Livadiá ou Lévadhia
anciennement Lébadée
Ville de Grèce, chef-lieu du nome de Béotie, à environ 45 km à l'est de Delphes.
- Population : 18 437 hab.
Industrie textile. Ruines d'une forteresse franque. Pont d'époque ottomane.
Histoire
La ville antique, l'ancienne Lébadée, s'étendait sur la rive droite de l'Hercyna, gorge comprise entre le mont Laphystion à l'Est et le mont Haghios Ilias (402 m) à l'Ouest, que couronne une forteresse médiévale. L'acropole primitive (la Mideia homérique, d'après Pausanias) a été localisée sur une butte isolée (aujourd'hui appelée Tripolithari, « la Pierre trouée »), à quelques kilomètres au nord de la ville moderne.
Pendant toute la période classique, Livadia fut une bourgade sans importance politique. Sa notoriété et sa prospérité reposaient sur la gorge infernale de l'Hercyna, qui était comme un Styx béotien, et sur l'oracle de Trophônios (« le Nourricier »), divinité infernale assimilée à Zeus. Cet oracle, déjà célèbre au vie siècle avant J.-C. - on rapporte que Crésus, le riche roi de Lydie, et le général perse Mardonios, firent appel à lui - attirait des foules considérables de pèlerins. Au temps de Pausanias, qui consulta l'oracle et se fit le témoin de ses rites, Lébadée était devenue la ville la plus florissante de la Béotie.
Après plusieurs jours passés dans le sanctuaire du Bon Génie et de la Bonne Fortune à se nourrir des chairs des animaux offerts en sacrifice, le pèlerin buvait l'eau du Léthé, pour oublier le passé, et de la source Mnémosyne (ou source de Mémoire, aujourd'hui appelée Krya, « Froide »), pour se rappeler ce qu'il allait voir et entendre. Puis, pendant la nuit, après avoir été oint d'huile, il était conduit sur la montagne (aujourd'hui mont Haghios Ilias), vers l'orifice de l'antre mantique, creusé dans le roc. On y descendait par une échelle.
Au fond de ce boyau s'ouvrait un trou de la largeur d'un corps humain. Le consultant devait s'allonger, un gâteau de miel dans chacune de ses mains, et introduire ses jambes dans cette anfractuosité ; il se laissait ensuite glisser dans l'antre sacré, ou adyton, où se produisait la révélation. Il était ensuite remonté, les pieds en avant, tout étourdi. Les prêtres l'asseyaient alors sur un siège, dit de Mnémosyné, où il se remettait de cette expérience, et l'interrogeaient sur ses impressions qu'ils interprètaient après en avoir consigné le récit sur une tablette. L'épreuve était souvent si traumatisante que de nombreux pèlerins ressortaient des entrailles de la terre en état de choc, si bien que, pour décrire un mélancolique, on disait « Il a consulté l'oracle de Trophônios ».
Au Moyen Âge l'importance de Livadia grandit encore, grâce à sa situation stratégique au carrefour des défilés du Parnasse et de la grande route du Nord. Au xiiie siècle, elle passa entre les mains des ducs d'Athènes, puis, en 1311, au pouvoir des Catalans qui y construisirent un château fort, qui fut enlevé d'assaut par les Navarrais en 1380. Prise en 1460 par les Turcs, elle souffrit beaucoup pendant la guerre de l'Indépendance.