harmonie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec harmonia, « juste rapport ».

Philosophie Générale, Philosophie Cognitive

Système des rapports qu'entretiennent les multiples parties d'une chose ; perception de ces rapports par un sujet.

L'harmonie est un rapport entre les éléments d'un tout, en tant que ce rapport permet à l'unité du tout d'envelopper réellement la multiplicité des parties. En ce sens, l'harmonie suppose la co-présence des éléments et leur différence effective (l'harmonie, qui est avec la mélodie et le rythme une des trois dimensions selon lesquelles la théorie classique étudie la musique, implique ainsi la perception simultanée des sons différents).

En tant qu'elle désigne l'ordre des parties ou des états d'une chose, l'harmonie confère à cette chose une forme déterminée : elle postule donc la présence d'une raison dans les choses jugées harmonieuses, et ouvre ainsi la possibilité d'une reconstruction de cette raison. Cependant, perçue avant d'être conçue, elle révèle une faculté naturelle des sujets : nous sommes capables de saisir l'harmonie, c'est-à-dire qu'elle nous affecte sensiblement et que nous sommes capables de la saisir intellectuellement.

Chez Leibniz, l'harmonie désigne le caractère ordonné du monde en tant qu'il est l'objet d'un calcul divin qui considère dans chaque essence les perfections qui rendent compte des dispositions des autres essences. La série d'essences possibles que Dieu fait passer à l'existence est donc liée par des rapports d'entre-explication (dans l'esprit divin) qui deviennent des rapports d'entre-expression (dans le monde créé). Le monde est donc harmonieux en vertu d'une harmonie dite « préétablie » qui permet de penser l'accord des substances sans passer ni par une doctrine de l'influence réelle des substances les unes sur les autres, ni par l'intervention continuelle de Dieu que demande l'occasionnalisme. Ainsi l'Harmonie préétablie, ou hypothèse de la concomittance, considère « ce parfait accord de tant de substances qui n'ont point de communications ensemble [et qui] ne saurait venir que de la cause commune »(1).

Laurent Gerbier

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Leibniz, G. W., Système nouveau de la nature et de la communication des substances (1695), édition Ch. Frémont, GF, Paris, 1994, p. 75.

→ expression, mesure, musique, ordre, raison