Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Achéménides (suite)

Le premier drame de cette sorte se situe à la fin du règne de Xerxès Ier, qui est assassiné (peut-être à l’instigation de son fils aîné) par le commandant de sa garde ; le trône revient finalement au plus jeune fils de Xerxès, Artaxerxès Ier (465-424), qui fait tuer ses deux frères aînés. Une nouvelle révolte de l’Égypte (463-450) est soutenue par les Athéniens, mais l’or perse provoque une coalition grecque contre l’audacieuse cité, dont la flotte et le corps expéditionnaire sont détruits sur les bords du Nil (456-454). Le roi, qui a récupéré l’Égypte, accepte le compromis de 449 (« paix de Callias »), renonçant au littoral occidental de l’Asie Mineure, tandis qu’Athènes accepte de ne plus aider les rebelles de l’Empire. La guerre du Péloponnèse (431-404), qui oppose Sparte à Athènes, va permettre aux satrapes de regagner du terrain en s’emparant des cités de l’Asie Mineure révoltées contre la domination athénienne.

À sa mort, Artaxerxès Ier laisse dix-huit fils. Lui succèdent tour à tour Xerxès II (45 jours en 424), Sogdianos (6 mois en 424-423), qui a empoisonné le précédent et qui périt sous les coups de Darios II (423-404). Ce dernier s’impose définitivement en éliminant ses autres frères ; après quoi, il laisse gouverner sa sœur et épouse la féroce Parysatis. Alors qu’Athènes commence à perdre la suprématie maritime, les satrapes saisissent la plupart des villes grecques d’Asie ; mais Sparte, dont la flotte est entretenue par l’or perse et qui se sent déconsidérée pour cela devant l’opinion grecque, est une alliée réticente. Le satrape Tissapherne, qui mène une politique de bascule entre Athènes et Sparte, est remplacé par le fils cadet du roi, Cyrus le Jeune, à qui sa mère veut assurer l’armée, qui lui permettra d’évincer son aîné de la compétition pour le trône de Perse ; et l’Achéménide lui accorde un appui sans réserve qui assure la victoire définitive de Lacédémone (405).

À la mort de Darios II, son fils aîné, le faible Artaxerxès II (404-358), laisse la vie à son frère Cyrus, qui conspirait contre lui avec l’aide de Parysatis. De retour en Asie Mineure, Cyrus le Jeune lève une armée contre son frère, mais il est tué à la bataille de Counaxa (401). Ses troupes se dispersent, sauf les 10 000 mercenaires grecs qui traversent l’Empire pendant sept mois et rejoignent les cités helléniques de la mer Noire. L’héroïque retraite des Dix-Mille a un grand retentissement : elle démythifie la puissance achéménide et fait passer un souffle d’espoir dans le monde grec. Sparte, qui a conquis l’hégémonie en Grèce, se pose en libératrice des Hellènes de l’Asie Mineure et attaque le roi, avec qui elle n’a plus à se gêner (400), mais son armée doit rentrer en Europe, où les dariques ont suscité une coalition grecque (394). Bientôt Artaxerxès II impose sa paix (386) : il conserve l’Asie Mineure et Chypre ; les autres cités helléniques seront indépendantes, sous le contrôle de Sparte. Artaxerxès II tente alors de reprendre les provinces perdues. Chypre, dominée par le roitelet Evagoras de Salamine qui est en dissidence depuis 390, capitulera en 379. Mais contre l’Égypte, soulevée depuis 405, Artaxerxès II rencontrera une suite d’échecs (385-383, 373) qui provoqueront le soulèvement général des satrapes de l’Asie Mineure (367). Seule la désunion de ses adversaires évitera le pire à la monarchie. Artaxerxès III (358-338), souverain impitoyable, sauve l’Empire et l’emporte sur les satrapes révoltés et l’Égypte (346-343). Inquiet des progrès de Philippe II de Macédoine, qui vise à dominer le monde grec, Artaxerxès III soutient les adversaires du Macédonien et intervient pour sauver Périnthe assiégée par Philippe II (340).

Mais il périt empoisonné par l’eunuque Bagoas, qui se débarrasse de la même façon de son successeur Oarsès (338-336) et succombe finalement sur les ordres de Darios III (336-330), qu’il avait choisi pour roi et qu’il avait ensuite tenté d’empoisonner. Entre-temps, Philippe II avait achevé de soumettre les Grecs (338) et son armée avait commencé la conquête de l’Asie Mineure ; mais il est assassiné en juillet 336. Son héritier, Alexandre, organise une grande expédition, destinée, dit-il, à venger la destruction des temples grecs par Darios et Xerxès. Une armée perse est défaite au Granique (334), près des Détroits ; malgré la bravoure de sa noblesse, Darios III est battu en personne à Issos (333), en Cilicie, et à Gaugamèles (331), en Assyrie ; poursuivi à travers l’Iran, il est assassiné en Hyrcanie par l’un de ses satrapes (330).

Artaxerxès Ier (465-424)

Ce roi perse de la dynastie achéménide, qui n’a laissé que 35 lignes d’inscriptions — des protocoles calqués sur ceux de ses prédécesseurs —, est surtout connu grâce aux auteurs grecs : Thucydide, qui est presque son contemporain, Ctésias, qui a vécu à la cour de son fils, mais dont le récit est fait de ragots ineptes, et les compilateurs tardifs comme Diodore de Sicile et Plutarque.

Xerxès Ier, le père de ce souverain, avait trois fils : Darios, Hystaspe, satrape de Bactriane, et Artaxerxès (Artaxshaça en perse). Il est assassiné (465) par Artabane, commandant de sa garde, qui accuse Darios du crime et le fait exécuter sur l’ordre d’Artaxerxès, qu’il a poussé vers le trône ; puis Artabane tente d’assassiner le nouveau roi, qui le met lui-même à mort. Mais le pouvoir d’Artaxerxès Ier n’est assuré que lorsque celui-ci s’est débarrassé de son frère Hystaspe, qui s’est révolté contre lui. Mené par ses eunuques et ses femmes, ayant beaucoup de mal à maintenir ses satrapes dans l’obéissance, le successeur de Xerxès Ier se contente de poursuivre l’édification des palais de Persépolis et de Suse, et de se défendre contre les entreprises des Athéniens.

La crise dynastique qui suit la mort de Xerxès est exploitée par les Égyptiens, qui se révoltent (v. 463) à l’appel du Libyen Inarôs et de leur compatriote Amyrtée. Les Athéniens, qui s’apprêtaient à libérer les cités grecques de Chypre du joug perse, répondent à la demande de secours d’Inarôs (v. 459).