hysteron proteron

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


En grec : « en dernier ce qui est premier ».

Philosophie Antique, Logique

Erreur logique consistant à intervertir les termes d'une succession, à « mettre en dernier ce qui est premier ».

Les Lois en donnent un exemple célèbre, lorsque l'Athénien découvre la cause de l'impiété dans l'erreur fondamentale des physiciens matérialistes, qui, inversant l'ordre des causes, mettent l'âme en dernier (hysteron), alors qu'elle est principe premier (proteron)(1). Kant a pareillement dénoncé un exemple d'hysteron proteron, qu'il qualifie de « raison renversée »(2). Il s'agit de l'erreur qui consisterait à poser comme constitutif, et non simplement régulateur, le principe de l'unité systématique de la nature : l'idée d'une unité des lois universelles de la nature, provenant d'une intelligence suprême, ne découlerait plus des progrès de la science physique elle-même, mais d'une présupposition qui entraverait la compréhension même de la nature, posant a priori ce qui est à démontrer (« cercle vicieux »). L'hysteron proteron renvoie au problème de la hiérarchisation des causes matérielles et finales(3) : c'est le finalisme platonicien qui fait de la position matérialiste un hysteron proteron. Kant surmonte le problème par la téléologie, simple « représentation » d'une fin.

En littérature, l'hysteron proteron désigne une figure de style consistant à inverser l'ordre logique d'une proposition : « Mourons et courons au combat »(4) ; « Elle l'avait revêtu d'habits au doux parfum et l'avait baigné »(5)

Christophe Rogue

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Platon, Lois, X, 891 e.
  • 2 ↑ Kant, E., Critique de la raison pure, « Du but de la dialectique naturelle de la raison humaine », (trad. Trémesaygues et Pacaud, Paris, PUF, 2001, p. 479.
  • 3 ↑ Platon, Philèbe, 26 e-27a.
  • 4 ↑ Virgile, Enéide, II, 353.
  • 5 ↑ Homère, Odyssée, V, 264.
  • Voir aussi : Decleva Caizzi, F., « Hysteron proteron. La nature et la loi selon Antiphon et Platon », in Revue de métaphysique et de morale, no 91, 1986, pp. 291-310.