Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pérou (suite)

Les mines et l’industrie

La partie andine du sous-sol est riche en minerais divers, minerai de fer ou minerais non ferreux (zinc, cuivre, plomb). Ces ressources ont donné naissance à une industrie extractive due à des initiatives péruviennes ou à des firmes étrangères, telles les grandes entreprises nord-américaines qui ont cherché à s’approprier le minerai de fer pour leurs usines des États-Unis. Le sous-sol détient également des gisements de pétrole, surtout dans la partie septentrionale de la zone côtière. Ceux-ci furent d’abord exploités par une compagnie nord-américaine appartenant aux grands trusts pétroliers, mais, après une longue lutte, le gouvernement péruvien, en 1968, a nationalisé les gisements et les a fait exploiter par une compagnie nationale. Cependant, les richesses minières restent peu intégrées aux activités manufacturières du pays, que leur extraction soit assurée par des compagnies nationales ou par des compagnies étrangères. L’essentiel des minerais est exporté sous forme brute ou de concentrés pour les minerais de faible teneur comme le cuivre ou le zinc. Ainsi, cette matière première continue à alimenter une économie d’exportation de produits de base, dépendant des prix mondiaux fixés par les grandes puissances industrielles.

Les capacités de consommation du marché national et la protection des barrières douanières ont permis cependant l’implantation d’un certain nombre d’entreprises, qui produisent maintenant l’essentiel des biens courants nécessaires au pays. Les domaines traditionnels du textile et du cuir sont l’affaire d’entreprises à capitaux locaux, tandis que les industries dynamiques, mécaniques et chimiques, comme l’automobile et les produits pharmaceutiques, sont dominées par le capital étranger.

Le Pérou s’est efforcé, depuis quelques années, d’organiser un début d’intégration entre ses industries manufacturières et les richesses de base, par l’installation d’une aciérie à Chimbote ; celle-ci utilise une petite partie du minerai de fer extrait du sous-sol national et du charbon provenant des Andes péruviennes. Elle produit maintenant quelques centaines de milliers de tonnes d’acier, destiné au marché national ; sa situation à Chimbote résulte de la présence sur place d’énergie électrique produite par un grand barrage. Cette localisation constitue une exception ; l’essentiel de l’industrie péruvienne se trouve à Lima et aux alentours, sur la route qui relie la capitale au port de Callao.


L’organisation régionale

Comme de nombreux pays d’Amérique latine, le Pérou se caractérise par la domination de la capitale sur l’ensemble de la vie économique et sociale du pays. L’essentiel des décisions se prennent à Lima*, où se concentrent l’ensemble des sièges sociaux, de l’appareil bancaire et du tertiaire supérieur du pays. De ce fait, cette ville groupe plus de la moitié de la capacité de production industrielle. Par suite de cette influence de la capitale, le centre du Pérou, à proximité de la grande ville, dispose de possibilités de développement qu’accroissent encore les facilités de communication, grâce aux voies ferrées qui relient les bassins et plateaux des Andes à Lima et à Callao et aux routes qui entraînent jusqu’aux abords de l’Amazonie un certain niveau d’équipement et une mise en valeur un peu plus intensive de l’espace. En revanche, le Nord et le Sud, plus coupés de cette influence directe de Lima, subissent davantage son rôle de drainage des richesses que sa fonction d’entraînement de l’économie. Le Nord s’organise essentiellement, dans la partie côtière, autour des oasis et des trois villes de Piura, Chiclayo et Trujillo. Dans cette zone, les services courants sont assurés par les trois cités, mais l’espace reste surtout consacré à des productions primaires destinées à l’exportation et commercialisées par un tertiaire localisé à Lima ; avant la réforme agraire, elles étaient même souvent réalisées dans des domaines dont les propriétaires résidaient dans la capitale. Dans cette partie septentrionale, la sierra reste à l’écart et abrite les formes les plus traditionnelles d’existence, avec des conditions de vie très misérables.

Au sud, la plaine côtière est dépourvue d’oasis. La mise en valeur moderne de la région s’organise autour d’Arequipa, ville étape entre la côte et les Andes ; une agriculture plus moderne se développe dans une série de bassins intermédiaires irrigués, tandis que l’intérieur du haut plateau est le lieu privilégié du tourisme, grâce à la présence de l’ancienne ville de Cuzco*, capitale d’empire à l’époque inca.

L’organisation régionale repose donc sur la plus ou moins grande proximité de la capitale, qui domine l’ensemble de l’espace, et le rôle des autres villes dans les parties périphériques. Cependant, le trait dominant de la division du territoire reste dû au milieu naturel, avec l’opposition entre la côte, la montagne et la forêt amazonienne de l’intérieur : les faiblesses et peut-être les espoirs du développement du Pérou résident dans les différences de mise en valeur de ces régions. L’initiative des dirigeants de Lima y a certes un rôle à jouer, mais dans une perspective où l’influence des milieux naturels et des conditions historiques de mise en valeur reste un facteur géographique prépondérant dans l’organisation spatiale.

M. R.

 E. Romero, Geografia económica del Perú (Lima, 1961 ; 5e éd., 1966). / P. Cunill, l’Amérique andine (P. U. F., coll. « Magellan », 1966). / O. Dollfus, le Pérou (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1972) ; Introduction géographique à l’étude du développement péruviens (Institut des hautes études de l’Amérique latine, 1968). / J. Piel, Capitalisme agraire au Pérou (Anthropos, 1975).


La littérature

➙ V. Hispano-américaines (littératures).


L’art

➙ V. Cuzco et Lima.


La musique

➙ V. Amérique latine.