coucou

Coucou
Coucou

Cet oiseau familier, au moins par son chant, a des origines incertaines. En effet, contrairement à ce qui se passe pour les grands rapaces ou les échassiers de grande taille, les traces fossiles susceptibles d'appartenir aux ancêtres d'un oiseau de quelque 30 cm de longueur sont rares et difficiles à déchiffrer.

Introduction

L'incertitude, quant à l'origine des coucous, se reflète dans les hésitations qui ont longtemps présidé à la classification du groupe d'espèces auquel ils appartiennent. D'abord classés avec les pics (piciformes), les coucous sont aujourd'hui rassemblés dans un ordre qui leur est propre : les cuculiformes.

L'examen des caractéristiques tant morphologiques que physiologiques incite à penser que les formes qui ont aboutit aux cuculiformes actuels se sont séparées assez tôt d'un tronc commun dont sont également issus les perroquets et les pigeons. Il semble presque établi que l'origine des coucous, au sens large du terme, ne remonte guère en-deça du début de l'oligocène, soit il y a 40 à 35 millions d'années environ.

Parmi les fossiles connus que l'on peut rattacher à l'ordre des cuculiformes figure notamment Dynamopterus, datant de la fin de l'éocène ou du début de l'oligocène, découvert en 1891 dans le sud de la France par le paléornithologue français Alphonse Milne-Edwards. En 1871, ce dernier avait aussi mis au jour des indices de Necrornis qui, lui, a vécu beaucoup plus tard, il y a entre 10 et 6 millions d'années. L'une des seules autres formes fossiles connues est encore plus récente (entre 2 millions d'années et 10 000 ans) ; il s'agit de Neomorphus, qui vivait en Amérique du Nord au pléistocène. Mais, à cette époque, de nombreux coucous occupaient déjà l'aire de répartition qui est aujourd'hui la leur, et leur filiation avec les espèces fossiles n'est pas établie.

L'ordre des cuculiformes réunit des oiseaux assez élancés, à longue queue et à pattes courtes. Il comprend une seule famille, celle des cuculidés, qui compte environ 140 espèces. Deux autres familles étaient précédemment incluses dans cet ordre. Celle des touracos (musophagidés), oiseaux africains se reconnaissant à leur huppe triangulaire comprimée latéralement sur le sommet de la tête et à leurs vives couleurs, a été placée dans son propre ordre, celui des musophagiformes. De même, la famille des opisthocomidés, représentée par le seul hoazin huppé (Opisthocomus hoazin), a elle aussi été extraite des cuculiformes, pour être classée dans l'ordre des opisthocomiformes.

Les coucous actuels sont très nombreux sur tous les continents et sont adaptés à divers milieux. Le coucou gris, Cuculus canorus, compte plusieurs millions de représentants répartis en Europe, en Asie et en Afrique, malgré la chasse dont il est l'objet dans plusieurs pays.

La vie du coucou

Un oiseau solitaire, amateur de chenilles

Que ce soit pour migrer, hiverner en Afrique ou nicher en Europe, le coucou gris vit toujours en solitaire, mâle et femelle ne se retrouvant que pour la reproduction. Le coucou gris ne délimite pas un territoire au sens strict, mais dispose d'une sorte de zone réservée, aux limites imprécises et plus ou moins bien défendues, où il se nourrit et s'accouple.

La surface de ce domaine varie suivant l'âge et la taille du coucou. Elle est également fonction de la nature du milieu et de sa plus ou moins grande densité en passereaux nicheurs susceptibles d'« accueillir » en hôtes involontaires la descendance du coucou.

Des études ont montré qu'un coucou dispose généralement de 20 à 40 hectares en Europe centrale, mais qu'il peut être le seul représentant de son espèce sur 155 hectares, comme dans certaines régions d'Allemagne, quand le milieu est pauvre en nourriture ou en espèces hôtes. Inversement, un milieu riche permet à l'oiseau de se contenter d'une dizaine d'hectares, comme on l'a observé dans la région de Hambourg.

Les oiseaux plus jeunes doivent souvent se suffire de domaines situés en bordure des zones favorables ; ils ne les défendent d'ailleurs pas avec grande ardeur.

Le domaine d'une femelle est appelé « territoire de ponte ». De taille variable (entre 2,5 et 50 hectares), il peut être inclus dans celui d'un mâle, ou être à cheval sur deux domaines adjacents. La « propriétaire » défend jalousement son territoire de ponte contre les autres femelles. Il existe en moyenne une femelle erratique par territoire, tolérée par la tenante des lieux, qui la laisse même pondre quelques œufs. Il arrive qu'elle hérite du territoire si celui-ci est abandonné ou vacant.

Un régime alimentaire spécifique

En 1989, l'ornithologue allemand Link a publié les résultats de ses trente-six années d'études sur l'alimentation du coucou. Ceux-ci restent très précieux pour les chercheurs, car ils ont été confirmés par les études ultérieures.

Le coucou gris est presque exclusivement insectivore, avec une préférence pour les chenilles velues. Il mange aussi, sous forme de larves ou d'insectes adultes, des coléoptères, surtout des géotrupes (bousiers) et des hannetons ou des scarabées, plus rarement des libellules, des éphémères et des sauterelles. Faute d'insectes, il s'attaque aux vers de terre, aux limaces, aux escargots, voire aux jeunes grenouilles et crapauds. Il chasse à l'affût, repérant tout mouvement à 50 m, et regagne sa branche sitôt sa proie attrapée.

Un mangeur de chenilles

Un mangeur de chenilles



Les chenilles processionnaires du pin, très velues, sont les proies préférées du coucou gris, qui les saisit habilement en leur écrasant la tête. Pour vider la chenille de son contenu intestinal, il la fait tournoyer avec de vigoureux mouvements rotatifs de la tête, puis l'avale. Il recrache les poils en pelotes, ou les garde fichés dans la muqueuse de son gésier, renouvelée par des mues périodique.s La muqueuse expulsée a alors l'aspect d'une fourrure !

Un œuf dissimulé dans le nid des autres

Chez les coucous, la polygamie (un mâle, plusieurs femelles) coexiste avec la polyandrie (une femelle, plusieurs mâles). Mais le rôle des mâles se limite à l'accouplement et les partenaires sont rarement les mêmes d'une année sur l'autre. Pourtant, il semblerait que le coucou mâle retrouve son territoire après la migration. Un mâle peut revenir sur le même territoire pendant 7 à 10 ans.

Fidèles ou non, les partenaires se repèrent mutuellement à la voix. Sonore et clair, le « cou-cou » bien connu du mâle est aussi efficace pour attirer les femelles que pour éloigner les rivaux.

Lorsque les oiseaux se rejoignent, le mâle prend l'initiative de la parade. Il abaisse la tête et entrouvre ses ailes, qu'il laisse pendre. Sa longue queue redressée est étalée. Il ne la referme parfois que pour l'animer d'un mouvement circulaire, tout en se balançant latéralement, sur un rythme assez lent. Juste avant la copulation, il offre un brin d'herbe ou une branchette à la femelle. Celle-ci entrouvre alors ses ailes, lance un appel et place sa queue de côté. Pendant l'accouplement, le mâle se penche en avant, laissant pendre ses ailes.

Un mode de ponte singulier

La femelle du coucou ne construit pas de nid et ne couve pas. Elle choisit pour pondre le nid d'un autre oiseau, en général de la même espèce que ses propres « parents adoptifs », et avec lequel elle synchronise sa période de ponte. Elle pond directement dans le nid, grâce à son cloaque extensible qui lui permet de diriger l'œuf avec précision. Elle agit très rapidement, le plus souvent dans l'après-midi ou en soirée, quand la couveuse est absente. Si celle-ci ne l'est pas, elle fait le guet en attendant patiemment qu'elle s'éloigne. Puis elle pond un seul œuf, ne restant pas plus d'une minute aux abords immédiats du nid. Si, par malchance, elle se fait repérer, elle est aussitôt bruyamment attaquée et doit généralement céder. Juste après la ponte, elle pousse son cri répétitif, auquel le mâle répond.

Éliminer les rivaux dès sa naissance

L'œuf du coucou est adapté à son mode de ponte. D'abord, l'épaisseur de sa coquille est suffisante pour résister au choc consécutif à sa chute dans le nid. La femelle choisit de préférence un nid où la ponte est incomplète. Et, pour que l'œuf intrus passe encore plus inaperçu, il est d'une couleur et d'une taille proches de celles des œufs déjà présents.

La durée d'incubation de l'œuf, comprise entre 11 et 12 jours, doit toujours être légèrement inférieure à la durée d'incubation des autres œufs du nid. Si, comme c'est souvent le cas, le moment de la ponte a été judicieusement déterminé, l'œuf du coucou éclot ainsi un peu avant le reste de la couvée.

Le jeune coucou fait alors preuve d'une activité fébrile pour vider le nid en éliminant les œufs ou les tout jeunes oisillons. Si ses « parents adoptifs » le surprennent en action, ils se montrent indifférents... et parfois même coopératifs, allant jusqu'à l'aider dans sa tâche ! Il arrive que le jeune coucou ne parvienne pas à éliminer ses concurrents ; il est alors élevé avec les autres petits, mais ce cas est rare. Il s'est cependant déjà produit avec des mésanges charbonnières, des rouges-gorges et des pies-grièches grises. Si deux œufs de coucous issus de femelles différentes sont pondus dans le même nid, il s'ensuit à l'éclosion une lutte acharnée entre les deux poussins, qui peut s'achever par leur chute hors du nid.

Le coucou naît nu et aveugle. Ce sont les adultes nourriciers qui le réchauffent durant ses 5 ou 6 premiers jours, cessant dès qu'il ouvre les yeux, excepté la nuit ou par mauvais temps. Au bout de 4 jours, l'oisillon commence à pousser de petits cris lorsqu'il a faim. Ces cris, très sonores dès la première semaine, associés à la vive coloration rouge-orangé de son gosier, constituent un puissant stimulus qui incite les « parents adoptifs » à nourrir une seule bouche avec autant d'application que pour les 5 ou 6 qui devraient normalement leur incomber.

Si le jeune coucou, prenant du poids, n'écrase pas son propre nid d'accueil, il l'abandonne au bout de 3 semaines. Mais de 34 à 65 % des jeunes périssent avant d'en arriver là. En effet, le tapage qu'ils font pour réclamer leur nourriture attire de nombreux prédateurs.

Quatre jours pour vider le nid

Quatre jours pour vider le nid



Différents ornithologues ont observé comment le jeune coucou vide le nid pour s'y réserver l'unique place.

Il se met à la tâche quelques heures seulement après son éclosion (au bout de 8 à 10 heures, parfois moins). Il se glisse sous l'œuf ou sous l'oisillon à éliminer. Son dos est légèrement concave pour que l'œuf ou le poussin s'y cale bien. Puis le jeune coucou s'arc-boute sur sa tête et sur ses pattes, escalade le nid à reculons en marquant quelques pauses, puis fait basculer son fardeau par dessus bord ! En moins de 4 heures, le nid est à lui.

Il semble que ce soit la peau du dos de l'animal, ultrasensible au toucher, qui déclenche le réflexe d'éjection. Cette sensibilité disparaît quand les premières plumes commencent à pousser, vers 4 jours.

Un appétit féroce difficilement rassasié

Lorsque le jeune coucou a mené à bien l'opération de « vidage » du nid, les parents adoptifs involontaires n'ont plus qu'une seule bouche à nourrir. Mais quelle bouche ! Doté d'un appétit féroce, le coucou absorbe sans difficulté une quantité de nourriture qui suffirait à 4 ou 5 autres oisillons. D'où une croissance spectaculaire. Pesant 2,6 g à l'éclosion, le coucou atteint 75 g environ en 14 jours et acquiert pratiquement son poids adulte (une centaine de grammes) à la fin de la troisième semaine. Il vit alors hors du nid.

Plus de 100 espèces d'oiseaux sont susceptibles de devenir des « parents adoptifs » du coucou gris. Par exemple, en Grande-Bretagne, 10 % des jeunes coucous naissent chez le pipit farlouse (Anthus pratensis), 17 % chez la rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) et 41 % chez l'accenteur mouchet (Prunella modularis). Il se peut néanmoins que ces chiffres soient faussés par le fait que les nids étudiés sont souvent les plus aisés à découvrir. Le rouge-gorge (Erithacus rubecula) est également un hôte régulier, comme le petit (9 g à l'âge adulte) troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes). En France et en Belgique, les coucous sont aussi élevés par le phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), la bergeronnette grise (Motacilla alba) ou la bergeronnette printanière (Motacilla flava).

Des choix surprenants et... fatals !

Les hôtes habituels du coucou sont de petits passereaux insectivores. Mais, parfois, le jeune naît chez des parents adoptifs inappropriés dont la nourriture ne convient pas au coucou, par exemple chez certains petits passereaux granivores (mangeurs de graines) ou encore, selon l'ornithologue suisse Paul Géroudet, chez la poule d'eau, le grèbe castagneux et le pluvier, qui vivent dans les herbes des étangs et des marais. Ces erreurs, qui conduisent à la mort du poussin, sont sans doute dues au manque d'expérience de la femelle ou à l'absence de nid convenable au moment où elle est prête à pondre.

Le comportement des parents nourriciers est très variable selon leur espèce et, par conséquent, selon leur taille. Certains sont effrayés par ce petit de 3 semaines beaucoup plus gros qu'eux. De plus, les deux membres du couple réagissent parfois différemment. Ainsi, chez un couple de pipits farlouses de l'île de Bréhat, l'un abordait le coucou hardiment, tandis que l'autre hésitait longtemps avant d'enfourner la becquée dans le gosier géant ; ce qui lui valait chaque fois un bon coup de bec sur la tête !

Entre 12 jours et 6 semaines après l'éclosion, le coucou devient indépendant et commence sa vie de solitaire, errant quelque temps dans les bois alentour avant d'entreprendre sa première migration pour hiverner en Afrique.

Pour tout savoir sur le coucou

Coucou gris (Cuculus canorus)

Des ailes pointues et une envergure de 60 cm pour un poids d'une centaine de grammes donnent au coucou une capacité voilière permettant les voyages au long cours. En revanche, ses pattes sont plutôt courtes – il se déplace rarement à terre. La conformation zygodactyle de ses doigts, opposés deux à deux comme ceux des perroquets, lui assure une bonne prise sur les plus petites branches.

Le coucou gris est un oiseau de taille moyenne, 35 cm de long, ce qui le situe entre le pigeon et la tourterelle. Les pattes et le cercle orbital jaune vif contrastent avec le plumage gris souris, faisant alterner les rayures blanches et noirâtres sur le ventre. Excepté dans le cas des femelles au plumage dit « hépatique » (brun-roux et non gris), mâle et femelle sont indiscernables, si ce n'est par une légère différence de taille. Les jeunes se distinguent des adultes par le fin liseré blanchâtre qui termine certaines de leurs plumes.

Le coucou gris ressemble étonnamment à certains petits rapaces tels le faucon crécerelle ou l'épervier d'Europe : même taille, même tonalité générale et mêmes barres sombres sur le plumage. Une telle ressemblance engendre des inconvénients apparemment aussi nombreux que les avantages. Les vrais rapaces s'y méprennent et n'attaquent pas le coucou. En revanche, les petits passereaux, eux, les confondent, et leur effroi peut trahir leur présence et l'emplacement de leurs nids. Toutefois cette méprise attire aussi sur le coucou la vindicte de nombreuses autres espèces d'oiseaux qui l'accueillent à coups de bec.

Le chant du coucou est très distinctif. Sonore et clair, le « cou-cou » bien connu du mâle est aussi efficace pour attirer les femelles que pour éloigner les rivaux. Chaque note double est séparée de la précédente par une seconde à une seconde et demie, la série comportant de 10 à 20 émissions. La réponse de la femelle, plus rare, consiste en une succession rapide de sons descendants.

De fin juillet pour les adultes (surtout début août) au début d'octobre pour les plus jeunes, les coucous gris partent vers le sud pour hiverner. Les vols sont principalement nocturnes. Quels que soient son âge, son sexe ou le continent qu'il habite, le coucou est un migrateur solitaire. Il vole parfois en compagnie d'autres coucous, mais ces groupes sont provisoires et fortuits. Au printemps, les jeunes nés l'année précédente reviennent plus tard que les adultes.

Comme tous les oiseaux migrateurs, le coucou prend des forces avant d'entreprendre ses épuisants périples et se gave de nourriture afin d'accumuler des réserves énergétiques suffisantes sous forme de graisse. Celle-ci sera ensuite « brûlée » par le travail musculaire soutenu. La prise de poids, répartie sur une période de deux semaines environ, peut approcher la valeur étonnante de 75 % du poids initial. Un oiseau pesant en temps normal 93 g, par exemple, atteint après son « régime » 161 g ! Les coucous ainsi préparés sont capables de couvrir des distances de 4 000 ou 5 000 km !

Huit sous-espèces

L'aire de répartition du coucou gris est vaste. Ses sous-espèces diffèrent les unes des autres par des détails : de taille, de longueur d'ailes, de couleur du plumage ou des pattes.

Cuculus canorus canorus est réparti dans l'Europe et l'ouest de la Sibérie.

Cuculus canorus bangsi vit dans la péninsule Ibérique et en Afrique du Nord.

Cuculus canorus kleinschmidti, sous-espèce la moins répandue, ne se rencontre qu'en Corse et en Sardaigne.

Cuculus canorus telephonus, Cuculus canorus fallax, Cuculus canorus bakeri et Cuculus canorus subtelephonus sont répartis en Asie.

Le coucou d'Afrique – présent de la Gambie au Soudan, ainsi qu'au nord de l'Afrique du Sud –, jadis considéré comme une autre sous-espèce du coucou gris (Cuculus canorus gularis), a été élevé au rang d'espèce à part entière : Cuculus gularis.

          

COUCOU GRIS

Nom :

Cuculus canorus

Famille :

Cuculidés

Ordre :

Cuculiformes

Classe :

Oiseaux

Identification :

Taille moyenne (35 cm de long), longue queue, ailes pointues, courtes pattes, gris ou brun

Envergure :

De 55 à 60 cm

Poids :

De 100 à 130 g

Répartition :

Europe, Afrique du Nord, Asie

Habitat :

Varié ; bois, bocage, marais, steppe...

Régime alimentaire :

Insectes, préférence pour les chenilles velues

Structure sociale :

Complexe, polygame

Maturité sexuelle :

À 1 ou 2 ans

Saison de reproduction :

Printemps, de la mi-avril à la fin de juillet

Durée d'incubation :

11 jours et demi

Poids de l'œuf :

3,5 g

Nombre de jeunes :

De 8 à 12, dans des nids différents

Longévité :

12 ans au maximum

Effectifs, tendances :

Plusieurs millions — effectifs européens compris entre 8,4 millions et 17 millions d'individus

Statut, protection :

Espèce protégée, inscrite à l'Annexe III de la Convention de Berne ; rencontre des problèmes en Afrique, liés à la chasse et aux insecticides

 

Signes particuliers

Œil

Il change de couleur en fonction de l'âge et parfois du sexe, mais aussi d'un individu à l'autre. L'iris de l'adulte est jaune, rarement rouge-orangé. Les femelles brunes ont parfois l'iris gris clair ou noisette. L'œil du jeune, d'abord gris ou brun, passe par toutes les nuances jusqu'au jaune.

Mue

La mue des plumes des ailes et de la queue (plumes de vol) ne commence qu'après la migration, qui conduit le coucou en Afrique ou en Asie sud-orientale. Ainsi affronte-t-il le voyage en pleine possession de ses capacités voilières, sans une plume en moins.

Bec

Le poussin du coucou possède une cavité buccale à la fois très large, par comparaison avec l'espèce hôte, et brillamment colorée, dans des tons allant de l'orange au rouge et présentant des taches plus claires et très visibles. Coloration et taches agissent comme un stimulus puissant sur le parent nourricier, l'incitant à alimenter le jeune coucou au bec toujours grand ouvert. Et ses piaillements continus en augmentent l'effet. Quand le coucou grandit, il ferme plus souvent le bec. La vive coloration de la muqueuse buccale disparaît chez le coucou adulte.

Pattes

Par leur conformation, elles sont directement liées au mode de vie de l'espèce. Le coucou n'étant pas un marcheur, elles sont courtes, donc légères, ce qui constitue un avantage lors des déplacements migratoires. Leurs doigts sont opposés deux à deux afin de permettre à l'oiseau de serrer fermement une branchette ou un roseau, donc de grimper aisément, presque aussi facilement que les passereaux pourtant bien plus petits, jusqu'au nid qui recevra l'œuf parasite.

Queue

Ses dix plumes sont terminées chacune par une tache blanche parfaitement visible quand elle est dressée et étalée à la manière d'un éventail. Pour un oiseau de cette taille, les plumes de la queue ou rectrices, comme celles des ailes, sont longues et permettent à l'oiseau de brusques changements de direction lors du vol.

Les autres coucous

L'ordre des cuculiformes est constitué d'une famille unique, celle des cuculidés, divisée en 5 sous-familles. Tous les coucous ont en commun une silhouette à longue queue. Certaines espèces sont colorées ou présentent des reflets métalliques, mais la majorité arbore des teintes sombres, allant du noir au brun, en passant par le gris. Les rayures sont fréquentes. Le bec est en général pointu, légèrement incurvé, forme dénotant des oiseaux insectivores. La longueur est comprise entre 17 et 75 cm.

Sur environ 140 espèces de cuculidés, seule une cinquantaine pratique le parasitisme.

Les cuculinés

Cette sous-famille regroupe environ 54 espèces (dont le coucou gris) réparties en 13 genres. Toutes sont parasites.

Quatre genres sont particulièrement représentatifs :

Le genre cuculus

Ce genre, auquel appartient le coucou gris, comprend 16 espèces, toutes très semblables, excepté en ce qui concerne leur répartition géographique.

Le coucou pâle (Cuculus pallidus) vit en Australie, en Indonésie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et le coucou-épervier des Célèbes (Cuculus crassirostris) ne se rencontre que sur cette île. Cinq espèces sont strictement africaines : le coucou solitaire (Cuculus solitarius), le coucou de Cafrérie (Cuculus cafer), le coucou africain (Cuculus gularis), le coucou criard (Cuculus clamosus) et le coucou de Madagascar (Cuculus rochii) – qui, en dépit de son nom, vit aussi dans le centre et l'est de l'Afrique. Le petit coucou (Cuculus poliocephalus) se partage entre les continents africain et asiatique.

Le coucou oriental (Cuculus saturatus) vit en Chine ainsi qu'en Asie du Sud et du Sud-Est, régions où il côtoie le coucou à ailes courtes (Cuculus micropterus) et le coucou fugitif ou coucou de Hodgson (Cuculus fugax). Le grand coucou-épervier (Cuculus sparvieroides) habite les îles Philippines, l'Himalaya et presque tout le Sud-Est asiatique. Le coucou à moustaches (Cuculus vagans), le coucou shikra (Cuculus varius), ainsi que Cuculus lepidus (anciennement Cuculus lineatus), se rencontrent en Asie du Sud-Est.

Cuculus optatus – auparavant considéré comme appartenant à l'espèce Cuculus saturatus, le coucou oriental, et d'ailleurs souvent appelé lui-même coucou oriental – a quant à lui une aire de répartition très vaste, qui s'étend de la Finlande à l'ouest jusqu'au Japon à l'est.

Le genre clamator

Il réunit 4 espèces, dont le coucou geai (Clamator glandarius). Tous ces coucous déposent leurs œufs exclusivement dans les nids de corvidés, telle la pie bavarde. Ils se rencontrent en Espagne, au nord-est et au sud de l'Afrique et du sud de la France à l'Iran.

Le genre chrysococcyx

Il regroupe 14 espèces. Ces coucous comptent parmi les plus petits oiseaux de la famille, avec 20 cm de long en moyenne. On les trouve en Afrique, en Asie et en Océanie. Ils sont colorés à l'instar du coucou foliotocol (Chrysococcyx cupreus), paré de vert et de jaune, ou du coucou cuivré ou coucou éclatant (Chrysococcyx lucidus – anciennement Chalcites lucidus), au dos vert.

Les phénicophéinés

Cette sous-famille comprend 37 espèces, dont aucune n'est parasite. Ce sont les coulicous et les malcohas : d'environ 30 cm de long, ils n'ont pas de rayures, mais un bec noir ou coloré, jaune, vert ou rouge. Ils comprennent aussi les couas des forêts de Madagascar (9 espèces). Le coua de Delalande (Coua delalandei), qui n'a pas été observé depuis 1930, est considéré comme éteint.

Répartition : coulicous dans le Nouveau Monde et malcohas dans l'Ancien Monde.

Les crotophaginés

Cette sous-famille réunit 4 espèces ; ce sont les anis, les plus éloignés des autres membres du groupe des coucous. Oiseaux non parasites.

De 35 à 40 cm ; noirs ; bec fort ; longue queue fournie.

Ils vivent en bandes, dans des nids collectifs bâtis par le groupe et pouvant recevoir une vingtaine d'œufs couvés à tour de rôle.

Répartition : Amérique.

Espèces : ani des palétuviers (Crotophaga major), de l'est du Panamá au nord de l'Argentine et à Trinidad ; ani à bec lisse (Crotophaga ani), sud de la Floride, Bahamas, Antilles ; ani à bec cannelé (Crotophaga sulcirostris), sud du Texas, Mexique, jusqu'au centre de l'Amérique du Sud. Le coucou guira ou guira cantara (Guira guira) est tout différent des anis, avec un plumage clair et une huppe. Il vit dans la pampa argentine.

Les néomorphinés

Cette sous-famille réunit 13 espèces, dont 3 pratiquent le parasitisme. Ils mesurent de 40 à 60 cm de long.

Espèces : coucou terrestre malais (Carpococcyx radiceus), le plus grand du groupe, 60 cm, est aussi le seul asiatique. Bornéo, Sumatra. Les autres sont américains : le géocoucou tacheté (Tapera naevia), du Mexique à l'Argentine ; le géocoucou pavonin (Dromococcyx pavoninus), au nord de l'Amérique du Sud ; le géocoucou faisan (Dromococcyx phasianellus), du sud du Mexique à la Colombie, Brésil, Paraguay, Bolivie.

Le grand géocoucou (Geococcyx californianus), appelé en anglais « grand coureur de route » (greater roadrunner), vit dans les zones désertiques, du sud des États-Unis au centre du Mexique. Ses performances à la course à pied lui ont valu d'être popularisé dans le dessin animé Bip Bip et Coyote des studios Warner Bros. Ces oiseaux de 48 cm, aux pattes robustes, atteignent en effet une vitesse proche de 40 km/h, leur longue queue faisant contre-poids lorsqu'ils virent brusquement. Tous les coucous terrestres se nourrissent, outre d'insectes, comme les autres espèces, de lézards et parfois de petits rongeurs qu'ils pourchassent à grandes enjambées.

Son cousin le géocoucou véloce (Geococcyx velox), plus petit, se rencontre au Mexique, ainsi qu'en Amérique centrale. Il a le même mode de vie et les mêmes aptitudes à la course (il est appelé en anglais « petit coureur de route »).

Les centropodinés

Cette sous-famille regroupe 27 espèces. Aucune ne parasite les nids d'autres oiseaux pour pondre. Ce sont les coucals. Parmi eux se trouvent les plus grands coucous.

Oiseaux terrestres, de 30 à 75 cm ; bec fort ; plumes du cou raides et clairsemées ; ongle du doigt postérieur allongé au point d'égaler et même de dépasser le pouce.

Nidification à terre ou près du sol, dans un grand nid en dôme à entrée latérale.

Répartition : de l'Afrique à l'Australie.

Espèces : coucal toulou (Centropus toulou), Madagascar ; coucal de Grill (Centropus grillii), Afrique ; coucal à nuque bleue (Centropus monachus),Afrique ; coucal faisan (Centropus phasianus), Nouvelle-Guinée, nord de l'Australie.

Milieu naturel et écologie

Les exigences modérées du coucou gris font qu'on peut le rencontrer dans une grande variété de milieux en période de nidification. À travers sa vaste aire de répartition, il n'évite que les déserts, les forêts trop épaisses, les étendues de la toundra arctique et les zones trop urbanisées. En montagne, il ne s'élève guère au-dessus de 2 500 m en Europe, et de 4 000 m en Asie, délaissant les secteurs d'altitude, pierreux et dénudés. Tous les autres milieux lui conviennent en théorie, mais il marque une préférence pour les milieux ouverts (champs, prés, friches), entrecoupés de formations boisées. Les régions marécageuses couvertes de roseaux sont particulièrement attrayantes pour l'espèce. En fait, plus qu'un certain type de paysage, c'est la qualité et la quantité des hôtes potentiels qui déterminent avant tout la présence du coucou. Durant l'hivernage, il fréquente également des milieux dégagés, pourvus d'une végétation arborée plus ou moins clairsemée, et ne pénètre pas dans les secteurs occupés par la forêt tropicale humide.

La migration

Le coucou gris est un migrateur total. Il se reproduit dans certaines zones et hiverne dans d'autres, parfois géographiquement fort éloignées. La totalité des coucous nichant en Europe et une partie de ceux d'Asie vont passer l'hiver en Afrique, dans les régions équatoriales. L'autre partie des oiseaux asiatiques (ceux de l'est du continent) hiverne dans le Sud-Est asiatique, ainsi qu'aux Philippines.

Les adultes se mettent en route dès la fin de juillet ; la majeure partie des départs a lieu dans la première quinzaine d'août et les jeunes partent dans le courant de septembre. Au printemps, les adultes reviennent dès la fin de mars. Le coucou est un voyageur au long cours. Une preuve tangible en a été fournie par un coucou bagué en 1939, à sa naissance, et repris en 1952, en Allemagne. Cet oiseau avait donc effectué 26 trajets entre l'Europe et l'Afrique, soit, au minimum, 150 000 km, l'équivalent de presque quatre fois le tour du globe !

Pour la majorité des coucous d'Europe occidentale et centrale, la voie de déplacement est, à l'automne, orientée vers le sud et surtout le sud-est. Seuls, apparemment, les oiseaux originaires de la péninsule Ibérique et ceux nichant en Afrique du Nord prennent une direction générale sud-ouest. Au printemps, le mouvement est inversé et les coucous se déplacent selon un axe compris entre le nord et le nord-ouest. À l'automne comme au printemps, le front migratoire est large car, bons voiliers, les coucous ne sont pas tributaires du relief et peuvent, par exemple, traverser la Méditerranée. L'altitude moyenne de vol lors des voyages intercontinentaux est de 300 m.

Une connaissance innée des trajets migratoires ?

Pourtant, le plus étonnant dans ce phénomène de migration du coucou réside moins dans ces prouesses que dans les modalités de la première migration des jeunes. Le décalage dans les départs entre adultes et jeunes implique obligatoirement que les jeunes coucous migrent sans être nullement guidés par les adultes, et qu'ils sont donc capables de découvrir instinctivement le trajet migratoire et la zone d'hivernage de l'espèce. Aucune explication précise n'a pu être fournie sur le sujet. Tout au plus parle-t-on de données génétiques transmises de génération en génération...

Le parasitisme

On ignore quand et pourquoi la pratique du parasitisme s'est instaurée. On sait seulement que les coucous parasites descendent d'espèces qui ne l'étaient pas. Certaines espèces conservent en effet des traits de comportement propres aux oiseaux nichant normalement : présentation de matériaux destinés au nid, nourrissage symbolique ou non de la femelle par le mâle, et même celui des jeunes après leur départ du nid.

Le parasitisme présente par ailleurs beaucoup d'inconvénients. L'œuf peut être pondu dans le nid d'une espèce non appropriée : par exemple chez des parents nourriciers granivores qui ne sauraient satisfaire le jeune coucou amateur de chenilles. Le nid est souvent abandonné par les propriétaires « flairant la supercherie ». Ainsi, le pouillot véloce, minuscule passereau nichant à terre, délaisse-t-il presque systématiquement son nid si un coucou y a déposé son œuf. La fauvette à tête noire, elle, l'éjecte souvent d'emblée. Si l'on ajoute les chutes précoces consécutives à l'écroulement d'un nid trop exigu, on peut conclure, avec Paul Géroudet, que « de toute évidence, le parasitisme n'est pas le moyen le plus simple, ni le plus avantageux de perpétuer la race ». Alors, pourquoi cette pratique ? Le mystère reste entier.

Le coucou et l'homme

Un oiseau parasite de bon augure

L'appel du coucou est l'annonce du printemps ; il est aussi l'invisible usurpateur qui se glisse dans le foyer des autres...

Deux sons et de multiples sens

Le nom du coucou présente cette singularité, parmi les noms d'oiseaux, d'être la simple retranscription, sous forme d'onomatopée, de l'élément répétitif de son chant. Dans plusieurs langues européennes, on retrouve l'onomatopée déjà employée par les Latins pour nommer l'animal : « cuculus ». Ainsi appelle-t-on cet oiseau koekoek aux Pays-Bas, kuckuck en Allemagne, cuckoo en Grande-Bretagne, cucu en Italie et cuco en Espagne. Kukushka est son nom en russe, et, au Japon, on l'a baptisé kak-ko. Très peu d'oiseaux réalisent une telle unanimité linguistique !

C'est à la fin du xviie siècle, en France, dans un texte de Marie de France, que le mot « coucou », altération du latin populaire cuculus, est attesté pour la première fois. Déjà, vers 1340, apparaît le mot « cocu », une autre variante de cuculus, pour désigner un mari trompé, par analogie avec l'oiseau dont la femelle va pondre dans le nid des autres. Albert Dauzat remarque, dans son Nouveau Dictionnaire étymologique, que le cri du coucou a souvent été interprété comme une apostrophe moqueuse à l'adresse de ceux dont il prend la place.

C'est aussi le seul nom d'oiseau devenu interjection : coucou, me voilà ! Il a donné également son nom à la primevère jaune qui, comme lui, annonce le printemps, à un avion archaïque, à une petite locomotive, à une voiture à cheval, à une montre et, bien sûr, à la fameuse horloge, accessoire indispensable du chalet suisse !

Réputation ambiguë et double image

Le coucou est associé à une symbolique ambivalente, tantôt négative, tantôt positive.

Le coucou sympathique, celui qui surgit des horloges en chantant, c'est l'oiseau qui, à l'instar des hirondelles, annonce dès la fin de mars ou le début d'avril le retour des beaux jours. C'est encore celui qui, dit-on, est présage de fortune, pour peu que l'on serre un écu au creux de sa main lorsqu'on entend son chant retentir pour la première fois de l'année.

En revanche, tout le monde redoute l'usurpateur, celui qui prend la place des oiseaux innocents et fait périr leur descendance. Ce comportement de parasite sans scrupules a fait considérer le coucou comme le vivant symbole de la cruauté.

Le coucou protégé

C'est rarement au coucou lui-même que les hommes s'en prennent, mais cet oiseau a souvent payé sa ressemblance avec certains petits rapaces. Aujourd'hui encore, en des lieux où sévissent impunément des chasseurs peu scrupuleux, les coucous sont abattus en pleine migration. Cependant, l'espèce est protégée dans de nombreuses régions du monde. Au niveau de l'Union européenne, le coucou gris est inscrit à l'Annexe III de la Convention de Berne, au titre de laquelle son exploitation est réglementée. En France, le coucou bénéficie d'une protection totale ; sa chasse est interdite.

Un léger déclin des populations a été constaté en Europe occidentale, probablement imputable à une diminution des populations des espèces hôtes du coucou. Ce phénomène a sans doute pour origine la dégradation et la diminution des habitats forestiers.