entendement

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Équivalent du latin intellectus, que l'on traduit aussi parfois par « intellect » (la seconde traduction a l'avantage de conserver la proximité avec l'adjectif « intellectuel »).

Philosophie Générale, Métaphysique, Philosophie Cognitive

À l'âge classique, les rapports entre entendement et volonté, puis entre ces deux facultés et l'imagination, constituent l'enjeu de l'explication de la connaissance et de la compréhension métaphysique du moi.

Dans l'héritage aristotélicien-thomiste, l'intellectus, faculté de comprendre, s'oppose aux sens ; la volonté est le sommet d'une hiérarchie d'appétits éclairée par la Raison, inclinée vers le Bien qui est de l'être. À partir d'Occam, et plus encore de Descartes, la volonté prend un tout autre statut. Elle est désormais première, illimitée, fondatrice ; l'entendement de l'homme est fini, par opposition à l'entendement infini de Dieu, et l'erreur s'explique par le fait que la volonté libre s'étend au-delà des bornes de cet entendement fini(1). Chez Spinoza, cette distinction disparaît dans la mesure où volonté et entendement se confondent, ou, plus exactement, où volonté et entendement ne sont que des termes généraux pour désigner la série des idées adéquates, d'une part, la série des volitions de l'autre(2). La controverse entre Locke et Leibniz porte également sur la définition, le pouvoir et les limites de l'entendement.

Chez Kant, l'entendement est situé entre la sensibilité et la Raison : la première, où règnent les formes a priori de l'espace et du temps, est le lieu de l'intuition ; l'entendement est l'instance où les intuitions viennent s'ordonner selon les règles des catégories ; enfin la raison, « faculté des principes » prolonge la série par des idées régulatrices.

Pierre-François Moreau

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Descartes, R., Méditations métaphysiques.
  • 2 ↑ Spinoza, B., Éthique, II.