aidôs

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Mot grec pour « pudeur ».

Philosophie Antique

Pudeur ; dans le Protagoras de Platon, condition de la vie en société.

À la fin du mythe de Protagoras(1), Zeus dote tous les hommes d'aidôs et de dikè (« justice »), et par là de l'art politique qui leur faisait défaut. Aidôs et dikè répondent ici au couple homérique(2) et hésiodique(3) d'Aidôs et Némésis, où Némésis signifie la crainte du blâme d'autrui. Ce sont les conditions inséparables, affectives et sociales, de la solidarité civique et politique.

Aidôs signifie donc autant le sentiment de l'honneur, de la dignité, que la pudeur, la retenue, la honte, la crainte respectueuse : la « vergogne », dans son sens étymologique de verecundia, terme latin par lequel Cicéron traduit aidôs. Sentiment non pas seulement individuel, mais également collectif, qui qualifie les sentiments de déférence mutuelle au sein d'un groupe et renvoie à la nécessité d'obligations communes. Respect de soi-même, aidôs nomme aussi la solidarité, à la fois honneur, loyauté, bienséance collective, qui interdit certaines conduites – d'où suit le sens de « pudeur » et de « honte » : « L'aidôs, c'est en quelque sorte l'œil du témoin quand on est sans témoin – le témoin intériorisé. »(4).

Frédérique Ildefonse

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Platon, Protagoras, 320c-322d.
  • 2 ↑ Homère, L'Iliade, XIII, 122.
  • 3 ↑ Hésiode, Les Travaux et les jours, 317.
  • 4 ↑ Wolff, F., Socrate, PUF, Paris, 1985, p. 88.
  • Voir aussi : Benveniste, E., Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Minuit, Paris, 1969, II, [line] pp. 340-341.

→ éthique, politique