Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arp (Hans)

Poète, peintre et sculpteur français (Strasbourg 1886 - Bâle 1966).


Intimement mêlé à la naissance et au développement du mouvement dada*, il apporta ensuite une contribution précieuse à la fois au surréalisme* et à l’abstraction*. Aussi son œuvre apparaît-elle à certains égards comme le lieu de convergence, un demi-siècle durant, des mouvements essentiels de l’art moderne.


De l’expressionnisme à dada

Sans doute une telle convergence a-t-elle pour origine le déchirement entre deux cultures, l’allemande et la française, que cet Alsacien a ressenti de bonne heure. Il a, très jeune, des contacts avec le groupe de poètes expressionnistes strasbourgeois de la revue der Stürmer, animée notamment par Ernst Stadler et René Schickelé, qui appellent de leurs vœux une réconciliation. Chez Arp, en effet, la vocation du poète, éveillée par la lecture du romantique Clemens Brentano, précède celle de l’artiste. Mais de peu : en 1905, il entre à l’école des arts décoratifs de Weimar, dirigée par Henry Van de Velde, où il est l’élève du peintre « Jugendstil » Ludwig von Hofmann. Cependant, la rencontre décisive est celle des sculptures de Maillol*. Comme chez Maillol ou Hofmann, le principal thème des œuvres antérieures à 1914 est le nu féminin. Arp participe en 1911 à la première exposition à Lucerne du Moderner Bund, en 1912 à la deuxième exposition du Blaue Reiter à Munich, en 1913 au premier Salon d’automne allemand, organisé par Herwarth Walden à Berlin. De nombreux voyages à Paris lui permettront aussi de rencontrer Delaunay, Modigliani, Picasso, d’autres encore. Pourtant il faudra la guerre pour que Hans Arp, échappé par miracle à la mobilisation dans l’une et l’autre armée, mais bouleversé par le conflit, naisse enfin à lui-même ; la guerre, Zurich et dada.


Des reliefs à la sculpture

En 1915, à Zurich, Arp rencontre Sophie Taeuber. Avec elle, il crée des œuvres géométriques, les plus abstraites de toute sa carrière, en réaction contre un art figuratif qu’il accuse de flatter les pires penchants humains. L’année suivante, ce sont, avec la rencontre de Hugo Bail et de Tristan Tzara, les débuts de dada, de sa contestation globale de la société et de la culture. Arp, qui illustre alors revues et plaquettes dada de gravures sur bois « tachistes », découvre le secret de l’innocence plastique : ces taches arrondies vont devenir à la fin de 1916, découpées dans du bois et peintes au Ripolin, les premiers d’une suite ininterrompue de reliefs. Les formes qui s’y épanouissent se situent, non sans humour, au stade des schèmes embryonnaires où la différenciation des espèces est impossible encore. Ainsi s’affirme l’ambition de surmonter les causes de conflit entre les êtres, puisqu’ils sont saisis au niveau où un commun appétit de vivre l’emporte sur les particularités. Le bonheur avec lequel Arp cultivera ces formes jusqu’à sa mort n’exclut pas leur diversité. Et l’on sait quelle influence elles auront sur le développement ultérieur de l’art, et même de l’art appliqué. En 1931, elles conduiront Arp à aborder enfin la ronde-bosse. Ce sera dès lors, parallèlement à la création des reliefs, la poursuite d’une aventure similaire dans la sculpture où, du fait de leur tridimensionnalité, les formes embryonnaires acquièrent une qualité onirique particulière.

Sophie Taeuber-Arp

Peintre suisse (Davos 1889 - Zurich 1943). Elle avait épousé Arp en 1921. Bien qu’ayant elle aussi participé aux manifestations dada de Zurich par des danses et des marionnettes, sa contribution essentielle est allée à la peinture abstraite, à laquelle elle demeura fidèle depuis 1915. Broderies, collages, tissages et peintures témoignent chez elle d’une vive sensibilité aux accords acides de formes et de couleurs. Son innocence, pour être différente de celle de Hans Arp, est non moins totale : elle explore avec une fraîcheur constante les rapports des rythmes formels géométriques et des vibrations colorées. Son œuvre demeure l’une des plus pures et des plus légères dans la voie rigoureuse qu’elle s’était choisie.


Surréalisme et abstraction

Arp s’installe à Meudon en 1926 et participe dès lors aux activités du mouvement surréaliste. Mais cela ne l’empêche pas d’adhérer, en 1932, au groupe Abstraction-Création. Contradiction ? Non pas, car Arp est trop profondément poète pour n’avoir pas saisi que le surréalisme, si attentif à l’origine des formes, c’est-à-dire à leur originalité foncière, est indifférent aux registres formels, quels qu’ils soient. D’ailleurs, il y a une étrange parenté entre l’univers biomorphique de Hans Arp et celui de Tanguy*, qui cependant participe d’une tout autre esthétique. Par contre, Arp n’intéresse les abstraits que par son refus d’une figuration réaliste, c’est-à-dire par son aspect le plus superficiel. La poésie écrite de Hans Arp, en tout cas, qu’elle soit en allemand ou en français, est aussi peu abstraite que possible, et entraîne les êtres et les objets dans une ronde endiablée. Comme le recueil posthume Jours effeuillés permet d’en juger, Arp est l’un des plus grands parmi les poètes surréalistes, car l’un de ceux qui se sont le plus souciés d’atteindre, par le poème comme par le relief ou la sculpture, le « fonctionnement réel de la pensée ».

J. P.

 M. Seuphor, Mission spirituelle de l’art : à propos de l’œuvre de Sophie Taeuber-Arp et de Jean Arp (Berggruen, 1954) ; Jean Arp (Éd. du Temps, 1961). / C. Giedion-Welcker, Hans Arp, avec le catalogue de l’œuvre sculpté par M. Arp-Hagenbach (Stuttgart, 1957) ; Hans Arp, eine Rede (Saint-Gall, 1966). / J. Cathelin, Arp (Georges Fall, 1959).

Arras

Anc. capit. de l’Artois, ch.-l. du départ. du Pas-de-Calais, sur la Scarpe ; 50 386 hab. (Arrageois).


Ville importante à l’époque romaine, Arras n’avait que 20 000 habitants au xixe s., 30 000 avant 1914. Mais, depuis 1945, c’est la ville du département qui augmente le plus vite (15,7 p. 100 de 1962 à 1968), en raison d’une forte natalité (31 p. 100 de jeunes de moins de 15 ans) et d’un solde migratoire positif. L’agglomération avoisinait 80 000 habitants en 1975.