calait la forme d’impression ; on l’encrait avec un tampon, on la couvrait d’une feuille de papier et on faisait descendre dessus un plateau au moyen d’une vis verticale. Le tout était en bois. Cette presse, dont la force motrice était fournie par les muscles de l’imprimeur, produisait quelque 250 feuilles par jour. Le même système a été employé pendant près de quatre siècles, avec des perfectionnements de détail et des progrès dans la construction : marbre mobile sur glissières permettant l’encrage hors du plateau, vis en métal, dispositif de mise en place du papier, ou marge, garnissage d’étoffe, ou habillage, donnant une pression souple et compensant les différences de hauteur de la forme. En 1783, François Ambroise Didot (1730-1804) remplaça le marbre en bois par un marbre en fer, et le plateau en bois par un plateau en cuivre de grande dimension. Vers 1810, en Angleterre, Charles Stanhope (1753-1816) fit construire la première presse entièrement métallique, avec un contrepoids équilibrant le plateau ; la production atteignit alors de 2 000 à 3 000 feuilles par jour. Au début du xixe s., la machine à vapeur procurait la force motrice, rendant possible l’emploi de machines plus rapides et plus puissantes, dont les premières furent respectivement la presse mécanique de Friedrich König en 1811 et les rotatives imprimant du papier en bobines vers 1860.

En raison de la diversité des procédés d’impression et des imprimés, il existe aujourd’hui de très grandes différences entre les presses à imprimer modernes. Mais la plupart d’entre elles sont des machines de production de masse et ont en commun un certain nombre de dispositifs assurant :
— la mise en place stable de la forme d’impression ;
— l’encrage correct de cette forme ;
— l’alimentation en papier blanc et son placement par rapport à la forme ;
— le transfert de l’encre, par pression, de la forme au papier ;
— l’enlèvement du papier imprimé et éventuellement le séchage de l’encre. La pression qui assure l’encrage du papier est donnée de différentes manières.

• Plan contre plan. La forme d’impression est fixée sur un marbre, la feuille de papier est portée sur une platine. Platine et marbre viennent en contact pour imprimer la feuille. C’est le principe des anciennes presses typographiques et celui des presses à platine actuelles.

• Cylindre contre plan. La forme d’impression, plane, est fixée sur un marbre qui se déplace d’un mouvement alternatif et la feuille de papier est portée par un cylindre qui roule sur la forme. La pression ne s’exerce plus sur toute la surface de la forme à la fois, mais sur une bande de contact large de quelques millimètres, ce qui permet d’imprimer du papier de plus grande dimension. C’est le principe des machines typographiques à marbre plan, des machines lithographiques à cylindre et des presses de taille-douce.

• Cylindre contre cylindre. La forme d’impression est cylindrique et le papier, en feuilles ou en bobines, est porté par un second cylindre. Le remplacement du mouvement alternatif par un mouvement rotatif continu permet une plus grande vitesse d’impression. C’est le principe des rotatives de tous les procédés ainsi que des machines hélio et offset, qui sont en fait des rotatives à feuilles.

• Pression d’un râteau ou d’une raclette. Le papier est placé sur la forme et les deux se déplacent sous le râteau fixe (presses à épreuves lithographiques) ; ou bien le papier est placé sous la forme et la raclette se déplace sur celle-ci (machines de sérigraphie).


Presses typographiques

Dans la famille des presses typographiques à marbre plan, il existe différentes variantes du mouvement relatif cylindre-marbre.

• Dans les machines à arrêt de cylindre, le marbre horizontal est animé d’un mouvement alternatif et roule sur des trains de rouleaux. Le cylindre est entraîné par le marbre pendant l’aller, il fait un tour, et la feuille qu’il porte s’imprime. Pendant le retour du marbre, le cylindre est arrêté. Dans les petits formats jusqu’à 45 × 56 cm, la vitesse mécanique atteint de 4 000 à 4 500 feuilles à l’heure.

• Dans les presses deux tours, mises au point par l’Américain Robert Miehle vers 1880, le cylindre ne s’arrête pas et tourne constamment à la même vitesse ; il se soulève au retour du marbre et fait donc deux tours, un tour pour imprimer la feuille et un tour à vide.