sorite
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du grec sôreitês ou sôritês, de sôros, « tas ».
Philosophie Antique
Sophisme qui joue sur l'impossibilité de déterminer exactement un seuil de passage quantitatif.
Le sorite a été inventé par le dialecticien de Mégare Eubulide et popularisé par les stoïciens. C'est à l'origine un paradoxe relatif à la constitution d'un tas, sôros, de grains, peut-être inspiré d'un paradoxe de Zénon d'Élée sur le bruit que fait un seul grain de millet en tombant d'un tas (Aristote, Physique, VII, 5, 250a19-25). Selon Eubulide, un grain de blé ne fait pas un tas, ni deux grains, ni trois, ni dix, ni même cent, car un tas suppose un grand nombre de grains. Mais si, à chaque fois que l'on ajoute un nouveau grain, on demande si on a un tas, même en arrivant à 1 000, on sera obligé de penser qu'on n'a toujours pas un tas, car il paraît absurde de dire à un moment précis que l'addition d'un seul grain a produit un tas, que par exemple 999 grains ne forment pas un tas mais que 1 000 grains forment un tas. D'autres versions existent du paradoxe, notamment celle du nombre de cheveux perdus qui permet de dire que quelqu'un est chauve(1). C'est le problème du seuil quantitatif, qui était appliqué aussi au seuil du passage de l'enfance à l'adolescence ou d'une saison à une autre.
Jean-Baptiste Gourinat
Notes bibliographiques
- 1 ↑ On trouve la traduction de plusieurs versions du sorite in Muller, R., les Mégariques. Fragments et témoignages, Vrin, Paris, 1985, pp. 79-84.
- Voir aussi : Diogène Laërce, Vie des philosophes illustres, VII, 82.
- Sextus Empiricus, Adversus Mathematicos, VIII, 11-12 ; 70.
