hérisson

Hérisson sauvage
Hérisson sauvage

Doté d'un système de défense imparable et de remarquables capacités d'adaptation, le hérisson a su traverser les âges avec une étonnante vitalité. Sa faculté de se transformer en pelote d'échardes le protège de beaucoup de dangers naturels, mais pas de la civilisation moderne et de ses automobiles.

Introduction

Le hérisson européen (Erinaceus europaeus) appartient à l'ordre des insectivores, comme les taupes et les musaraignes, et partage avec elles certaines caractéristiques anatomiques et génétiques. Tous les hérissons sont membres de la famille des érinacéidés (sous-famille des érinacéinés). Les ancêtres de cette famille seraient apparus il y a environ 60 millions d'années, à la fin du crétacé. Les érinacéidés sont présents en Eurasie depuis environ 45 millions d'années (éocène supérieur), et en Afrique depuis le début du miocène, il y a quelque 30 millions d'années. Les membres de cette famille se sont ensuite répandus en Amérique du Nord.

Les hérissons seraient apparus sous leur forme actuelle il y a 15 millions d'années environ, au cours du miocène, bien avant des mammifères plus impressionnants, comme le rhinocéros laineux, les tigres à dents de sabre ou les mammouths, à la plupart desquels ils ont survécu. Pendant les grandes périodes glaciaires, les hérissons ont migré, délaissant le nord des continents pour se réfugier plus au sud. Puis, avec le radoucissement, ils ont recolonisé les zones tempérées.

Comme la plupart des insectivores, considérés comme les plus primitifs de tous les mammifères, les hérissons actuels ont assez peu évolué par rapport à leurs ancêtres, dont ils ont conservé les piquants et la denture peu spécialisée. Leur évolution a été plutôt écologique, s'adaptant au milieu dans lequel ils vivaient. Les oreilles des hérissons du désert, par exemple, se sont allongées pour servir d'organes de thermorégulation. Les hérissons européens, quant à eux, ont acquis la faculté d'hiberner pour survivre aux hivers des zones tempérées froides. Leur capacité à se mettre en boule leur permet d'échapper à de nombreux prédateurs.

Aujourd'hui, les hérissons européens, qui peuplent largement le « Vieux Continent », sont souvent sacrifiés par bêtise ou par inattention. Ils ont plus à craindre des hommes et de leurs automobiles que de prédateurs naturels, qui se méfient de leur armure de piquants.

La vie du hérisson

Un mangeur d'insectes gourmand

Présent dans de nombreux jardins et dans les haies bordant les champs cultivés, le hérisson est pourtant un petit animal difficile à surprendre. Car ce n'est qu'à la tombée du jour qu'il se hasarde à sortir de son abri de feuilles pour partir à la recherche de nourriture.

Lentement, sans cesser de renifler l'air ambiant, il se déplace en fouillant dans les feuilles mortes, les mottes de terre et les touffes d'herbe avec son museau pointu.

Prospectant de préférence les zones légèrement humides qu'il choisit comme territoires de chasse, il détecte ses proie grâce à son ouïe et à son odorat, attendant patiemment qu'un lombric (ver de terre) émerge de son terrier ou qu'un scarabée imprudent passe à proximité de son museau. Pour les avaler, les techniques sont variées : le lombric sera  découpé en tronçons d'une dizaine de millimètres, alors que le scarabée et les  autres coléoptères seront croqués.

Le menu du hérisson comporte une grande variété d'invertébrés terrestres : chenilles, lombrics, coléoptères, larves d'insectes divers, mille-pattes, perce-oreilles et même araignées. Le repas peut être complété par des œufs ou de jeunes oisillons, des crapauds ou grenouilles, des petits mammifères comme les souris. Le hérisson, de toute façon, ne se fatigue pas à courir après ses victimes, il se contente de celles qui passent à sa portée ! C'est un opportuniste. Il peut même manger des cadavres de rongeurs ou de serpents et fréquenter les décharges publiques à la recherche de restes de poissons, dont il est friand. Doté d'un appétit féroce, il peut ingérer plus de 80 coléoptères ou vers de terre en quelques heures ! Quand le choix est permis, il délaisse les scarabées, durs à croquer, pour des chenilles ou lombrics et ne s'attaque qu'aux petits mollusques, dont il ne fait qu'une bouchée.

S'il vit dans un champ, le hérisson peut manger beaucoup plus de vers de terre (jusqu'à 80 %) que s'il chasse dans un sous-bois, où les coléoptères sont plus nombreux. Lorsque la nourriture est abondante, il peut en avaler près de 70 g par nuit. 50 g lui suffiraient amplement, mais il prévoit et se constitue des réserves : ce supplément transformé en graisse lui fournira les calories indispensables à sa survie pendant son long sommeil hivernal.

Une saison des amours qui dure cinq mois

Le hérisson est un animal solitaire qui supporte mal la présence de ses congénères. Son animosité envers eux est plus une manifestation de son caractère individualiste qu'une défense de son territoire, qui peut d'ailleurs chevaucher celui de son voisin immédiat. Chaque nuit, sur les 50 hectares qu'il occupe (la femelle se cantonne sur un territoire de 10 ha), le hérisson parcourt de 500 m à 3 km, d'une démarche nonchalante qu'il interrompt fréquemment pour renifler, museau pointé vers le ciel. La chasse n'occupe que 21 % de son temps ; 75 % est consacré au repos.

Le peu qui reste est affecté aux explorations et aux rares contacts sociaux entre mâles et femelles pendant la période de reproduction, qui débute en avril dans les contrées tempérées.

Des amours bruyantes et mouvementées

Au printemps, le hérisson, sorti de sa torpeur hivernale amaigri et affamé, part immédiatement en quête de nourriture et engloutit des proies pendant plusieurs nuits, reprenant des forces pour la saison des amours.

À cette époque, la production d'hormones et la taille des glandes sexuelles des mâles augmentent. Ils sont sexuellement actifs pendant cinq mois, entre avril et début septembre. Les hérissons des deux sexes sont précoces et peuvent se reproduire dès l'âge de dix mois, mais la plupart des femelles n'ont leur première portée qu'après une seconde période d'hibernation.

La parade amoureuse des hérissons, qui a généralement lieu sur des terrains herbeux, est mouvementée. Les bagarres, coups de patte et morsures sont systématiques lorsque deux mâles convoitent la même femelle. Après l'abandon d'un des protagonistes, le vainqueur doit encore persuader la femelle de l'accepter. Le rituel démarre par un face-à-face des deux animaux, qui se reniflent le museau mutuellement, tout en urinant. Puis le mâle essaie de contourner la femelle, mais celle-ci tourne en sens inverse et présente le flanc à son prétendant, qui la bombarde de coups de patte et de museau. Le mâle adopte alors une mimique particulière : tête redressée et lèvres retroussées.

La parade peut ainsi durer plusieurs heures, au cours desquelles les partenaires soufflent bruyamment. Quand la femelle devient consentante, elle se laisse contourner et l'accouplement peut enfin avoir lieu. Elle s'aplatit à terre, étire ses pattes postérieures vers l'arrière et couche ses piquants dorsaux. Le mâle monte alors sur son dos, lui serre les flancs de ses pattes avant et lui maintient la nuque dans sa gueule. L'accouplement lui-même peut durer plusieurs minutes, pendant lesquelles les animaux, complètement insouciants des éventuels dangers extérieurs, s'expriment par des éternuements et des nasillements.

Puis, femelle et mâle se séparent, celui-ci ne participant pas à l'élevage des jeunes. Les hérissons s'accouplent souvent, mais les femelles n'ont pas plus de deux portées par été.

Une défense pleine de piquants

Très fréquemment à découvert quand il est à la recherche de sa nourriture, le hérisson pourrait être une proie facile : ce petit mammifère n'est pas toujours de taille à se défendre contre plus gros que lui, et, même s'il peut être plus rapide, la plupart de ses prédateurs courent plus vite que lui. Mais le hérisson est doté d'un système de défense imparable : les longs piquants qui ornent son dos et ses flancs. Au moindre bruit inconnu ou signal d'une présence inhabituelle, il rentre les épaules, baisse le museau et redresse ses piquants sur le front afin de protéger sa tête. Si le danger se précise, il escamote ses pattes et se « roule en boule ».

Il commence par protéger sa tête et la partie postérieure de son corps en faisant agir de petits muscles peauciers qui, en se contractant, tirent sur le grand muscle caudo-dorsal qui recouvre tout le corps. La contraction du muscle orbiculaire, qui forme un anneau musculaire tout autour du hérisson, a pour effet de tendre la peau du dos tout autour du corps et de l'enserrer comme dans un sac, renvoyant vers l'intérieur la tête, les pattes et la queue. Le hérisson est alors devenu une boule de piquants compacte. La tête est collée contre la peau, rien ne dépasse. La seule ouverture qui subsiste, au niveau du ventre, n'est visible que si l'on retourne complètement l'animal ; et, même alors, elle est si petite et si inaccessible qu'aucun prédateur ne se risque à la débusquer sous peine d'être blessé par les piquants.

Pour renforcer sa défense, le hérisson contracte les petits muscles présents à l'extrémité inférieure de chacun de ses piquants, et ceux-ci se hérissent en tout sens. L'animal ressemble alors à une pelote d'échardes. Quand le danger est écarté, le hérisson se déroule brusquement et détale vers l'abri le plus proche, tout en reniflant bruyamment le sol.

Tout nus, tout roses, les petits sont aveugles

Au mois de juin, après quatre semaines de gestation, la femelle hérisson met bas de deux à sept bébés. Elle a pris soin, quatre à cinq jours avant leur naissance, de préparer un nid douillet dans un endroit discret et bien abrité, sous une haie ou un buisson touffu.

À la naissance, les petits hérissons, aveugles et sans défense, pèsent entre 10 et 25 g. Leur peau est boursouflée mais dépourvue de piquants ; ceux-ci ne commencent à pousser que quelques heures plus tard et sont tout blancs. Dès la 36e heure, quelques piquants bruns à bout blanc font leur apparition et finissent par recouvrir les piquants blancs. À l'âge de quatre semaines, au moment du sevrage, le jeune hérisson possède 3 000 piquants bruns et plus un seul blanc.

Les nouveau-nés sont également dépourvus de fourrure. Celle-ci ne se développe qu'au cours de la seconde semaine, en même temps que les petits acquièrent la capacité de se rouler en boule (dès 11 jours).

Une mortalité juvénile importante

La femelle hérisson allaite ses petits pendant quatre semaines et, bien qu'elle dispose de cinq paires de mamelles ventrales, il ne semble pas qu'elle puisse nourrir plus de cinq petits à la fois. La mortalité juvénile avant le sevrage peut atteindre 20 %. À la moindre alerte, la femelle transporte ses petits dans un nouveau nid.

Promenades en file indienne

Les jeunes font leur première sortie à trois semaines, accompagnant leur mère en promenade nocturne, la suivant de près en file indienne et apprenant à connaître les invertébrés terrestres comestibles. Pendant une ou deux semaines, ils retournent tous les matins vers le nid pour se nourrir du lait maternel, car la mère ne les allaite jamais au dehors. Il leur faudra encore attendre une dizaine de jours avant de pouvoir sortir seuls. À l'âge de deux mois, ils deviennent véritablement indépendants et la famille se disperse. Les jeunes pèsent alors 250 g environ, soit dix fois leur poids de naissance. S'ils sont nés au début de l'été, il leur reste plusieurs mois pour engraisser avant l'arrivée de l'hiver et atteindre 450 g, poids minimal pour survivre à la période d'hibernation.

Mais certaines femelles peuvent avoir une seconde portée en octobre ou en novembre. Elles aménagent alors un autre nid de mise-bas et attendent le sevrage de cette nouvelle portée pour hiberner. Ces petits ne sortiront du nid que vers le mois de décembre pour trouver une nourriture de plus en plus rare. Peu d'entre eux survivront.

Pour tout savoir sur le hérisson

Hérisson européen (Erinaceus europaeus)

Déjà présent en Europe à l'âge de pierre, le hérisson européen (Erinaceus europaeus) est aujourd'hui très commun dans toutes les régions tempérées de l'Ancien Monde. Son dos et ses flancs sont couverts de piquants, tandis que le ventre, la poitrine, la gorge et les pattes portent un poil long et raide, très clairsemé. Cette fourrure peu dense lui permet de fréquenter les endroits boueux, car il ne lui faudra pas longtemps pour sécher. Le hérisson ne mue pas ; les poils et les piquants tombent et sont renouvelés régulièrement. La durée de vie d'un piquant est de 18 mois en moyenne.

Le hérisson est un des plus gros insectivores. Il mesure entre 22 et 32 cm de la tête à la queue et pèse généralement de 450 à 700 g ; mais certains animaux peuvent atteindre 2,2 kg ! Il a un crâne et un cerveau de petite taille, et une denture peu spécialisée. Il possède un cou très petit, ce qui lui donne la possibilité de se rouler en boule ; en revanche, ses pattes sont assez longues, 10 cm de la hanche aux doigts, et, quand il marche, il les plie de telle façon qu'il donne l'impression de « glisser » ou de « rouler » au ras du sol. Ses mâchoires solides sont dotées de 36 dents, déjà en place quand l'animal atteint l'âge de un an. Les deux grosses incisives de la mâchoire inférieure servent à attraper et à maintenir fermement les proies glissantes, tels les vers de terre. Presque plates, elles pointent vers l'avant, et non vers le haut comme celles des rongeurs. Les dents de la mâchoire supérieure, espacées et très pointues, lui permettent de briser la carapace de certains insectes (coléoptères). Mais le sable et la terre, ingérés en même temps que la nourriture, usent rapidement les dents du hérisson. Les vieux animaux ont donc souvent des dents émoussées, cassées ou manquantes, et ont du mal à se nourrir d'insectes chitineux ou d'escargots.

Solitaire et nocturne, le hérisson reste actif d'avril jusqu'en octobre, tant qu'il peut trouver de quoi se nourrir. Au début de l'été, les femelles ont 1 ou 2 portées, et parfois même une 3e à l'entrée de l'hiver. Puis l'animal hiberne, roulé en boule, à l'abri de son terrier de feuilles. Dès les premiers frimas, son métabolisme se ralentit et sa température corporelle passe de 36 °C à 10 °C. Si le froid s'accentue, elle peut tomber à 1 °C, mais jamais en dessous, car ses tissus gèleraient ! Les réserves de graisse accumulées à la belle saison lui permettent de se maintenir en vie à basse température. Toutes les fonctions sont ralenties : le rythme cardiaque passe de 190 à 20 battements par minute et l'animal ne respire plus que toutes les deux ou trois minutes. Lorsque la température extérieure augmente, l'organisme du hérisson brûle des calories pour élever sa propre température et provoque ainsi le réveil. Mais, si les réserves de graisse sont insuffisantes, l'animal ne pouvant ni se réchauffer ni se réveiller, meurt. C'est ce qui arrive souvent aux jeunes hérissons nés en fin d'été, qui n'ont pas eu le temps de se nourrir suffisamment avant d'hiberner. À son réveil, vers avril, le hérisson, bien amaigri, ne pèse souvent pas plus de 350 g.

Bien que le hérisson vive la nuit et dorme le jour, ses yeux ne sont pas particulièrement adaptés à la vision dans l'obscurité. Il voit d'ailleurs aussi mal de jour que de nuit. En revanche, son odorat est particulièrement développé et les centres olfactifs tiennent une place importante dans le cerveau. Le hérisson flaire une proie enfouie sous 3 cm de terre. Il a également l'oreille fine et localise sans difficulté des insectes remuant à quelques mètres de lui.

Ne craignant guère les quelques prédateurs naturels, qui l'attaquent peu, se méfiant de sa carapace de piquants, le hérisson adulte peut  vivre jusqu'à l'âge de 10 ans.

          

HÉRISSON COMMUN ou HÉRISSON D'EUROPE OCCIDENTALE

Nom (genre, espèce) :

Erinaceus europaeus

Famille :

Érinacéidés

Ordre :

Insectivores

Classe :

Mammifères

Identification :

Poils transformés en piquants sur tout le corps, excepté les pattes, le ventre et la tête ; animal nocturne

Taille :

Femelles : de 13,5 à 30 cm ; mâles : de 22 à 32 cm

Poids :

De 450 g à 700 g (mâles généralement plus lourds)

Répartition :

Europe de l'Ouest, jusqu'à la limite de 60° Nord, et à l'ouest de la Pologne ; zones méditerranéennes

Habitat :

Forêts de feuillus ; sous-bois ; haies ; jardins

Régime alimentaire :

Invertébrés terrestres (lombrics, escargots, insectes), oisillons, œufs ; petits mammifères (souris, musaraignes)

Structure sociale :

Solitaire ; femelle territoriale pendant la reproduction

Hibernation :

D'octobre à avril

Maturité sexuelle :

11 mois

Saison de reproduction :

D'avril à septembre

Durée de gestation :

31-35 jours

Nombre de jeunes par portée :

De 2 à 7 (1 à 2 portées par an)

Poids à la naissance :

10-25 g. Allaitement pendant 4 semaines

Longévité :

10 ans maximum

Statut :

Espèce totalement protégée en France depuis 1981 ; partiellement protégée en Suisse ; figure à l'Annexe III de la Convention de Berne

 

Signes particuliers

Tête

Dépourvue de piquants, la tête du hérisson, trapue à son extrémité postérieure, est effilée vers l'avant et se termine par une truffe noire de 8 à 10 mm de diamètre. Les pommettes sont toujours particulièrement bien marquées, contrairement à celles d'autres insectivores, comme les musaraignes. Les oreilles sont petites et dépassent à peine du pelage. L'extrémité du museau est garnie d'une dizaine de paires de vibrisses. Les yeux, petits et noirs, sont disposés latéralement, ce qui élargit le champ de vision sur les côtés.

Pattes

Les pattes du hérisson sont assez longues : 10 cm de la hanche (ou de l'épaule) aux doigts. Le hérisson européen possède cinq doigts à chaque membre. Chaque doigt est muni d'une griffe ; les griffes des pattes antérieures sont plus puissantes, permettant éventuellement à l'animal de creuser un terrier.

Piquants

Les piquants sont des poils modifiés de 2 à 3 cm de longueur pour 1 à 2 mm de diamètre. Ils sont constitués d'une pointe, d'un corps et d'un bulbe ancré dans l'épiderme. À l'extrémité inférieure, une zone plus fine et flexible permet au piquant de se coucher en tous sens, sous l'action de petits muscles. L'intérieur est creux, mais plusieurs couches de kératine assurent sa solidité.

Squelette

Comme tous les insectivores, le hérisson possède un squelette au crâne allongé et aux longues pattes. La mâchoire inférieure ne porte que deux incisives. Entre la peau du dos, très lâche, et la colonne vertébrale, de multiples muscles peauciers aident l'animal à prendre la position caractéristique de l'espèce.

Les autres hérissons

Les hérissons appartiennent à la famille des érinacéidés. Celle-ci est divisée en deux sous-familles : les érinacéinés, qui rassemblent les hérissons (15 à 16 espèces en 5 genres), et les galéricinés, qui rassemblent les gymnures (8 espèces en 5 genres), sortes de hérissons sans piquants. Habitants depuis des milliers d'années de l'Ancien Monde, les hérissons n'ont pas colonisé le Nouveau Monde, mais on les trouve en Océanie, où a été introduit le hérisson européen.

Les membres de la sous-famille des érinacéinés présentent de grandes ressemblances, physiques et comportementales. Munis de piquants sur le dos et les flancs, ils ont la même silhouette ronde avec un museau effilé. Ils ont pour la plupart cinq doigts à chaque membre, et marchent en appuyant leurs talons (et leurs paumes) sur le sol. Dormant le jour dans un nid ou un terrier, ils s'activent la nuit. Insectes et petites proies constituent le menu quotidien de ces insectivores. Pour échapper à leurs prédateurs, tous se roulent en boule.

Les hérissons eurasiatiques du genre Erinaceus

Actuellement, on dénombre trois espèces, dont le hérisson commun, ou hérisson d'Europe occidentale, Erinaceus europeaus. Ce sont les hérissons les plus communs et les plus gros. Ils se distinguent des autres hérissons par leurs piquants lisses et leurs oreilles de petite taille. Les femelles ont cinq paires de mamelles et mettent bas de deux à sept petits, une à trois fois par an.

Hérisson d'Europe orientale (Erinaceus concolor)

Identification : pelage brun-gris ou brun avec taches blanches au centre du poitrail, s'étendant parfois sur tout le ventre et les flancs.

Répartition : Europe centrale, orientale et Adriatique ; Proche-Orient ; Extrême-Orient. Certains auteurs considèrent que les populations de ces hérissons comprennent en fait deux espèces distinctes, Erinaceus concolor et Erinaceus roumanicus.

Comportement : solitaire et nocturne, il se repose le jour dans un nid de feuilles. L'espèce hiberne durant les mois froids, d'octobre à avril.

Erinaceus amurensis

Identification : ressemble au hérisson d'Europe occidentale.

Répartition : est de l'Asie (Mandchourie, Russie orientale, péninsule coréenne).

Les hérissons africains

Ces quatre espèces sont classées par certains auteurs dans le genre Erinaceus.

Hérisson d'Algérie (Atelerix algirus)

Identification : tête moins liée au tronc ; raie de peau nue sur la tête.

Répartition : sud de la France (Pyrénées-Orientales), côtes espagnoles méditerranéennes, îles Canaries, Baléares, Malte. Afrique : Mauritanie, Sahara espagnol, Maroc, Libye.

Comportement : comme tous les hérissons des régions chaudes, il fait son nid dans des crevasses de rochers, des troncs d'arbres creux, d'anciennes termitières ou terriers. Tombe en léthargie pendant la saison sèche, si la nourriture vient à manquer.

Hérisson à ventre blanc (Atelerix albiventris)

Identification : comme son nom l'indique, il possède quatre orteils au lieu de cinq pour les autres espèces ; pattes longues et fines ; pieds et griffes plus petits.

Répartition : zones semi-arides ; Sénégal, Soudan, sud de la Tanzanie.

Hérisson d'Afrique du Sud (Atelerix frontalis)

Identification : de petite taille, il pèse 400 g en moyenne.

Répartition : Afrique australe et du Sud.

Hérisson de Somalie (Atelerix sclateri)

Répartition : nord de la Somalie.

Les hérissons à longues oreilles

Ces deux espèces vivent dans les zones désertiques, du Sahara à l'Asie centrale, et se distinguent des autres hérissons par la longueur des oreilles, qui dépassent largement du pelage et des piquants. Cette particularité est une adaptation à la vie en milieu chaud et sec, la déperdition de chaleur pouvant s'effectuer par les pavillons. Les deux espèces se ressemblent beaucoup.

Hemiechinus auritus

Identification : corps mesurant entre 15 et 28 cm, et queue entre 0,20 et 0,50 cm ; poids adulte souvent inférieur à 600 g ; piquants bicolores, à rayures, bruns foncés et blancs ; pelage blanchâtre.

Répartition : nord de la Libye, Égypte, Asie du Sud-Ouest, Inde de l'Ouest, Mongolie ; zones sub-désertiques, steppes arides, mais aussi, en Égypte, dans les jardins bordant les villes.

Comportement : pour son nid, Hemiechinus auritus utilise souvent des abris existants, comme les trous dans les rochers ou les arbres creux, mais il peut aussi creuser des terriers, jusqu'à 1,50 m de long. Dans le désert du Rajasthan, en Inde, l'animal s'installe sous un buisson et utilise le même terrier toute l'année. Il se nourrit d'insectes, d'œufs, de petits mammifères mais aussi de graines et de fruits. La période de reproduction s'étend du printemps à la fin de l'été, et les petits naissent après 40 jours de gestation environ. Dans les zones les plus chaudes, les animaux n'hibernent pas mais peuvent estiver si la nourriture vient à manquer. En cas de sécheresse, ils peuvent survivre plusieurs semaines sans boire.

Hemiechinus collaris

Identification : corps mesurant en moyenne 17 cm ; poids inférieur à 500 g. Avec ses grandes oreilles, ressemble à Hemiechinus auritus, mais ses piquants sont plus sombres.

Répartition : Inde, Pakistan.

Comportement : dans le Pendjab, en Inde du Nord, il hiberne pendant trois mois et demi, mais dans les montagnes du Pakistan, il dort six mois, d'octobre à mars.

Les hérissons du désert

Ces quatre espèces, classées comme les hérissons à longues oreilles dans le genre Hemiechinus, sont considérées par certains auteurs comme formant un genre à part entière, Paraechinus. Leur poids est en général inférieur à 400 g.

Hérisson du désert (Hemiechinus (paraechinus) aethiopicus)

Identification : taille du corps variant entre 15 et 27 cm ; poids n'excédant pas 400 g ; les piquants sont rugueux, leur coloration, ainsi que celle du pelage, variable : certains animaux sont noirs (mélanisme) ou tout blancs (albinisme). Les piquants peuvent être rayés de brun foncé, de noir et blanc ou de jaune, et les parties ventrales tachetées de brun foncé et de blanc. Quelques individus ont le museau brun, le reste de la tête blanc.

Répartition : déserts et autres zones arides ; Maroc, Somalie du Nord, péninsule arabe, Inde.

Comportement : le hérisson du désert creuse lui-même son terrier, qui mesure 50 cm de long et n'a qu'une seule entrée. Avec ses pattes avant il envoie le sable derrière lui, puis, quand le tas est assez gros, il recule et éjecte le sable avec ses pattes arrière. Il entre et sort de ce tunnel la tête la première et effectue donc ses demi-tours sous terre.

Son repas est composé d'insectes, de petits vertébrés, d'œufs et de scorpions. Il transporte sa nourriture jusqu'au terrier et la stocke pour une utilisation future. Ce comportement très particulier pour un hérisson est une adaptation à la vie dans des zones où la quantité de nourriture disponible est variable d'un jour à l'autre. S'il ne trouve plus ni à manger ni à boire, il reste prostré dans son terrier, mais n'hiberne pas.

Hérisson de Brandt (Hemiechinus [paraechinus] hypomelas)

Très mal connu, le hérisson de Brandt est asiatique ; il vit autour de la mer d'Aral, Pakistan, Inde du Nord, sud de l'Iran, sud de la Péninsule arabique.

Hérisson indien (Hemiechinus [paraechinus] micropus)

C'est un spécimen de cette espèce qui est aujourd'hui le plus gros représentant connu des hérissons du désert, avec 435 g. Il a été découvert par Walton en 1973. Les hérissons indiens se rencontrent au Pakistan et en Inde de l'Ouest.

Hemiechinus [Paraechinus] nudiventris

Cette espèce est endémique du sud de l'Inde, où elle vit dans les zones arides.

Les hérissons des steppes

Mesechinus dauuricus

Ce hérisson se rencontre en Russie, en Chine et en Mongolie. Il occupe des habitats variés, steppes, forêts, prairies et champs cultivés. La reproduction a lieu en juin/juillet.

Mesechinus hughi

Il est endémique de Chine, où il habite des régions de steppes arides. Il n'est pas menacé, mais ses effectifs sont en baisse.

Milieu naturel et écologie

Habitant de préférence les forêts de feuillus, les zones agricoles et même les jardins en bordure des villes, les hérissons peuvent aussi s'installer à proximité des plages et dans les dunes de sable, à condition qu'il existe un couvert végétal de buissons. Mais ils sont absents des forêts de conifères et des zones marécageuses trop humides. Ils ont besoin en effet de la présence d'arbres à feuilles caduques, qui leur fournissent le matériel de construction pour leur nid de mise-bas et d'hibernation. Seuls les hérissons du désert creusent des trous à même la terre. En Europe, les hérissons vivent surtout jusqu'à 1 000 m, où ils se reproduisent normalement ; entre 1 000 et 1 200 m, ils évitent les pentes boisées de conifères et se reproduisent très irrégulièrement. À la belle saison, ils peuvent monter jusqu'à 1 600 m, mais redescendent rapidement dans des zones plus accueillantes dès que la température chute.

Lorsque les nuits d'été sont clémentes, ils s'aventurent parfois jusqu'à 2 000 m !

La répartition des hérissons varie beaucoup selon les conditions climatiques locales. Ainsi, ils montent plus facilement en altitude dans des zones à climat méditerranéen (Alpes du Sud, Pyrénées) et recherchent des terrains secs de basse altitude dans des régions à climat plus continental comme celui d'Europe centrale. En fait, le climat idéal pour le hérisson semble être celui des côtes bretonnes et anglaises, où il est très répandu.

La répartition actuelle des hérissons ne se limite pas aux continents mais s'étend aussi à de nombreuses îles : Nouvelle-Zélande, Corse, Sardaigne, Sicile, îles écossaises. Incapable de traverser les océans à la nage, ils y ont été introduits, volontairement ou non, par l'homme.

La lutte contre le froid... et la sécheresse

Le hérisson ne supporte pas longtemps des températures inférieures à 12 °C, car ses piquants ne lui sont d'aucun secours pour lutter contre le froid. L'hiver est également cause de la disparition des insectes et autres proies des hérissons, qui ne trouvent plus assez à manger. Seule l'hibernation leur permet d'économiser des calories.

Grâce à leur féroce appétit, les hérissons emmagasinent, dès le mois de juillet, une grande quantité de calories, transformées en graisse blanche sous-cutanée (calories nécessaires au maintien en vie de l'animal pendant son sommeil) et en graisse brune au niveau des épaules. Cette graisse, « brûlée » par son métabolisme, lui donnera, sous forme de chaleur, l'énergie indispensable pour ses périodes de réveil. Dès que la température chute, le hérisson prépare son nid, parfois même plusieurs nids, pour le cas, rare, où il aurait besoin d'en changer au cours de l'hiver.

Il accumule les feuilles sèches, qui en constituent le principal matériau de construction, car elles sont étanches. Il peut aussi y ajouter brindilles et branches de fougères. Lorsque le tas est assez gros, il en creuse l'intérieur, repoussant les feuilles vers l'extérieur. Les parois extérieures du nid sont faites de rondins ou de branchages qui empêchent les feuilles de s'éparpiller. D'un diamètre de 50 cm environ, le nid terminé se compose d'une galerie d'entrée et d'une cavité centrale, tapissées d'une couche de feuilles de 10 cm d'épaisseur ! Très étanches et solides, ces nids sont de parfaits isolants du froid : en cas de température extérieure entre – 8 °C et + 8 °C, celle de l'intérieur oscille entre + 1 °C et + 5 °C.

La durée de l'hibernation dépend du climat local : de 8 mois en Scandinavie, elle est de 6 mois en France et en Angleterre, et de quelques semaines seulement en Nouvelle-Zélande.

À l'opposé, dans les zones méditerranéennes, le hérisson doit s'adapter à un autre problème : celui de la sécheresse, qui réduit, tout autant que le froid, les sources de nourriture. Le hérisson creuse alors un terrier dans un sous-bois et estive. La durée de cette léthargie estivale dépend des conditions extérieures, mais il se réveille souvent lorsqu'arrivent les pluies. Cette remarquable adaptation aux conditions climatiques défavorables a permis aux hérissons de coloniser aussi bien les régions froides comme la Scandinavie que le littoral méditerranéen, chaud et sec.

Un croqueur d'insectes ayant peu d'ennemis

Son introduction en Nouvelle-Zélande est due à son appétit. En dévorant plus de 80 coléoptères en une seule nuit, le hérisson est en effet un prédateur très efficace pour réguler les populations d'invertébrés terrestres qui endommagent cultures et jardins.

Le hérisson a très peu de prédateurs naturels, sa carapace de piquants et sa faculté de se rouler en boule lui assurant une remarquable sécurité, plusieurs heures durant si nécessaire. De plus, le hérisson est une véritable « force de la nature » : il résiste étonnamment bien aux piqûres de vipères et de guêpes, et peut absorber, sans réel danger, une dose d'arsenic qui tuerait 25 personnes ! Il doit pourtant se méfier du putois. Les restes de peaux de hérisson trouvés dans les terriers de putois laissent penser que ce petit carnivore constitue un ennemi très efficace. Furtif, il arrive à surprendre le hérisson lorsque celui-ci s'approche de son terrier et l'égorge avant qu'il ait pu se mettre en boule.

Les rapaces, les sangliers et sans doute les renards font également partie des ennemis du hérisson, mais les activités humaines représentent le plus grand danger pour l'espèce.

Le hérisson et l'homme

Une victime des routes

Apprécié et respecté du grand public, officiellement protégé en Europe, ce petit mammifère à piquants, auquel on prêtait au Moyen Âge toutes sortes de vertus médicinales, est aujourd'hui victime du trafic routier et de l'agriculture intensive.

Les dangers de la route et de l'agriculture

Souvent, l'été, surtout après une pluie d'orage, les hérissons fourragent et s'attardent au bord des routes. Ils sont sûrs d'y trouver de nombreuses proies (insectes, escargots, vers de terre) attirées par l'asphalte chaud. La nuit, ils peuvent aussi être amenés à traverser routes et chemins, si ceux-ci se trouvent sur leur territoire de chasse. Ces incursions leur sont souvent fatales. Qu'ils traversent en courant ou se mettent en boule dès qu'une voiture arrive, ils ont peu de chance de se retrouver sains et saufs après son passage. À la fin de l'hiver, ce sont surtout les mâles, qui n'hésitent pas à traverser les routes pour rechercher une femelle, qui succombent ; en été, les jeunes, aventureux et inexpérimentés, comptent de nombreuses victimes ; au début de l'automne, ce seraient plutôt les femelles, à la recherche de grandes quantités de nourriture entre le moment de l'émancipation des jeunes et celui de l'entrée en hibernation, qui se feraient écraser.

Il est difficile d'estimer le nombre de hérissons victimes du trafic automobile, mais, selon certaines estimations, ce seraient, au niveau européen, 700 000 de ces petits mammifères qui succomberaient chaque année sur les routes. La mortalité par accidents de la route dépasserait 20 %, selon certaines estimations.

L'utilisation des engrais, des herbicides et des pesticides par les agriculteurs et les jardiniers est l'autre grande cause de mortalité chez les hérissons. Les empoisonnements par ces produits entraîneraient une mortalité de 26 %. La mort par intoxication aiguë touche surtout les jeunes entre 6 et 12 mois : curieux et peu expérimentés, ils s'aventurent volontiers dans les jardins d'agrément entretenus, là où la nourriture est facile à trouver, mais aussi là où les plantes sont fertilisées et traitées contre les insectes et les parasites. Par ailleurs, l'épandage généralisé de pesticides, notamment d'insecticides, entraîne la diminution des ressources alimentaires des hérissons.

De la pommade de hérisson

Le hérisson occupe une place privilégiée dans de nombreuses cultures. Déjà cité dans la Bible, il est présent dans la mythologie iranienne et dans celle de peuples d'Asie centrale et d'Afrique, où il est symbolisé comme un pionnier, initiateur de civilisation. Au Moyen Âge, on lui attribue toutes sortes de vertus médicinales. Pratiquement chaque partie de son corps pouvait guérir les maux humains. La pommade de hérisson, par exemple, avait la réputation d'être très efficace contre les furoncles !

L'intérêt que d'autres peuples ont porté au hérisson était plutôt d'ordre culinaire. L'animal est par exemple accommodé dans la cuisine traditionnelle tsigane, tandis que le hérisson d'Afrique du Sud est un mets apprécié dans cette région.

Aujourd'hui, le hérisson n'est pas considéré comme une espèce menacée, mais ses effectifs ont nettement diminué, et les activités humaines modifient son habitat comme ses habitudes. Ainsi, la diminution des bocages qu'il affectionne tant, la disparition généralisée des haies, le débroussaillage et l'expansion du réseau routier dans des endroits reculés entraînent sa raréfaction. Il est aussi amené à s'installer plus souvent dans les jardins, où il peut être victime des tondeuses à gazon ou d'autres outils ou installations.

Le hérisson est totalement protégé en France (et ce depuis 1981), partiellement en Suisse. Il est l'emblème de France Nature Environnement (la Fédération des associations de protection de la nature et de l'environnement), et une société anglaise, la British Hedgehog Preservation Society, est consacrée à la sauvegarde de l'espèce.

Hérissons insulaires et oiseaux nicheurs

Le hérisson est très aimé des jardiniers, qu'il aide à se débarrasser des limaces et autres insectes amateurs de légumes. Il a souvent accompagné l'homme dans la colonisation de nouvelles terres. Les colons anglais qui se sont installés en Nouvelle-Zélande, ou dans les îles écossaises, ont emmené  ce croqueur d'insectes avec eux. Les capacités d'adaptation du hérisson ont assuré le succès de ces introductions. Souvent même, l'espèce a proliféré de façon considérable. Ainsi, dans l'île North Ronaldsay, des hérissons ont été introduit en 1972 pour lutter contre les limaces qui dévastaient les cultures. Une dizaine d'années plus tard, les limaces avaient disparu et les hérissons atteint le millier d'individus, sur une île de 14 km2 ! De la même façon, au début des années 2000, on compte 57 hérissons au km2 dans l'île de South Uist.

Malheureusement, la prolifération des hérissons dans les îles constitue une menace pour les oiseaux qui nichent à terre, notamment, dans les îles écossaises, pour les petits échassiers (charadriiformes) comme les sternes et les gravelots. Les hérissons, en effet, consomment leurs œufs, entraînant une diminution notable des populations des espèces les plus touchées (jusqu'à 60 % des nids visités chez les plus vulnérables).