élément

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Philosophie des Sciences

Se dit des corps simples dont les autres sont formés.

La notion de corps simple peut prêter le flanc à de nombreuses confusions et difficultés, puisqu'elle dépend de la théorie considérée. Ainsi, chez les présocratiques, l'élément, qu'il soit feu chez Héraclite ou eau chez Thalès, répond à une question concernant l'origine des choses. D'une façon générale, avec l'introduction par Empédocle, puis par Aristote, des quatre éléments (terre, eau, air, feu), il s'agit de caractériser la permanence des substances par-delà les changements apparents. La théorie alchimique met en œuvre les éléments du sel, du soufre et du mercure. Une première et profonde transformation apparaît avec Descartes, qui introduit dans son système, où la matière est identifiée à l'étendue, trois éléments, la raclure, les boules et les grosses parties, caractérisés exclusivement par leur forme et par leur mouvement. Cette structure permet, en outre, de rendre compte des phénomènes lumineux, en ce sens que le mouvement de la raclure est ce qu'on appelle lumière dans les corps lumineux (soleil, étoiles) ; les boules, ce qui permet la transmission du mouvement qu'on appelle lumière (elles constituent les cieux) ; et les grosses parties, l'opacité, c'est-à-dire l'empêchement de la transmission du mouvement qu'on appelle lumière (planète, etc.).

Une seconde transformation se met en place avec la chimie de Lavoisier fondée sur le principe de la conservation de la matière. Elle débouche, à la fin du xixe s., sur une claire distinction entre corps simples et éléments, associée à la construction de la classification périodique des éléments par Mendeleïev (1834-1907). Un élément, d'abord caractérisé par son poids atomique, puis, aujourd'hui, par son numéro atomique Z (nombre de protons dans le noyau), est ce à partir de quoi un corps simple est constitué (l'hydrogène et l'oxygène constituent l'eau – H2O). Il est bon de noter qu'un élément regroupe sous le même numéro atomique les différents isotopes de l'élément considéré, puisque les isotopes dépendent seulement du nombre des neutrons contenus dans le noyau.

Michel Blay

Notes bibliographiques

  • Aristote, De Caelo, IV.
  • Descartes, R., Principes de la philosophie, Troisième partie.