active / contemplative (vie)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Philosophie de la Renaissance

Opposition de deux rapports ou mondes, issue de l'Antiquité et particulièrement débattue à la Renaissance.

Le conflit entre la vie active et la vie contemplative se traduit par l'affrontement entre la tradition platonicienne et la tradition aristotélicienne, entre M. Ficin ou C. Landino, et C. Salutati, L. Bruni, L. Valla ou N. Machiavel. Cependant la vie active est progressivement considérée comme la meilleure si bien que même les partisans humaniste de la vie contemplative estiment que l'homme de lettres doit se pencher sur les textes de l'Antiquité pour intervenir activement dans la vie culturelle et politique, et s'investir dans un rôle éducatif qui vise l'épanouissement des capacités propres à l'homme en société, et non seulement l'apprentissage des disciplines. L'otium, l'oisiveté romaine, correspond, comme dans Pétrarque(1), au dialogue avec les auteurs du passé, et au tentative de les faire revivre dans le présent. De plus, la vie contemplative, n'est plus conçue comme un repli sur soi, visant la rencontre avec Dieu, mais elle est intégrée dans un processus de transformation : Comme le souligne M. Ficin(2), (3), l'homme devient, par la fusion avec Dieu, comme un second dieu. Dans cette perspective se situe l'extraordinaire reprise, sur les plans littéraire et philosophique, de l'amour platonicien, considéré comme une troisième vie, médiatrice entre la contemplation et l'action, qui opère la transformation de l'une dans l'autre.

Mais c'est la vie active se situe essentiellement sur le plan publique : le negotium devient, pour les humanistes, la catégorie centrale, se traduisant dans l'exercice de l'activité politique. Tout en reconnaissant l'excellence de la vie contemplative, C. Salutati(4) souligne qu'elle concerne très peu d'hommes, tandis que la vie active est un modèle que tous peuvent adopter. Pour L. Valla(5) le paradoxe d'Aristote est d'avoir défini l'homme comme animal politique et d'avoir pourtant préféré la vie contemplative : il faut au contraire trouver dans l'action politique et dans ses effets historiques le choix de la meilleure vie.

Fosca Mariani Zini

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Pétrarque F., Epistulae familiares, éd. V. rossi, 3 vol., Florence, 1937.
  • 2 ↑ Ficin M., Opera omnia, Bâle 1576 ; repr. éd. M. Sancipriano, 2 vol., Turin, 1959.
  • 3 ↑ Ficin M., Théologie platonicienne de l'immortalité des âmes, éd. et trad. fr. R. Marcel, 3 vol., Paris, 1964-1970.
  • 4 ↑ Salutati C., De laboribus Herculis, éd. B.L. Ullman, 2 vol., Zurich, 1951.
  • 5 ↑ Valla L., De vero et falsoque bono, éd. M. Panizza Lorch, Bari, 1970.

→ action, bien, bonheur, éthique, libre arbitre