plongeon

Cat
Cat

Gros oiseaux de la taille d'une oie se nourrissant essentiellement de poissons, les plongeons existaient déjà sur Terre il y a 30 millions d'années sous une forme proche des espèces contemporaines. Ce sont, après les manchots de l'hémisphère austral auxquels ils sont apparentés, les oiseaux, les mieux adaptés à la nage et à la vie sous l'eau.

Introduction

Les plongeons comptent parmi les espèces d'oiseaux les plus primitives, qui se sont très tôt différenciées, et un oiseau de l'oligocène (30 millions d'années) avait déjà leurs caractéristiques spécifiques.

Au xixe siècle, on classait ces oiseaux plongeurs dans l'ordre des pygopodes, à côté des podicipédidés (grèbes) et des alcidés (pingouins, macareux, guillemots, alques). Il faudra attendre le début du xxe siècle pour que leurs spécificités anatomiques et la manière dont ils se déplacent sous l'eau incitent les taxinomistes à créer pour eux un genre particulier, celui des gaviidés. Ces différences de morphologie portent en particulier sur la longueur de l'aile et sur les pattes (palmées chez les plongeons et lobées chez les grèbes).

En 1972, les Américains Sibley et Ahlquist confirment, à l'aide d'analyses par électrophorèse, que les différentes espèces de plongeons ont toutes un ancêtre commun apparenté aux pingouins et aux albatros, alors que les grèbes sont issus d'une souche différente.

Par l'étude des fossiles, le paléornithologue américain Cracraft en arrive, en 1982, à la conclusion que les oiseaux des genres Hesperornis et Baptornis sont respectivement les ancêtres des plongeons et des grèbes, les uns et les autres étant des sortes de gros canards plongeurs du crétacé. Un fossile du genre Colymboides remontant à l'éocène, il y a une cinquantaine de millions d'années, pourrait constituer le lien entre les plongeons et les grèbes.

La famille des plongeons regroupe aujourd'hui cinq espèces nichant toutes dans les zones humides de l'hémisphère nord essentiellement.

La vie des plongeons

Plutôt voler que marcher

Assez curieusement pour des oiseaux, les plongeons préfèrent nager que voler, réservant ce mode de déplacement surtout lors des « migrations » entre les étendues d'eau douce des régions arctiques, où ils nidifient en été, et les régions plus méridionales, où ils hivernent. L'essentiel de ces longs trajets a lieu en mer, où les plongeons peuvent à tout moment se poser pour reprendre des forces, même lorsque la houle est forte. Après une longue course sur l'eau pendant parfois plus d'une centaine de mètres, les plongeons décollent en un vol puissant aux battements d'ailes rapides, qui leur permet d'atteindre une bonne vitesse (60 km/h en moyenne pour le plongeon catmarin, par exemple). Ils se déplacent souvent au ras de l'eau, rarement à plus d'une dizaine de mètres de la surface et, lorsque la mer est démontée, il arrive qu'ils disparaissent pendant quelques secondes dans les vagues.

Mais les plongeons ne volent qu'en cas d'absolue nécessité, choisissant plutôt de plonger que de s'envoler pour échapper à un prédateur. Toutefois, en période de nidification, le plongeon catmarin, qui fréquente les plus petits étangs moins riches en poissons, n'hésite pas à effectuer de nombreux va-et-vient jusqu'aux zones d'alimentation, parfois distantes de plusieurs kilomètres, pour nourrir sa progéniture.

Solitaires six mois par an

Pendant l'hivernage, les plongeons vivent en mer ou sur quelques grands lacs qui ne gèlent pas l'hiver, là où ils peuvent trouver leur nourriture. Ils rejoignent ces zones par couples ou par petits groupes de moins de dix individus puis se répartissent le long des côtes et sur une étroite bande de quelques kilomètres, au large. Durant cette période de l'année, les plongeons ont des mœurs très solitaires. Sans territoire, ils se déplacent beaucoup jusqu'en avril, remontant alors vers les sites de nidification.

Peu nombreux même en été

De mai jusqu'à août, ces oiseaux arctiques deviennent sociables. Vivant en couples au milieu d'étendues d'eau douce, ils sont exclusifs et défendent leur zone de nidification, ne tolérant aucun autre congénère sur leur territoire. Les températures souvent basses dans les régions arctiques et la difficulté de trouver leur subsistance dans ces zones rudes expliquent sans doute cette exclusivité et la faible densité des populations de plongeons quelle que soit leur espèce. Cette densité est en moyenne de 50 à 200 ha par couple, mais de nombreuses études de spécialistes ont permis de mettre en évidence de larges différences.

Ainsi, les ornithologues Bergmann, Derksen, Petersen, Roth et Eldridge ont-ils observé que, en Alaska, le territoire nécessaire par couple est de 146 ha pour le plongeon catmarin (contre 124 ha aux îles Shetland), de 42 ha pour le plongeon arctique et de 2 000 ha pour le rarissime plongeon à bec blanc.

Des journées entières à pêcher des poissons

En dehors de la période d'incubation des œufs, les plongeons répugnent à quitter l'élément liquide. Ils vivent en permanence sur et sous l'eau et pêchent tant que la luminosité est suffisante pour leur permettre de repérer les poissons.

Les plongeons sont capables de rester plus de deux minutes sous l'eau et d'atteindre des profondeurs dépassant une dizaine de mètres. On a même enregistré des records de 5 minutes par un plongeon arctique et de 60 m par un plongeon imbrin. Mais la durée moyenne des plongées avoisine la minute. Celles-ci se succèdent parfois à une cadence rapide, ce qui amène l'oiseau à passer, sur des périodes relativement longues (près d'une heure), plus de temps sous l'eau qu'en surface.

L'adaptation du plongeon à la vie aquatique est remarquable : grâce à son corps fuselé comme une torpille et qui offre ainsi un minimum de résistance, il se déplace à grande vitesse (de 2,5 à 5 m/s) et peut parcourir parfois de 400 à 600 m en une seule plongée.

De telles performances nécessitent un plumage en parfait état, qui soit hydrodynamique et imperméable au froid et à l'eau. D'où l'importance du temps que les plongeons consacrent à leur toilette entre deux plongées. Le lissage et l'huilage des plumes, avec leur bec, les obligent souvent à prendre des positions surprenantes qu'ils peuvent maintenir pendant plusieurs minutes. C'est ainsi qu'un plongeon peut nager sur le dos, tout en lissant les plumes de son ventre !

Presque exclusivement piscivores, les plongeons peuvent toutefois ingurgiter de faibles quantités de crustacés, de mollusques, de grenouilles et d'insectes aquatiques, principalement en période de reproduction. Pour capturer leurs proies, les plongeons les repèrent sous l'eau à vue, les poursuivent et les attrapent avec leur bec, qui constitue un véritable harpon, ou les saisissent entre leurs mandibules. Il est fréquent de voir les oiseaux nager à la surface avec la tête immergée, cherchant ainsi à repérer leurs proies avant de plonger pour les capturer.

En plongée

En plongée



Lorsqu'il plonge, l'oiseau allonge son corps au maximum pour offrir le moins de résistance possible à l'eau. Puis il redresse peu à peu le cou pour pouvoir le détendre brusquement au moment de la capture. Seules ses pattes lui servent à la fois de propulseur et de gouvernail. L'oiseau déplie ses palmures pour donner un coup de « rame » ou changer de direction et les referme aussitôt après, afin de ne pas freiner sa progression.

Des poissons différents à chaque saison

Les plongeons peuvent attraper des poissons atteignant jusqu'à une trentaine de centimètres et pesant près de 2 kg. Mais, en moyenne, ils choisissent plutôt des proies d'une dizaine de centimètres et d'une cinquantaine de grammes. En période de reproduction, sur les plans d'eau douce, ils se nourrissent de truites, de gardons, de perches, de carpes, de saumons, mais consomment aussi un grand nombre d'autres espèces. En période hivernale, lorsqu'ils fréquentent les côtes marines, les plongeons choisissent leurs proies, marquant une nette préférence pour les morues, les harengs, les sprats ou les gobies.

Les plongeons imbrins et les plongeons à bec blanc pêchent toujours individuellement, mais les plongeons arctiques se retrouvent souvent à plusieurs, de bonne heure le matin, pour pêcher ensemble. Les oiseaux avancent sur une même ligne et plongent tous ensemble, capturant plus facilement les poissons qui fuient devant eux lorsque ceux-ci, acculés, arrivent à proximité des berges.

Une fidélité absolue

Les plongeons arrivent sur les sites de reproduction entre le début de mai et la mi-juin, lorsque le dégel est déjà bien avancé. Strictement monogames, ils reviennent chaque fois avec le même partenaire que l'année précédente. Mais, si celui-ci vient à disparaître, un autre le remplacera en quelques jours. Sur le vaste territoire qu'occupe chaque paire, un couple d'une autre espèce peut s'établir. C'est ainsi qu'il n'est pas rare de rencontrer des couples de plongeons catmarins et de plongeons arctiques nichant sur le même lac. Mais aucun congénère isolé n'est toléré : allant à la rencontre de l'intrus, le plongeon le chasse rapidement, à coups de bec si nécessaire.

Dès leur retour, mâle et femelle réaffirment les liens qui les unissent en se livrant à des parades nuptiales complexes et très ritualisées, accompagnées de cris d'une puissance et d'une sonorité étonnantes, émis sur une gamme de fréquence étendue. Le catmarin, par exemple, adopte cinq types de postures successives. Les plus spectaculaires sont des « courses », au cours desquelles les deux oiseaux, côte à côte, cou, tête et bec dressés vers le ciel, courent littéralement sur l'eau sur plusieurs dizaines de mètres.

Après l'accouplement, qui a lieu sur la terre ferme, les deux partenaires regagnent l'eau rapidement pour se toiletter.

Pour échapper aux prédateurs terrestres, comme le renard, les plongeons nidifient sur des îlots inaccessibles à pied sec. Des études ont montré que le succès de la reproduction était nettement dépendant de la distance séparant les îlots du rivage. De même, les plongeons évitent d'édifier leur nid à proximité d'une lisière boisée, car ils choisissent des lieux où la vue est dégagée, afin de pouvoir fuir rapidement à l'approche d'un prédateur.

Le nid, presque toujours implanté au même endroit d'une année sur l'autre, est constitué des végétaux aquatiques que le mâle et la femelle apportent afin de construire une sorte de coupe d'un diamètre de 27 cm et d'une profondeur de 4 à 5,5 cm. Le nid doit être bâti soit directement sur la terre ferme, soit sur une plateforme émergeant au-dessus d'un haut-fond et sur laquelle l'oiseau accumule des végétaux. Beaucoup plus long à édifier, ce nid offre toutefois une sécurité accrue aux couvées.

La femelle pond normalement deux œufs (parfois un, très rarement trois) à deux jours d'intervalle. L'incubation commence dès la ponte du premier œuf et est assurée, à part égale, par les deux sexes. Elle dure de 25 à 30 jours. Les plongeons y accordent une très grande attention. En cas de destruction de la première ponte, les plongeons peuvent rarement en effectuer une seconde.

L'accouplement chez le plongeon arctique

L'accouplement chez le plongeon arctique



Après de longues parades, la femelle regagne le rivage en émettant de petits cris. Puis elle se couche à terre, tête et bec dirigés vers le sol dans une posture de sollicitation. Attiré par ses mimiques, le mâle s'approche et grimpe avec maladresse sur son dos. L'accouplement dure entre 10 et 20 secondes et peut se répéter six fois par jour depuis l'arrivée des oiseaux sur le site de reproduction jusqu'à la ponte du premier œuf.

Des jeunes sous haute surveillance

Après 25 à 30 jours d'incubation, le premier poussin sort de sa coquille. Le second le suivra de peu. Ils ne resteront sur le nid que deux à trois jours au maximum, pendant lesquels les parents viendront les nourrir avec de moins en moins d'intensité pour les inciter à les rejoindre dans l'eau. Au cours des cinq ou six premières semaines, l'un des parents restera auprès des poussins pour les défendre, pendant que l'autre partira à la recherche de nourriture.

Défendre ses petits

Cette attention particulière tout au long du premier mois de la vie du plongeon s'explique par l'extrême vulnérabilité des poussins à cet âge. Malgré la grande vigilance des plongeons envers leur progéniture, plus de 80 % de la mortalité juvénile intervient lors des cinq premiers jours qui suivent l'éclosion. Les causes en sont multiples : les autres oiseaux semblent les prédateurs les plus redoutables pour les poussins, qui représentent un mets de choix pour les goélands, les labbes, les corneilles et pour certaines espèces de rapaces tels la buse pattue ou le pygargue. La seule réponse du plongeon à l'attaque d'un prédateur aérien est de s'aplatir sur ses œufs ou ses poussins et de dresser le cou en pointant le bec vers l'agresseur pour le dissuader de s'approcher. Mais les voraces sont patients et le moindre moment d'inattention sera fatal. C'est pourquoi déranger un plongeon sur son nid fait courir de grands risques à sa couvée. De plus, lorsque l'absence d'îlot disponible contraint le plongeon à construire son nid sur la berge, ses petits sont à la merci du renard arctique. Même lorsqu'ils sont devenus assez grands pour nager, les poussins ne sont pas totalement sortis d'affaire, car ils peuvent être victimes de gros poissons tels les brochets.

Sur le dos ou sous l'aile

Sans que leurs parents le leur apprennent, car il s'agit là d'un comportement inné, les poussins sont capables, dès l'âge d'une quinzaine de jours, de plonger pour capturer de petits alevins. Avec, malgré tout, une efficacité très réduite. Pendant cette période, les jeunes sont très fréquemment transportés sur le dos des adultes, comme cela se pratique également chez les grèbes. Il n'est pas rare de voir les deux parents avec chacun un poussin sous son aile ! Cela permet aux oiseaux de se déplacer plus rapidement, mais aussi de réchauffer leurs poussins dont le plumage ne devient imperméable qu'au bout de quelques jours.

L'envol des jeunes

À partir de six à sept semaines, les parents commencent à quitter simultanément leur territoire, mais ils continuent à nourrir les jeunes jusqu'à leur envol, aux alentours de la onzième semaine. Dès ce moment, ceux-ci, encore immatures, deviennent indépendants. Toutefois, les parents peuvent dans certains cas continuer à les nourrir pendant près d'un mois encore. Quand arrive l'automne et qu'ils sont capables de s'envoler, les jeunes gagnent le rivage marin le plus proche, mais certains d'entre eux estivent très au sud de leur lieu de naissance. Comme les adultes en période hivernale, ils vivent isolés, erratiques ou parfois en petits groupes.

Pour tout savoir sur les plongeons

Plongeon catmarin ou à gorge rouge (Gavia stellata)

Le plongeon catmarin est le plus petit des plongeons. Comme chez les autres membres de la famille, toute son anatomie concourt à favoriser son déplacement sous l'eau. Son corps fusiforme a un profil hydrodynamique qui est encore renforcé par la compacité des plumes, particulièrement nette sur la tête et le cou. La tête pratiquement aussi large que le cou et le front très fuyant permettent à l'oiseau de plonger en offrant le minimum de résistance à l'eau. Même la mandibule inférieure du bec est biseautée vers le haut en forme de coque de hors-bord.

L'imperméabilité du plumage est assurée par la structure particulière des plumes. Sur la tête et le cou, le plumage a un aspect très dense, plus proche du pelage que du plumage. L'oiseau consacre de longs moments à sa toilette, car son mode de vie, totalement lié à l'eau et au vol, nécessite un plumage constamment impeccable.

Le nom donné au genre auquel appartient le catmarin ne pouvait être mieux choisi. Parmi tous les oiseaux de l'hémisphère Nord, les plongeons sont probablement ceux qui passent le plus de temps sous l'eau. Chaque plongée dépasse régulièrement les 30 secondes et atteint parfois la minute. Le record enregistré pour le catmarin est de 90 secondes. Les profondeurs moyennes sont de 10 mètres et peuvent atteindre les 30 mètres dans les cas extrêmes.

Le bec est parfaitement adapté à la capture des poissons, dont le plongeon catmarin se nourrit presque exclusivement. Véritable poignard, il permet à l'oiseau de saisir le poisson entre ses deux mandibules puissantes.

Sous l'eau, le plongeon catmarin possède une vue extrêmement précise, et il est capable de détecter une proie à plusieurs mètres, cette distance étant bien évidemment fonction de la limpidité des eaux.

Pour tenir longtemps en apnée, l'oiseau plongeur est doté d'une capacité respiratoire particulièrement importante, liée à la grande taille de ses poumons et à la composition très spécifique de son sang, qui lui permet de mieux fixer l'oxygène.

Malgré ce mode de vie lié à l'eau, le plongeon n'en est pas moins capable de parcourir de longues distances en vol. Le décollage est, certes, laborieux, en raison de la position de ses pattes et de son envergure comparée à la structure allongée de son corps. Mais ses ailes, relativement longues et effilées, lui permettent un vol puissant et direct, que des vents même violents n'empêchent pas, sa morphologie présentant les mêmes avantages de moindre résistance à l'air qu'à l'eau.

Rien dans le plumage n'indique une différenciation entre mâle et femelle. En revanche, le plumage nuptial, que les oiseaux arborent de mai à septembre, est très différent de celui qu'ils possèdent le reste de l'année. En automne et en hiver, le gris cendré de la tête, les stries noires et blanches de la nuque et du cou et la tache rouge de la gorge disparaissent. L'oiseau prend alors un plumage terne, nuancé de gris, seules les scapulaires (plumes situées sur le dos de l'oiseau) sont cernées d'un liseré blanc. C'est cet aspect « étoile » du dos qui a valu à l'oiseau son nom latin (stellata : de stella, étoile).

Une autre particularité du catmarin réside dans ses différents cris très sonores : sorte de croassement quand l'oiseau est menacé, long sifflement émis par les deux sexes pour indiquer leur occupation d'un territoire, caquètement d'oie quand ils le survolent.

          

PLONGEON CATMARIN

Nom(genre, espèce) :

Gavia stellata

Famille :

Gaviidés

Ordre :

Gaviiformes

Classe :

Oiseaux

Identification :

Taille d'une petite oie, tache rouge vif sur la gorge en période nuptiale

Taille :

De 53 à 69 cm (corps seul : de 32 à 43 cm) ; bec de 4,8 à environ 6 cm ; ailes de 26,5 à 31 cm pour le mâle et de 25,8 à 30,8 cm pour la femelle

Poids :

Mâle : de 1,5 à 2,2 kg ; femelle : de 1,3 à 1,8 kg

Répartition :

Hémisphère Nord, au-delà du 60e parallèle

Habitat :

Lacs de toundra en été, eaux côtières et grands lacs en hiver

Régime alimentaire :

Piscivore

Structure sociale :

Monogame, territorial et solitaire pendant la période de reproduction

Maturité sexuelle :

À l'âge de 3 ans

Saison de reproduction :

De mai à juillet

Durée d'incubation :

De 25 à 26 jours

Nombre de jeunes par couvée :

2 (exceptionnellement 1 ou 3)

Poids à l'éclosion :

Environ 65 g

Longévité :

Une dizaine d'années en moyenne (record : 23 ans)

Effectifs :

490 000-1 500 000 (estimations 2002)

Statut, protection :

Protégé (annexe II de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage [C.M.S.] pour les populations du Paléarctique occidental), non menacé de façon générale mais peut l'être ponctuellement par la perturbation et la pollution des zones humides ainsi que par les marées noires et les filets de pêche. L'espèce est également sensible à la grippe aviaire

 

Signes particuliers

Tête et cou

La tête est oblongue afin d'assurer à l'oiseau la meilleure pénétration possible dans l'eau lors de ses plongées. Les plumes y sont très denses et compactes. L'œil, relativement gros, est rouge vif en période de reproduction, mais rouge lie-de-vin en hiver. Il permet au plongeon une excellente vision subaquatique pourvu que la turbidité des eaux ne soit pas excessive. En plumage nuptial, le cou du catmarin est orné d'une grande tache rouge sombre, que les deux partenaires du couple arborent ostensiblement lors de la parade. D'où son nom anglais de plongeon à gorge rouge.

Bec

Grâce à la longueur et à la forme de son bec profilé, le plongeon saisit ses proies avec peu de risques de les laisser s'échapper. Le gonys (partie inférieure du bec) est biseauté vers le haut à son extrémité, ce qui, de loin, donne l'impression que le bec est incurvé vers le haut. Les narines, de forme ovale et très allongées (la moitié de la longueur du bec), sont situées à la base du culmen (partie supérieure du bec). Le catmarin possède le bec le moins fort des quatre espèces de plongeons, ce qui ne lui permet de capturer que des proies petites (rarement supérieures à 25 cm et d'une dizaine de centimètres en moyenne).

Corps

Les os des plongeons sont pleins, à la différence de la plupart des oiseaux, qui possèdent des os creux et remplis d'air. Leur densité est voisine de celle de l'eau, ce qui leur permet de s'y enfoncer facilement lors des plongées en expulsant l'air emmagasiné dans leur corps et sous leurs plumes. Leur sang facilite la fixation de l'oxygène et des plongées de longue durée.

Plumage

Les barbes et les barbules implantées sur le rachis sont nombreuses et très courtes, ce qui donne au plumage, principalement sur la tête et le cou, un aspect très dense, plus proche du pelage que du plumage.

Pattes

Pour se déplacer sous l'eau, le plongeon catmarin se propulse uniquement à l'aide de ses pattes. Situées à l'extrémité du corps, elles constituent un handicap important pour la marche et donnent au plongeon une démarche dégingandée sur la terre ferme. Mais elles deviennent de véritables rames sous l'eau. Les pattes sont courtes, avec un fémur très peu développé, ce qui donne l'impression, lorsque l'oiseau se déplace sur le sol, qu'il a les pieds presque collés au corps. Les trois doigts sont reliés par deux larges palmures qui, lorsqu'elles sont dépliées, peuvent permettre au plongeon d'atteindre des vitesses de 2 mètres par seconde sous l'eau.

Les autres plongeons

La famille des plongeons (gaviidés) comprend, outre le plongeon catmarin, quatre autres espèces qui sont extrêmement proches dans tous les aspects de leur biologie. Leur régime piscivore est favorisé par leurs exceptionnelles qualités de plongeurs. Toutes les espèces de plongeons se rencontrent dans les régions néarctiques et paléarctiques de l'hémisphère Nord, tant sur le continent américain que dans l'Ancien Monde, où elles cohabitent plus ou moins les unes avec les autres selon les endroits. Le plongeon du Pacifique a été considéré pendant longtemps comme une sous-espèce du plongeon arctique.

Bien que chaque espèce possède une préférence pour un biotope de reproduction particulier, toutes recherchent, pour édifier leur nid, un îlot isolé du rivage. Les parades nuptiales des différentes espèces comportent de nombreuses phases similaires. Une ponte de deux œufs est la règle pour tous les plongeons, les exceptions étant rarissimes. En hiver, chassées par le gel, toutes les espèces vont hiverner plus au sud, en mer ou sur de grands lacs.

Plongeon à bec blanc (Gavia adamsii)

Identification : c'est le plus grand des plongeons. De 69 à 91 cm de long ; de 1,20 à 1,40 m d'envergure. Son plumage est très proche en toute saison de celui du plongeon imbrin. Plumage nuptial : tête et cou vert bouteille, œil rouge, collier strié de noir et de blanc, dos marbré d'un damier noir et blanc. Plumage hivernal : calotte, nuque, cou et dos gris tacheté de blanc ; gorge, cou et ventre blanchâtres. Son bec, auquel il doit son nom, est long et fort, blanc ivoire, avec une mandibule inférieure fortement biseautée à son extrémité.

Habitat et répartition : c'est l'espèce qui habite les régions les plus nordiques. Très distants les uns des autres, les couples se reproduisent au-delà du 70e parallèle, en Nouvelle-Zemble, en Sibérie, dans l'Arctique canadien et en Alaska ; dans les grands lacs de toundra ou sur les rivières les plus larges.

Ce plongeon hiverne en mer, le long des côtes de Scandinavie, de l'Alaska et de la Colombie-Britannique, souvent loin du rivage. Les observations en eau douce sont exceptionnelles.

Alimentation : surtout des espèces de poissons d'une taille supérieure à 28 cm. En mer, églefins, morues, harengs et sprats ; en eau douce : truites, perches et gardons. Autres proies : mollusques, crustacés (crabes, crevettes), petites méduses, insectes aquatiques. Également de très petites quantités de végétaux (racines, graines, mousses et pousses de saule) et, exceptionnellement, de très jeunes poussins d'oiseaux.

Reproduction : taille moyenne du nid de 37 à 47 cm de diamètre et de 4 à 10 cm de haut ; œufs brun olive avec taches noires d'une taille moyenne de 90 × 58 mm et pesant environ 167 g ; incubation de 24 à 25 jours avec une prédominance de la femelle sur le nid. Une étude menée par Olson et Marshall au Minnesota (États-Unis), en 1952, indiquait que sur les 63 œufs pondus par 42 couples, 32 avaient été perdus, 27 avaient éclos et que seuls 21 jeunes étaient parvenus à l'envol.

Effectifs : estimés à 22 000-25 000 individus en 2002 ;  il  s'agit de la plus rare des 5 espèces de plongeons.

Statut : Espèce protégée sur toute son aire de répartition. Les latitudes nordiques qu'habite l'espèce la rendent peu vulnérable aux activités humaines. Toutefois, la pollution marine par les hydrocarbures est certainement une cause de mortalité non négligeable.

Plongeon imbrin (Gavia immer)

Identification : taille et plumage identiques à ceux du plongeon à bec blanc, mais bec plus court et plus sombre.

Habitat et répartition : reproduction dans toute l'Amérique du Nord au-delà du 40e parallèle, au Groenland, en Islande et à l'île aux Ours ; surtout sur des lacs d'une superficie moyenne de 20 hectares, situés dans la toundra ou au milieu de forêts de conifères.

Les densités constatées sont toujours faibles (un seul couple pour 196 ha a été recensé par le chercheur américain McIntyre dans le Minnesota, en 1975), mais, en moyenne, chaque couple a besoin d'un territoire d'une soixantaine d'hectares.

En hiver, l'espèce descend le long des côtes du Pacifique et de l'Atlantique et au sud jusqu'en Floride et en Espagne. Les oiseaux hivernant en eau douce sont très rares et sont dépendants des conditions météorologiques.

Comportements particuliers : le plongeon imbrin dispose d'une gamme de cris particulièrement large. L'un d'eux ressemble à s'y méprendre au hurlement du loup. Un autre se compose de trémolos sonores qui peuvent s'entendre à plusieurs kilomètres de distance.

Alimentation : semblable à celle du plongeon à bec blanc. La quantité de poissons consommée par un couple et ses deux poussins pendant les quinze semaines que dure la période de reproduction a été estimée à environ une tonne, soit une dizaine de kilos par jour.

Reproduction : mêmes caractéristiques que le plongeon à bec blanc.

Effectifs : estimés à 580 000 individus en 2002.

Statut : protégée, l'espèce fait l'objet de mesures de protection extrêmement actives en Amérique du Nord (création d'îlots artificiels sur les lacs et de refuges pour la faune sauvage).

Plongeon arctique (Gavia arctica)

Identification : long de 58 à 73 cm pour une envergure de 1,10 à 1,30 m. Plumage nuptial : tête et nuque grises, œil rouge, gorge noire à reflets verdâtres, damier noir et blanc sur les scapulaires. Plumage hivernal : calotte grise, nuque et dos bruns, gorge, cou et ventre blancs.

Deux sous-espèces : Gavia arctica arctica, qui niche notamment en Scandinavie (Finlande), et Gavia arctica viridigularis, qui vit en Europe et niche en Sibérie.  

Gavia arctica pacifica, qui niche en Alaska, au Canada et en Russie, et migre en bandes le long de la côte pacifique jusqu'en Chine, en Corée ou au Japon, est désormais considérée comme une espèce à part entière : le plongeon du Pacifique. Les différences morphologiques, peu importantes, reposent principalement sur la couleur des reflets de la gorge en plumage nuptial, qui sont violets chez cette espèce et verts chez l'espèce européenne.

Habitat et répartition : toundra boréale et taïga, et, moins fréquemment, toundra arctique non boisée, sur des lacs de taille assez grande (50 hectares en moyenne) et d'une profondeur moyenne d'une cinquantaine de centimètres. L'espèce hiverne le long des côtes et descend au sud jusqu'en Basse-Californie en Amérique du Nord et jusqu'en Grèce en Europe.

Comportements particuliers : strictement monogame, l'espèce se livre toutefois à un curieux comportement à l'époque de la parade nuptiale. Plusieurs individus se rassemblent sur un plan d'eau (jusqu'à une trentaine d'individus) et effectuent une « danse circulaire » (jusqu'à quatre révolutions) autour d'un point central imaginaire. Certains auteurs pensent qu'il s'agirait là d'un comportement de menace ritualisé.

Alimentation : en eau douce, surtout des perches, des truites, des gardons et des carpes. Autres proies : insectes aquatiques (coléoptères, hémiptères, trichoptères, libellules), mollusques et crustacés.

Reproduction : taille du nid de 20 à 25 cm de diamètre, 10 cm de haut et 17 cm au-dessus de l'eau ; œufs brun olive avec taches noires d'une taille moyenne de 84 × 52 mm et pesant environ 120 g ; incubation de 28 à 30 jours ; couvaison par les deux sexes, la femelle assurant l'essentiel.

Selon une étude menée par Lehtonen en Finlande de 1962 à 1968, sur 159 œufs pondus, 45 % ont éclos et 21 % de ces poussins sont parvenus à l'envol.

Effectifs : population globale estimée à 130 000-2 000 000 individus en 2002.

Statut : protégée, l'espèce ne semble pas menacée sur ses territoires de nidification, mais reste très vulnérable aux pollutions marines par les hydrocarbures. Au xixe siècle, des persécutions humaines ont fait grandement décroître les effectifs parmi les oiseaux nichant en Écosse et en Norvège.

Milieu naturel et écologie

Le domaine du plongeon catmarin  est l'Arctique, à des altitudes dépassant fréquemment 200 mètres (exceptionnellement jusqu'à 700 m). En été, l'espèce se rencontre dans les régions nordiques, de l'Écosse pour ses populations les plus méridionales jusqu'aux confins de l'Arctique pour les plus septentrionales. Elle habite le nord des États-Unis, le Canada, l'Alaska, Terre-Neuve, la Scandinavie, le Groenland, la Russie, et toutes les terres non recouvertes en permanence de glace au-delà du 80e parallèle. Mais plus on va vers le sud, plus les effectifs diminuent, les couples nicheurs les plus méridionaux se situant au nord-est de l'Irlande.

Quand vient l'automne, les plongeons catmarins descendent vers le sud et se répandent le long des côtes ou sur de grands lacs pour hiverner. Les départs commencent dès la fin août, lorsque les jeunes deviennent capables d'effectuer des vols de longue distance, et que les derniers catmarins adultes quittent les lieux de reproduction au moment du gel des eaux, généralement en octobre. Les migrations ont lieu de jour et de nuit, les oiseaux volant seuls ou par paires, rarement plus. Ceux qui nichent dans l'ouest paléarctique hivernent jusqu'en Méditerranée. Il n'est pas rare d'observer des catmarins au large de la Camargue, et ils sont parfois remarqués au sud de l'Espagne et même sur les côtes de l'Afrique du Nord. Toutefois, l'essentiel des effectifs se concentre le long des côtes scandinaves et dans la mer du Nord.

Pour les populations américaines, les oiseaux qui nichent en Amérique du Nord se rendent dans le golfe de Californie à l'ouest et au sud de la Floride à l'est. Tous fréquentent les ports, attirés par leurs bassins et leurs digues abrités des vents violents.

Le catmarin est l'espèce de plongeon la plus grégaire en hiver : des rassemblements atteignant la centaine d'individus et plus ne sont pas exceptionnels. Lorsque les conditions météorologiques se dégradent (froids intenses), elles peuvent engendrer des exodes massifs de plongeons vers le sud. En France, le cap Gris-Nez, au nord de Boulogne-sur-Mer, passage obligé pour les oiseaux hivernant en Manche et dans l'Atlantique, est parfois le témoin de tels déplacements. Certains jours, on peut voir, à faible distance du littoral, plusieurs centaines de plongeons qui se dirigent en volant vers le sud.

L'aire de nidification du plongeon arctique couvre toutes les régions situées entre 50° et 80° de latitude nord. Cette espèce peut effectuer des vols de plus de 3 000 km vers le sud pour aller passer l'hiver le long des côtes bretonnes ou sur les bords de la mer Noire.

Les habitats du plongeon catmarin

Pendant la période de reproduction, le plongeon catmarin fréquente une grande variété d'habitats allant de l'étang jusqu'au lac profond en passant par de petites îles dans les fjords.

Toutefois, son biotope d'élection est constitué de petits lacs de tourbières avec des îlots recouverts de linaigrettes (Eriophorum) et de laîches (Carex). Il évite la présence d'arbres à proximité et donc ne fréquente la taïga qu'en lisière de la toundra. Il peut, à l'occasion, nicher sur des îlots situés au milieu d'une rivière. La taille moyenne des lacs fréquentés par le catmarin est toujours faible : moins d'un demi-hectare.

Sa capacité à décoller relativement plus rapidement que ses cousins (les plongeons arctique et imbrin) lui permet ce choix qui présente néanmoins un inconvénient : la faible taille des plans d'eau ne peut assurer la nourriture des plongeons et de leur progéniture. Ils doivent donc effectuer des vols relativement longs et fréquents pour gagner les zones d'alimentation.

Peu de concurrence entre plongeons

Très spécialisé dans son comportement alimentaire, le plongeon catmarin ne possède pas de réels compétiteurs, hormis le plongeon arctique lorsqu'il arrive aux deux espèces de nicher à proximité, ce qui est rare, car ce dernier se rencontre généralement dans des lacs plus grands et plus profonds (de 3 hectares en moyenne) que ceux où évolue le catmarin. En hiver, lorsque différentes espèces de plongeons se retrouvent le long des mêmes côtes, la concurrence reste également très limitée, car chacune d'elles capture des espèces de poissons particulières d'une taille moyenne déterminée par sa propre capacité de plongée. Une étude menée par l'ornithologue Madsen, en 1957, sur un groupe mixte de plongeons fréquentant les mêmes lieux de pêche hivernaux a montré que la morue représentait près de 71 % des proies capturées par le catmarin alors que 90 % des proies du plongeon arctique étaient des épinoches. Il n'est cependant pas rare de voir ces différentes familles de plongeons pêcher par groupes durant l'hiver.

Les plongeons et l'homme

Victimes des marées noires

Farouches, les plongeons souffrent de la proximité de l'homme. Sensibles, ils craignent plus que d'autres la pollution des eaux. Mais les mesures de protection en faveur de l'oiseau plongeur se multiplient.

Dérangés par l'homme

Très farouches, les plongeons supportent difficilement l'intrusion de l'homme dans leurs territoires. L'exploitation des ressources pétrolières de l'Alaska, par exemple, a déjà entraîné la destruction de nombreuses zones favorables aux plongeons.

C'est toutefois sur les franges méridionales de leurs aires de répartition que les plongeons sont le plus menacés. Des études récentes menées aux États-Unis ont montré que l'usage de plus en plus fréquent des lacs à des fins récréatives provoquait une diminution rapide des effectifs de plongeons imbrins.

Si les plongeons sont actuellement protégés dans la quasi-totalité de leur aire de répartition et figurent à l'Annexe II de la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS), ils étaient autrefois chassés par les Esquimaux et les Indiens qui confectionnaient des vêtements avec leur peau. Dans certaines régions reculées, les plumes du cou et de la poitrine des oiseaux en plumage nuptial sont encore utilisées pour décorer objets et vêtements. Et la chair des plongeons reste un mets apprécié dans ces régions arctiques.

Il y a peu, les plongeons étaient encore victimes des pêcheurs, qui, en Écosse et en Norvège, par exemple, les considéraient comme des concurrents déloyaux et les détruisaient systématiquement. De nos jours, la pêche industrielle est à l'origine d'une mortalité non négligeable. Les oiseaux se prennent régulièrement dans les filets et s'y étranglent ou se noient.

Menacés par la pollution des eaux où ils vivent

La pollution des eaux, qu'elles soient douces ou marines, est certainement la cause la plus importante de la régression et de la mortalité des plongeons. Les facteurs sont multiples. Les pesticides agricoles et les pluies acides contribuent à l'eutrophication des lacs, et la disparition des poissons qui en découle empêche les oiseaux de s'alimenter. Les métaux lourds rejetés par certaines industries sont à l'origine de véritables hécatombes. Une catastrophe comme celle de Tchernobyl engendre des conséquences qui, même si elles sont difficiles à évaluer, ne sont certainement pas négligeables pour une espèce située à l'extrémité des chaînes alimentaires. Enfin, l'augmentation de la turbidité des eaux empêche les plongeons qui pêchent à vue de repérer les poissons. Particulièrement sensibles à la dégradation des conditions physiques des milieux qu'ils habitent, et se nourrissant uniquement de poissons vivants et sains, les plongeons sont d'excellents indicateurs de la qualité des biotopes.

Mais la principale cause de mortalité des plongeons, en dehors de la période de reproduction, reste la pollution par les hydrocarbures. Lorsqu'elles surviennent en hiver, les marées noires déciment des contingents entiers de plongeons, qui sont, avec les alcidés (pingouins, macareux, guillemots), les anatidés (eiders, macreuses, harles), les cormorans et les fous de Bassan, les plus touchés parmi les oiseaux. Les animaux concernés meurent de froid et de faim, car leur plumage, enduit de pétrole émulsionné, gras et lourd, devient perméable à l'eau, ce qui les empêche de plonger pour se nourrir. Et même si la souillure de leur plumage reste faible, les plongeons risquent encore de s'intoxiquer en cherchant à se nettoyer et en ingérant des gouttelettes de pétrole.

Une  protection réussie en Amérique

La diminution inquiétante des effectifs de plongeons imbrins en Amérique du Nord a conduit les organisations de protection de la nature et les pouvoirs publics à prendre des mesures extrêmement importantes pour sauvegarder l'espèce. C'est ainsi que l'installation de centaines de radeaux artificiels pour pallier le manque d'îlots naturels sur les lacs a multiplié les sites de reproduction potentiels. Conjuguées avec des mesures d'épuration des eaux et avec la création de réserves naturelles, ces actions ont permis un renforcement des populations de plongeons aux États-Unis. L'État du Minnesota, qui abrite la plus forte population d'imbrins de tous les États-Unis et qui en a fait son oiseau officiel dès les années 1960, est particulièrement attentif à la protection de cette espèce. À tel point qu'on voit se développer une véritable « gaviamania » : casquettes, tee-shirts, timbres, pins à l'effigie du Gavia immer qui figure aussi sur les dollars canadiens.