citation

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin citare, « convoquer en justice », d'où « invoquer le témoignage de », « mentionner ».

Esthétique

Insertion d'un fragment d'œuvre au sein d'un nouveau contexte, cet emprunt devant être normalement repérable par l'interprète.

Lorsque l'on passe du niveau textuel au niveau opéral, c'est l'effectivité du lien référentiel et non la simple présence d'une réplique syntaxique qui constitue l'aspect déterminant ; celle-ci se trouve en pratique validée par l'indication de la source, le plus souvent sous forme de note. La musique offre par ailleurs une circonstance privilégiée, en raison de l'existence d'un genre « thème et variations ».

Se pose aussi la question délicate de la généralisation de la citation au-delà du domaine linguistique et notationnel. Puisqu'une peinture est dénuée d'articulation sémiotique, on ne saurait parler strictement de citation iconique, même si c'est un fait que de nombreux artistes se sont explicitement inspirés d'autres œuvres et les ont parfois utilisées littéralement, sur le mode de l'hommage, du prolongement ou du détournement. La possibilité d'une citation trans-sémiotique est encore plus problématique, en dépit des perspectives ouvertes par les procédés de numérisation.

Jacques Morizot

Notes bibliographiques

  • Compagnon, A., la Seconde main ou le travail de la citation, Seuil, Paris, 1979.
  • Goodman, N., Manières de faire des mondes, chap. 3, J. Chambon, Paris, 1992.
  • Lipman, J., et Marshall R., Art about Art, Dutton and Whitney Museum, New York, 1978.

→ post-modernisme, usage / mention

Linguistique

Moyen conventionnel au travers duquel un signe linguistique ou un ensemble de tels signes peuvent être mentionnés, plutôt qu'utilisés.

La citation appartient au langage en tant qu'il est écrit plutôt que parlé : un matériel linguistique est cité s'il se trouve entre deux guillemets. Elle tire son importance philosophique des relations étroites qu'elle entretient avec la mention. La citation permet en effet d'utiliser les signes d'un langage pour désigner d'autres signes. C'est le cas lorsqu'on formule les propriétés d'un langage objet dans un métalangage, comme dans « Paris est la capitale de la France » qui est une phrase grammaticale du français. On utilise d'autre part la citation pour rapporter les propos d'autrui. Au discours direct, les paroles sont explicitement citées, comme dans (1) « Paul a dit : “J'aime Marie.” » ; en revanche, la citation disparaît au discours indirect, comme dans (2) « Paul a dit qu'il aimait Marie ». Les rapports au discours indirect, comme ceux effectués au discours direct, sont opaques : on ne peut y substituer les termes coréférentiels salva veritate. Certains philosophes ont soutenu, pour cette raison, que le discours indirect faisait intervenir un mécanisme caché de citation(1).

Pascal Ludwig

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Davidson, D., « On Saying that », 1968, repr. et trad. par Engel, P., in Enquêtes sur la vérité et l'interprétation, Jacqueline Chambon, Paris, 1993, pp. 144-166.
  • Voir aussi : Cappellen, G., et Le Pore, E., « Varieties of Quotation », Mind, 106, 1997, pp. 429-450.

→ attitude propositionnelle, usage / mention