Mathieu Kérékou

Général et homme d'État béninois (Kouarfa, province d'Atakora, vers 1933-Cotonou 2015).

1. De l’indépendance au coup d’État de 1972

Sous-lieutenant et aide de camp d'Hubert Maga au lendemain de l'indépendance du Dahomey (1961-1963), il est ensuite président du Comité militaire révolutionnaire (1967-1968). Adjoint du chef d'état-major de l'armée de terre, il s'empare du pouvoir le 26 octobre 1972, devenant président de la République et chef du gouvernement. En 1973, il crée un Conseil national de la révolution (CNR), chargé, suivant l'idéologie marxiste-léniniste, de préparer la mise en place des nouvelles institutions révolutionnaires. En 1975, il change le nom du pays en République populaire du Bénin et fait promulguer une nouvelle Loi fondamentale (1977) qui consacre son rôle prééminent à la tête de l'État. Alors qu’une tentative de coup d’État, perpétré avec l’aide du mercenaire français Bob Denard, est déjouée (janvier 1977), la répression s’abat sur l’opposition.

2. La conversion à la démocratie du « Caméléon »

Élu président de la République en 1980, réélu en 1984 et en 1989, il abandonne, constatant l'échec de l'option socialiste avec la dégradation catastrophique de la situation économique et l’intensification des manifestations populaires, toute référence au marxisme-léninisme et, dès le mois de décembre 1989, dans le sillage de la chute du mur de Berlin, accepte le retour au pluralisme : cette volteface lui vaudra le surnom de «  Caméléon ».

La « Conférence nationale » réunie en février 1990, rassemblant opposants et représentants de la société civile, inaugure ainsi un processus de démocratisation qui atteindra d’autres pays africains.

Battu par Nicéphore Soglo (qu'il avait nommé Premier ministre de la transition) lors de l'élection présidentielle de 1991, il renonce à la direction de l'État. Mais il revient au pouvoir par la voie démocratique, en remportant – toujours face à N. Soglo – l'élection présidentielle de 1996 puis celle de 2001. Ne pouvant briguer, selon les termes de la Constitution, un troisième mandat, il cède le pouvoir au vainqueur du scrutin de 2006, Yayi Boni.

Pour en savoir plus, voir l'article Bénin.