Argentine (suite)
xixe siècle
On continue à pratiquer une architecture « spontanée » qui fait penser à celle de l’Andalousie. Vers la moitié du siècle, des maçons européens (surtout des Italiens) arrivent en masse. Sur les données anciennes, ils n’ont aucun mal à greffer quelques éléments empruntés au répertoire néo-classique. Plus tard, à la fin du siècle, les descendants enrichis des colonisateurs ou des immigrants entreprennent l’indispensable « voyage en Europe ». Ils rentrent avec des plans pour construire les maisons et avec un mobilier venant surtout de Paris, considéré comme le centre du bon ton.
Depuis le début du xixe s., une poignée de peintres européens, plus ou moins aventuriers, ont travaillé en Amérique du Sud, nous laissant une image frappante des paysages et des mœurs. Il y avait des Anglais, comme Emery Essex Vidal (1791-1861), des Allemands, comme Johann M. Rugendas (1802-1858), mais surtout des Français, tels Raymond Monvoisin (1790-1870), Adolphe d’Hastrel (1805-1875) et Jean Léon Pallière (1823-1887).
Les premiers peintres argentins notables furent Carlos Morel (1813-1894), un portraitiste, et Prilidiano Pueyrredón (1823-1870), connu par ses vues de la Pampa. À partir du dernier tiers du siècle, des artistes argentins vont se rendre en Europe — notamment à Paris et en Italie — pour se perfectionner. Citons Eduardo Sívori (1847-1917), Lucio Correa Morales (1852-1923), Martín Malharro (1865-1911), Ernesto De la Cárcova (1867-1927). En général, ils reflètent soit un impressionnisme à la française, soit un réalisme italien assez plat.
xxe siècle
Les principales œuvres d’architecture « officielle » datent du début du siècle, tels, à Buenos Aires, le palais du Congrès et le théâtre Colon, dessinés par l’Italien Victor Meano (1866-1927). Vers 1920-1930 se place une tentative pour faire revivre un style « colonial » archaïsant. Les « modernes » triomphèrent, mais, pour des raisons surtout économiques, l’Argentine n’est jamais arrivée à constituer une véritable école d’architecture contemporaine.
Le grand peintre argentin moderne est Emilio Pettoruti (1892-1971) ; il participa au futurisme en Italie, puis, rentré dans son pays en 1924, y influa sur tout le mouvement moderne ; il s’installa à Paris en 1953. Il faut également citer Eugenio Daneri (1881), qui a peint Buenos Aires, et Miguel Victorica (1884-1955), sorte de fauve tempéré. Des peintres qui étudièrent surtout en Europe, Aquiles Badi (né en 1894), Hector Basaldúa (1894), Lino E. Spilimbergo (1896-1964), Horacio Butler (1897), Raúl Soldi (1905), Antonio Berni (1905), font la liaison avec les jeunes générations, liées aux diverses avant-gardes internationales.
En sculpture, l’Argentine a eu deux artistes de tempérament traditionnel : Rogelio Yrurtia (1879-1950) et Antonio Sibellino (1891-1960). Dans les années 1930-1950, deux sculpteurs formés dans l’atelier de Bourdelle, Pablo Curatella Manes (1891-1962) et Sesostris Vitullo (1899-1953), vécurent à Paris, comme après eux Alicia Penalba (née en 1918) et Julio Le Parc (1928 ; membre du Groupe* de recherche d’art visuel).
D. B.
➙ Amérique précolombienne / Buenos Aires.
J. L. Pagano, El Arte de los Argentinos (Buenos Aires, 1939 ; 3 vol.). / A. Merlino, Diccionario de artistas plásticos de la Argentina (xviiie, xixe et xxe s.) [Buenos Aires, 1954]. / M. J. Buschiazzo, Historia del arte hispano-americano (Barcelone, 1956). / C. Iturburu, La Pintura argentina del siglo Veinte (Buenos Aires, 1958).