sir Joseph Banks

Naturaliste britannique (Londres 1743-Isleworth 1820).

Le 26 août 1768, l'Endeavour, navire commandé par James Cook, quitte l'Angleterre à destination des mers du Sud. Banks se trouve à bord. Ce voyage d'exploration va lui permettre d'effectuer une prodigieuse moisson d'observations scientifiques et de recueillir de très nombreux spécimens de plantes et d'animaux encore ignorés en Europe.

À peine âgé de vingt-cinq ans au début du premier voyage de James Cook, Joseph Banks est déjà connu dans les milieux scientifiques. Fils d'un riche médecin dont il a hérité quelques années plus tôt, il a passé plusieurs mois en 1766 au Labrador et à Terre-Neuve, d'où il a ramené de nombreux spécimens d'oiseaux et quelque trois cent quarante végétaux. À son retour, il s'est intéressé aux projets de Cook, dont la mission officielle était de permettre l'observation, dans le Pacifique, d'un événement astronomique rare, le passage de Vénus sur le disque solaire. L'expédition devait aussi rechercher le grand continent méridional à l'existence duquel on croyait fermement depuis l'Antiquité.

Joseph Banks fait partie de la Royal Society de Londres, la plus prestigieuse des sociétés scientifiques de l'époque, et il dispose de revenus importants ; aussi n'a-t-il aucun mal à se faire admettre à bord de l'Endeavour, au titre de naturaliste de l'expédition. Il emmène avec lui et à ses frais une petite équipe composée de huit hommes, parmi lesquels Daniel Solander, botaniste élève de Linné, et deux dessinateurs qui doivent prendre des croquis des paysages et dessiner végétaux et animaux.

Dès la traversée du golfe de Gascogne, Banks commence à recueillir des spécimens d'oiseaux marins, de poissons, de mollusques et de crustacés. À l'escale de Madère, Solander et lui herborisent dans la campagne tandis que des autochtones s'emploient à pêcher, à faire la chasse aux oiseaux et aux insectes pour que les naturalistes repartent avec un échantillonnage représentatif de la faune locale. À Rio de Janeiro, où l'Endeavour jette l'ancre le 13 novembre, les autorités portugaises refusent aux Anglais l'autorisation de prospecter les ressources naturelles. Mais, à l'escale suivante, sur la côte brésilienne, ils récoltent quantité de plantes, et une collection entière de papillons vient se poser sur le navire.

Dans la baie du Bon-Succès, en Terre de Feu, le désir d'herboriser conduit Banks et Solander à effectuer, avec l'astronome et le chirurgien de l'Endeavour, l'ascension d'une colline à l'intérieur du pays. Surpris par le froid intense, accablés de fatigue, ils doivent passer une nuit dehors. Grâce à l'énergie dont Banks fait preuve, les scientifiques en sortent indemnes, mais les deux domestiques noirs qui les ont accompagnés succombent. Après le passage du cap Horn, l'Endeavour gagne le Pacifique et parvient en avril 1769 à Tahiti, où Banks observe les coutumes des Tahitiens, essaie d'apprendre leur langue et continue aussi ses prospections zoologiques et botaniques. Il découvre de nouveaux oiseaux, parmi lesquels une perruche aux couleurs éclatantes, espèce aujourd'hui disparue.

D'octobre 1769 à avril 1770, l'Endeavour explore les deux îles de la Nouvelle-Zélande. Banks et Solander n'y repèrent pas de quadrupède sauvage, mais encore des oiseaux qu'ils ne connaissent pas : parmi eux, l'oiseau-clochette, au chant particulièrement mélodieux, et le kéa, grand perroquet, charognard à l'occasion. Cook, qui n'a toujours pas trouvé – et pour cause – le grand continent méridional recherché, dirige ensuite son bateau vers l'Australie. L'Endeavour atteint la côte est, encore inexplorée, le 28 avril. On jette l'ancre dans une baie abritée de hautes montagnes. À terre, Banks et Solander collectent une extraordinaire quantité de végétaux nouveaux. Aussi décide-t-on de nommer ce paradis des naturalistes Botany Bay (« baie de la Botanique »). Peu après avoir quitté les lieux, le navire touche un récif de corail et fait eau. Tandis que l'on répare, Cook, Banks et Solander explorent l'intérieur du pays. Ils observent des animaux étranges, tel celui qui « se meut en courant et en sautillant », qu'ils baptisent « kangourou ».

Sur la route du retour, la dysenterie et la malaria font de nombreuses victimes à bord, parmi lesquelles Sydney Parkinson, le second dessinateur de Banks. Malgré les pertes en vies humaines, le voyage, qui se termine en juillet 1771, a été une grande réussite. Les naturalistes ramènent trente mille spécimens de plantes – dont plus de mille quatre cents sont nouvelles pour la science – et quelque mille espèces d'animaux.

Des divergences de vue avec l'amirauté empêchent Joseph Banks de prendre part au deuxième voyage de Cook. L'expédition scientifique qu'il organise aux Hébrides et en Islande, de juillet à novembre 1772, est son dernier grand voyage. Le roi George III lui confie la direction de Kew Gardens, parc des environs de Londres. Banks en fait le plus grand centre botanique du monde. Devenu en 1778, président de la Royal Society, il ne cesse, jusqu'à sa mort, de participer activement au développement des sciences.