Stratos

Ancienne ville de Grèce (Acarnanie), non loin du cap Leucate (cap Doukato).

Histoire et archéologie

Le site de Stratos fut habité dès la plus haute antiquité – on y a découvert des vestiges préhelléniques – mais, semble-t-il, n'acquit une certaine importance qu'au ve siècle avant J.-C., lorsque les remparts furent construits. Pendant la guerre du Péloponnèse, en 429, la ville fut assiégée en vain par le Spartiate Cnémos, l'allié d'Ambracie. En 426, Eurylochos passa sous ses murs sans oser l'attaquer. Le roi de Sparte Agésilas, en 391 avant J.-C., fit plusieurs tentatives qui se soldèrent par autant d'échecs.

L'Acarnanie bénéficia d'une certaine prospérité lorsque les Macédoniens se furent assuré la suprématie en Grèce, après la bataille de Chéronée (338 avant J.-C.). Stratos était déjà, selon Diodore, la ville la mieux fortifiée et la plus grande. Le Macédonien Cassandre y regroupa les populations de plusieurs bourgades acarnaniennes, en 314 avant J.-C., afin de créer des difficultés à la Ligue Étolienne qu'il prenait ainsi à revers. En 263, l'Acarnanie fut partagée entre les Étoliens, qui reçurent Stratos, et le roi des Molosses. Plus tard les Romains de Popilius protégèrent Stratos contre les entreprises du fils de Philippe V de Macédoine. Pillée en 57-56 avant J.-C. par des bandes de Dolopes, la ville perdit toute importance.

Le site a été exploré par l'École française.

Le temple de Zeus, le monument le mieux connu de cette cité, occupait, au sommet d'une colline, une terrasse maintenue par des murs de soutènement, à l'ouest de la ville. Fait assez curieux, il était placé sur le tracé de l'enceinte. L'inscription du iie siècle avant J.-C., qui permit d'identifier le temple, concernait un acte d'affranchissement d'esclaves sous forme de consécration à une divinité.

Le temple se composait d'un prodromos, d'un sécos et d'un opisthodome in antis à deux colonnes, tout comme le pronaos. Le sécos était peut-être partiellement hypèthre, ce qui pourrait s'expliquer, dans un sanctuaire consacré à Zeus, dieu de l'orage et de la pluie, comme une intention délibérée de laisser le lieu saint à ciel ouvert. Ce temple dorique, périptère (six colonnes de façade et onze sur les côtés), comportait une colonnade intérieure (dans le sécos), d'ordre ionique, dont on a retrouvé quelques éléments. Il s'étendait sur 18,32 m et 34,12 m, mesures prises à l'euthyntéria ; il était donc plus grand que le temple d'Aphaia à Égine et le pseudo Théséion d'Athènes.

Un peu à l'est du temple on a retrouvé deux petites bases et, un peu plus à l'est, les fondations d'une construction qui devait être l'autel. Encore plus à l'est de l'autel présumé, un mur semble appartenir à un édifice (trésor ou habitation de prêtres) très ruiné.