causalité

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Philosophie Générale, Épistémologie

Principe d'enchaînement, généralement pensé comme nécessaire, entre deux événements.

Ce principe est loin de posséder une signification unique, car les « causes » auxquelles il se réfère ont vu leur définition varier profondément au cours de l'histoire. On peut distinguer trois ensembles de questions ayant évolué historiquement : ce principe s'applique-t-il à tous les êtres uniformément ? Traduit-il l'existence d'un pouvoir effectif dans les choses, ou n'est-il qu'un outil intellectuel ? Et implique-t-il un déterminisme intégral ou non ?

Si Aristote pensait la causalité de façon plurivoque, et non strictement déterministe, l'époque classique, en revanche, avec Descartes(1), réduit la causalité physique à un pouvoir de production ou de transmission de mouvement, sur le modèle du choc. Cependant, même chez Descartes, la causalité n'est pas seulement physique : ainsi, Dieu est causa sui, et certaines idées (comme celle d'« infini ») sont « causées » en nous par Dieu(2). Chez les rationalistes classiques, la causalité devient synonyme de « raison » : le corporel est soumis à l'intelligible.

Hume opère un renversement : constatant que nous ne percevons jamais strictement ce pouvoir causal par les sens, il situe ce principe non plus dans les choses, mais dans l'imagination. Ce passage d'un statut objectif à un statut subjectif est corrélatif du passage de la causalité comme « pouvoir » producteur, à la causalité comme simple « loi » de succession, ainsi qu'en témoignent Kant, puis le positivisme du xixe s.

Cependant, même dans le cadre de cette causalité pensée comme pure relation légale, sa signification est controversée. Certains considèrent ce principe comme a priori, d'autres comme empirique. Et, surtout, sa signification classique est contestée par des épistémologues probabilistes (comme H. Reichenbach(3)) et par une partie des théoriciens de la mécanique quantique (W. K. Heisenberg, N. Bohr(4)). Aujourd'hui, les controverses sur sa signification physique sont certes moins vives, mais non résolues.

Alexis Bienvenu

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Yakira, E., La causalité : de Galilée à Kant, PUF, Paris, 1994.
  • 2 ↑ Descartes, R., Méditations métaphysiques, III.
  • 3 ↑ Reichenbach, H., « Causalité et induction », in Bulletin de la société française de philosophie, 5 juin 1937.
  • 4 ↑ Bohr, N., Physique atomique et Connaissance humaine (1958), éd. établie par C. Chevalley, 1991.
  • Voir aussi : Kistler, M., Causalité et Lois de la nature, Vrin, Paris, 2000.
  • Salmon, W., Scientific Explanation and the Causal Structure of the World, Princeton University Press, Princeton, 1984.

→ cause, force, mécanisme, probabilité, quantique (mécanique)