caractéristique

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec kharakteristikos.

Philosophie Cognitive, Logique

1. Propriété qui s'attache à une chose. – 2. Système logique servant au raisonnement (chez Leibniz).

La caractéristique d'une chose est une propriété exprimée par un prédicat qui dénote une chose. Par exemple, la caractéristique d'une boule sera nécessairement d'être circulaire et accidentellement d'être rouge.

Au xviie s., Leibniz a développé une « caractéristique universelle », système logique dont les signes représenteraient les choses elles-mêmes, et permettant de réaliser des raisonnements (sous forme de calculs logiques). Selon lui, l'arithmétique et l'algèbre étaient des échantillons de la caractéristique universelle qu'il appelait de ses vœux(1). Un projet d'une nature comparable est repris par Frege dans sa Begriffschrift(2).

Une caractéristique, si elle était possible, permettrait ainsi de raisonner sans encourir les risques sémantiques inhérents au langage ordinaire : vague, imprécision, polysémie, etc.

Roger Pouivet

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Cf. Couturat, L., la Logique de Leibniz, Alcan, Paris, 1901.
  • 2 ↑ Frege, G., Begriffschrift (1879), trad. l'Idéographie, Vrin, Paris, 1998.

→ calculabilité, machine (logique, de Turing)




caractéristique universelle


Concept proche de celui de Lingua philosophica, présent chez Kircher ou Wilkins et développé par Leibniz à la fin des années 1670.

Philosophie Moderne, Logique, Mathématiques

Pour Leibniz, calcul universel des concepts : « C'est cette langue ou caractéristique universelle, que j'ai coutume d'appeler le tableau des choses, l'inventaire des connaissances et le juge des controverses. C'est le grand organe de la raison qui portera aussi loin les forces de l'esprit que le microscope a poussé celles de la vue »(1). Grâce à cette caractéristique, « raisonner et calculer sera la même chose »(2).

Ce projet d'une ambition extrême peut être mis en œuvre dans les domaines qui s'y prêtent le mieux, parce qu'ils sont ceux où la langue est le moins équivoque : la logique et la géométrie. Un concept dérivé de la caractéristique universelle est ainsi celui de caractéristique géométrique, qui en constitue une sorte d'échantillon. Réussir à constituer la caractéristique géométrique est alors comme une preuve de la possibilité du projet général.

Il faut donc faire mieux qu'Euclide, dont l'axiomatique reste insuffisante, et que Descartes, dont l'écriture algébrique est trop liée à l'étendue des grandeurs. Il convient de réduire les Éléments à un calcul des signes et, pour cela, introduire des caractères qui ne doivent ni à l'intuition, ni aux figures. Par exemple, « “A.B” représente la situation mutuelle des points A et B, c'est-à-dire un extensum (rectiligne ou curviligne, peu importe), qui les relie »(3).

Les résultats exposés dans des fragments des années 1675-1679 restent toutefois modestes.

Vincent Jullien

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Leibniz, G. W., Ausgabe, 1679, ii, 1, pp. 557-558.
  • 2 ↑ Leibniz, G. W., Opuscules et fragments inédits, édités par L. Couturat, Paris, 1903, p. 28.
  • 3 ↑ Leibniz, G. W., La caractéristique géométrique, fragment x de l'édition Echeverria, Vrin, Paris, 1995, p. 235.