Permeke (Constant) (suite)
Ce bel équilibre est relativement rompu entre 1926 et 1928, ce qui se traduit par l’adoption d’un parti plus décoratif et d’une palette plus sonore. L’installation à Jabbeke, en Flandre-Occidentale (1929), voit le début d’un cycle rustique succédant au cycle marin d’Ostende. Les marines sombres de la mer du Nord font place à des paysages aux couleurs claires. Dans les tableaux de figures, peinture et dessin se mêlent étroitement, trait ou frottis campant un personnage sur de vastes toiles (Maternité, 1929, musée d’Ostende). Le souvenir de Bruegel paraît explicite dans plusieurs paysages et dans de grands fusains (le Mendiant, 1931, Jabbeke, musée Permeke).
À partir de 1935-36, l’artiste s’intéresse à la sculpture, mais ses réussites dans cette technique sont moins décisives, quelques torses féminins exceptés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il va se consacrer surtout au nu dessiné. Les paysages des dernières années renouvellent le sujet et évoquent une sorte d’abstraction naturaliste d’un coloris aux sonorités profondes. Peu de temps avant sa mort, Permeke fait un voyage en Bretagne (1951).
Son particularisme foncier autant que l’intelligence de ses assimilations font de Permeke une des grandes figures de la peinture figurative de l’entre-deux-guerres. Le musée Permeke à Jabbeke conserve d’excellents exemples des différentes phases de sa carrière.
M.-A. S.
P. Haesaerts, Laethem-Saint-Martin, village élu de l’art flamand (Arcade, Bruxelles, 1964). / R. Avermaete, Permeke (Arcade, Bruxelles, 1970).