Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon

Homme politique français (Tanger 1951).

1. Dans l'aile gauche du parti socialiste

Implanté en Franche-Comté, ce diplômé de philosophie devenu journaliste et professeur de français dans l’enseignement technique suit dans l’Essonne le maire socialiste mitterrandien de Massy pour diriger son cabinet en 1978 et en être l’un des adjoints en 1983.

En effet, l’ancien leader du mouvement lycéen de mai 1968 à Lons-le-Saunier puis le militant à Besançon de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) ainsi que de la formation trotskiste de tendance lambertiste, l’Organisation communiste internationale (OCI), rejoint en 1977 les rangs de l'aile gauche du parti socialiste (PS). Il s’y oppose tant à la ligne sociale-démocrate de Michel Rocard qu’au radicalisme du Centre d'études, de recherches et d'éducation socialistes (CERES) de Jean-Pierre Chevènement, soutenant le premier secrétaire national, François Mitterrand.

En 1983, Jean-Luc Mélenchon entre au Palais-Bourbon comme député de l'Essonne, avant de siéger au Sénat en tant que représentant de ce même département de 1986 à 2010. Ministre délégué de l’Enseignement professionnel dans le gouvernement de cohabitation de Lionel Jospin de 2000 à 2002, et plus que jamais animateur des courants les plus à gauche du PS, il se mobilise, aux côtés des communistes, des altermondialistes et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), en faveur du « non » au référendum de 2005 sur le traité européen de Lisbonne.

2. Co-président du parti de Gauche

Si Jean-Luc Mélenchon apporte finalement son soutien à la candidate socialiste Ségolène Royal à l’élection présidentielle de 2007, il n'en est pas moins très critique sur sa campagne après l’échec de cette dernière. À l’issue du congrès de Reims fin 2008, il quitte le PS dont il dénonce les orientations sociales-démocrates, voire centristes. Dès novembre, il lance son propre mouvement, le parti de Gauche, officiellement fondé au début 2009, sur le modèle de la formation allemande Die Linke.

Il se rapproche dès lors du parti communiste français (PCF) avec lequel il noue un partenariat électoral dans le cadre d'un « Front de gauche ». C’est ainsi qu’en 2009, après avoir réuni plus de 8 % des voix sous son nom et les couleurs de la liste commune dans la circonscription du Sud-Ouest, il fait son entrée au Parlement européen de Strasbourg.

Au passage, l’alliance, renouvelée lors des régionales de 2010 puis des cantonales de 2011, permet au PCF d'enrayer son déclin et même de se consolider tout en donnant une visibilité et une légitimité au président de la nouvelle organisation politique. Il devient alors de plus en plus manifeste que ce dernier envisage de se présenter à la fonction suprême en 2012, ce qu'il officialise en janvier 2011 et concrétise au début de juin en négociant un accord avec l’appareil communiste.

3. Splendeurs et misères d’un candidat

De candidat marginal au début de la campagne, il accède progressivement au statut de potentiel troisième homme : escomptant infléchir plus à gauche le discours et programme du socialiste François Hollande, il dispute aussi à Marine Le Pen l’attention de l’électorat populaire et fait du duel qui l’oppose à cette dernière un véritable enjeu. Mais l’engouement suscité par sa verve et le succès de ses meetings ne l’empêchent pas d’être très nettement distancé au premier tour par la présidente du Front National. S’il hisse les voix communistes à un niveau inédit depuis 30 ans pour ce genre d’élection, il n’obtient néanmoins que 11,1 % des voix, contre 17,9 % pour celle qui fait figure de principale concurrente. La stratégie demeure cependant très claire : il en appelle aussitôt à faire barrage au président sortant Nicolas Sarkozy et à voter pour F. Hollande.

À la surprise générale, il décide de se poursuivre le bras de fer qu’il a engagé avec M. Le Pen et de se présenter aux législatives de juin à Hénin-Beaumont, dans la circonscription du Pas-de-Calais que brigue depuis des années la leader frontiste. Mais le parachutage est un échec : arrivé troisième avec à peine 21,5 % des voix, il est à nouveau très largement distancé par celle-ci (42,3 %). Il apporte un soutien de gauche républicaine sans faille au candidat socialiste P. Kemel qui l’emporte d’une centaine de voix. À l’échelle nationale, le Front de Gauche réalise un score décevant : 6,9 % des suffrages au premier tour et au total une dizaine d’élus seulement (dont 9 communistes), qui, avec l’appoint de représentants d’outre-mer, parviennent néanmoins à constituer un groupe à l’Assemblée.

4. Un tribun de gauche qui dérange

Hostile à l’orientation sociale-démocrate du nouveau pouvoir socialiste, J.-L. Mélenchon tonne dès l’été contre la politique d’austérité menée par l’exécutif, au point de gêner des députés et sénateurs communistes qui pourtant ne s’embarrassent guère pour multiplier les actes de défiance envers le gouvernement Ayrault (abstention et même opposition à maints projets de loi dans les deux chambres). Trop peu constructives à ses yeux et jugées susceptibles de favoriser la droite la plus extrême, ces charges répétées conduisent le co-fondateur du parti de Gauche et son unique représentant à l’Assemblée, Marc Dolez, à quitter le mouvement en signe de protestation à la fin de 2012.

J.-L. Mélenchon n’en poursuit pas moins sa protestation virulente et capitalise sur l’affaire Cahuzac pour en appeler de plus belle à une « VIe République ». Il organise à ce titre un grand rassemblement dit du « coup de balai » pour célébrer à sa manière le premier anniversaire de l’élection de F. Hollande. Mais il désoriente ses partisans lorsqu’il évoque la possibilité d’en devenir le futur Premier ministre, avec pour mission de mener la nouvelle politique qu’il ne cesse de prôner.

Hostile aux accords que le PS et le PC concluent dans maintes villes dans la perspective des municipales de 2014, il promeut une stratégie de rapprochement avec les écologistes – au risque de heurter ses partenaires communistes du Front de gauche. Si ceux-ci résistent plutôt dans leurs fiefs à la vague bleue du scrutin, J.-L. Mélenchon voit son analyse justifiée par le score honorable affiché par les listes que l’alliance mène avec les Verts, et notamment la conquête de Grenoble.

Réélu député européen fin mai, il échoue cependant à créer une dynamique autour de son nom et de l’opposition de gauche qu’il entend organiser contre le gouvernement Valls : les listes du Front qu’il emmène stagnent, et, avec 6,33 % des suffrages, elles ne décrochent que 4 sièges, soit un de moins qu’en 2009. Suprême affront : c’est vers un autre Front, le FN, et d’autres questions, l’identité, que se sont portés le désarroi et la colère populaires. Marqué par cet échec, déçu par les tractations entre communistes et socialistes en vue des prochains scrutins, il quitte la coprésidence du parti de Gauche – partagée avec Martine Billard, qui démissionne également – et décide de se mettre temporairement en retrait de la vie publique. Le succès du mouvement grec Syriza en janvier 2015, confirmant ses analyses, semble devoir le remettre en selle, d’autant que se concrétise un peu plus l’alliance nouée avec une partie des Verts, même si les nombreux tickets communs présentés lors des élections départementales de mars n’évitent pas aux forces de gauche un nouveau désastre.

Malgré les différends qui finissent par poindre avec C. Duflot et EELV au début du printemps 2015 et qui se développent lors de la constitution des quelques listes communes pour les élections régionales, l’attelage des Verts et du parti de Gauche survit malgré tout, mais envenime un peu plus les relations entre ce dernier mouvement et le PCF, sans pour autant enrayer la spirale du déclin : les partisans de J.-L. Mélenchon, qui, en outre, ne donne aucune consigne de vote pour le second tour dans les deux régions où le PS se retire pour que la droite républicaine puisse l’emporter sur le FN, sortent laminés du scrutin de décembre – comme, au demeurant, leurs différents partenaires.

5. Une nouvelle candidature

Court-circuitant le débat qui s’ébauche sur de possibles primaires à gauche, J.-L. Mélenchon fait savoir en février 2016 qu’il sera candidat à la prochaine élection présidentielle. Cette annonce en solo, ostensiblement détachée de tout lien avec des structures politiques, n’en reçoit pas moins le soutien de ce qui reste du parti de Gauche ainsi que de composantes du Front, voire de personnalités communistes. Mais l’appareil du PCF est hostile à l’idée d’aventure individuelle et, en juillet, après l’échec de la lutte unitaire contre la réforme du droit du travail, tirant les conséquences des désaccords, il rompt officiellement avec J.-L. Mélenchon et sa formation.

Pour en savoir plus, voir l'article France : vie politique depuis 1958.