noachide

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Formé sur « Noé » et « -ide », du grec eidos, « apparence ».

Morale, Philosophie de la Religion, Politique

« Fils de Noé », par allusion au pacte que Dieu conclut avec Noé après le déluge ; statut que le judaïsme biblique reconnaît à l'étranger.

Les rabbins du temps du Talmud ont codifié la religion noachique en sept préceptes par lesquels tout homme peut réaliser pleinement son salut : l'interdiction de l'idolâtrie, de l'homicide, du vol, de la consommation du sang ou des parties d'un animal encore vivant, des unions matrimoniales interdites, du blasphème et, enfin, la pratique de la justice dans les jugements.

Dans le cadre de sa réflexion sur le statut de l'étranger dans le judaïsme, H. Cohen fait du noachide une notion centrale, en tant qu'elle fonde l'idée moderne du droit naturel. Il la relève d'ailleurs chez les fondateurs du droit naturel(1) : J. Selden reconnaît l'identification entre l'étranger, le noachide et l'homme pieux des nations du monde (De jure naturali et gentium juxta disciplinant Ebraeorum, Londres, 1640), et H. Grotius vante l'institution du noachide.

Le judaïsme biblique considère l'étranger comme un « fils de Noé », sujet en tant que tel de droits et de devoirs éthiques : « Le noachide n'est pas un croyant, et cependant, c'est un citoyen dans la mesure où il est résident étranger. Il est le précurseur du droit naturel pour ce qui est de l'État et de la liberté confessionnelle »(2). H. Cohen voit là une reconnaissance de l'humanité en l'homme, qui fonde l'universalité du monothéisme juif. La notion de noachide est au cœur de sa critique du Traité théologico-politique de Spinoza, qui l'ignore et réduit la visée et le but du monothéisme juif à l'établissement et à la conservation de l'État juif, s'interdisant par là de découvrir son universalité.

Sophie Nordmann

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Cohen, H., Religion de la raison tirée des sources du judaïsme, chap. VIII, PUF, Paris, 1994, pp. 177-178.
  • 2 ↑ Ibid., p. 177.

→ citoyen, droit, éthique, morale