Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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poste (suite)

La création des chèques postaux

Ce service, fondé en France en 1918, trouve son origine dans plusieurs précédents étrangers. En fait, le chèque postal est né en Autriche en 1883 : il s’agit d’une formule de remboursement sur la Caisse d’épargne postale envoyée par les déposants à leur caisse et convertie en mandat payable soit au demandeur, soit à une tierce personne. La formule est bientôt utilisée pour des transferts de fonds entre comptes d’épargne : le virement postal est né. Dès 1887, devant le succès de l’expérience, le gouvernement autrichien décide que ce nouveau service sera dorénavant distinct de la Caisse d’épargne postale, celle-ci continuant cependant à le gérer. L’essor est si rapide qu’une opération similaire est tentée par tous les pays européens : la Suisse en 1906, l’Allemagne en 1909, la Belgique en 1913 et les Pays-Bas en 1918. La Première Guerre mondiale conduit à favoriser les règlements scripturaux afin de pallier la raréfaction de la monnaie métallique et l’augmentation considérable des besoins en billets de banque, qui constituent des menaces pour la stabilité du franc. Aussi, malgré les sceptiques, qui voient mal le rôle de la poste en ce domaine, malgré les adversaires, qui pressentent une concurrence sévère pour les banques, un service de comptes courants postaux est créé par la loi du 7 janvier 1918. Les résistances sont telles que des dispositions compromissoires doivent être incluses pour éviter la franche hostilité bancaire : distinct du chèque bancaire, le chèque postal n’est qu’une sorte de mandat-carte émis par débit d’un compte courant préalablement alimenté ; d’où l’interdiction légale du chèque postal sans provision préalable et l’interdiction de verser un intérêt aux déposants. En fait, sous la pression des utilisateurs, qui attribuent parfois à la mauvaise volonté de l’administration des Postes l’insatisfaction de leurs besoins, le chèque postal est considéré comme un véritable chèque. La loi du 28 novembre 1955 procède à un rapprochement entre chèque postal et chèque bancaire. Le chèque postal devient un instrument de paiement dont les porteurs jouissent de garanties analogues à celles qui protègent les détenteurs de chèques bancaires. À la différence de la Caisse nationale d’épargne, le service des chèques postaux ne jouit ni de la personnalité morale, ni de l’autonomie financière ; il constitue seulement une branche d’exploitation de la direction générale des Postes, dont les recettes et dépenses figurent dans le budget annexe (loi de 1923) des Postes et Télécommunications. Le Trésor public profite des fonds déposés aux « chèques postaux » sans que les titulaires puissent jouir des avantages concédés par les banques.


Bilan et perspectives

Située au confluent des activités politiques, économiques et sociales, la poste assume une mission dont l’importance est considérable : transport du courrier « officiel », transport du courrier public et privé, transports de fonds, distribution du courrier et des périodiques, enfin adjonction d’activités financières à des fins sociales. Elle assure cette mission polyvalente avec tous les moyens que fournit la civilisation : cavaliers et piétons pendant deux millénaires, chemins de fer depuis un siècle, avion depuis cinquante ans. Les progrès technologiques permettent d’accélérer les impératifs de rapidité et de sécurité. Les aviateurs du Centre d’exploitation postale disposent d’appareils toujours plus perfectionnés, qui succèdent aux Latécoère et aux Breguet d’autrefois : hier le « DC-3 », aujourd’hui le « DC-4 », demain le « Transall ». En marge du transport, les perfectionnements se succèdent : tenue des comptes d’épargne en électronique ; utilisation de machines à tri automatique, qui révolutionneront l’actuel système de tri manuel, mais qui supposent l’adoption de la codification postale ; gestion des comptes courants postaux par ordinateur, sans parler des innombrables réformes de procédure et de gestion internes permises par les progrès techniques. Désormais, les expériences et les projets s’entrecroisent. Mouvante dans le temps et dans l’espace comme toute institution, la poste est toujours sur le plan universel à la recherche de l’amélioration de la communication entre les hommes.

La poste dans quelques pays étrangers

• En Allemagne, la poste est une administration fédérale directe, placée sous l’autorité d’un ministre des Postes et Télécommunications, avec le concours d’un Conseil d’administration. Un projet de loi déposé au Bundesrat en 1970 doit prochainement accentuer le caractère commercial de la poste. Un pourcentage de 6,67 p. 100 des recettes est versé à la Caisse fédérale, et le bénéfice est utilisé par la poste pour financer, investir, rechercher, etc. Les emprunts sont autorisés par le ministre des Finances.

• En Belgique, il existe deux régies distinctes, l’une des Postes, l’autre des Télécommunications, qui sont, placées sous l’autorité d’un ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones, mais elles ont leur propre budget. La régie des Postes verse 5 p. 100 des bénéfices réalisés à la direction générale et au personnel à titre de participation, le reste étant affecté au fonds de réserve. Les emprunts sont approuvés par le ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones et par celui des Finances.

• Aux États-Unis, le Post Office Department est devenu depuis le 1er juillet 1971 le United States Postal Service (USPS), institution semi-indépendante de l’État, bénéficiant désormais de l’autonomie financière et disposant d’un budget propre. La récente réorganisation a eu pour objet d’améliorer la rentabilité du service.

• En Grande-Bretagne, la poste (Post Office) et les télécommunications sont réunies structurellement, mais sont financièrement séparées. La poste est une entreprise nationalisée, qui statue de façon indépendante, dans le cadre de la politique gouvernementale, sur les problèmes économiques et financiers. Le bénéfice est acquis au Post Office. Une réforme intervenue en 1969 a eu pour objet d’obtenir de meilleurs résultats financiers.

• En Suède, la poste, distincte des télécommunications, est une administration d’État qui dispose de son propre budget. Depuis 1970, elle a à sa tête un conseil d’administration de onze membres. Les financements sont assurés par l’État. Après déduction des amortissements et des provisions, les excédents de recettes sont versés à la Caisse d’État.