saint Hugues de Grenoble

(Châteauneuf-sur-Lers 1053-Grenoble 1132), prélat français, évêque de Grenoble (1080-1132).

Sa figure nous est connue à travers sa Vie, rédigée peu de temps après sa mort par Guigues, prieur de la Grande-Chartreuse. Son père, Odilon de Châteauneuf, était un pieux chevalier. Hugues fit des études à l'école cathédrale de Valence, où il fut remarqué par le légat pontifical Hugues de Die. Ce dernier le prit comme secrétaire et l'emmena avec lui au synode d'Avignon en 1080. À 27 ans, Hugues y fut élu évêque de Grenoble.

Dès qu'il fut installé dans son diocèse, il s'efforça d'y faire triompher les principes de la réforme grégorienne, luttant en particulier contre la simonie et le mariage des prêtres. Pour ceux d'entre eux qui acceptaient d'abandonner femmes et enfants, il fonda plusieurs collégiales de chanoines réguliers. En outre, il accueillit à Grenoble saint Bruno, ancien écolâtre de Reims, qui avait quitté le monde avec quelques compagnons, et il installa leur petite communauté dans le massif de la Grande-Chartreuse. En 1085, il consacra l'église du nouveau monastère et pourvut aux besoins matériels des Chartreux en leur faisant une large donation de terres.

Parallèlement, Hugues défendit fermement les droits de l'Église, et il fut l'homme de confiance d'Urbain II dont il fit connaître en France les lettres et les consignes. Le pontife, en retour, le soutint contre ses adversaires, Guy de Bourgogne, archevêque de Vienne, et le comte Guy d'Autun, seigneur de Grenoble, ce qui permit d'aboutir en 1105 à un accord de pacification. Au concile du Latran II, il exhorta le pape Pascal II à se montrer plus ferme face aux pressions de l'empereur Henri V, et ce dernier se vengea en le mettant au ban de l'Empire. Mais la population grenobloise se rangea derrière lui et il put bientôt se faire restituer les droits et les biens ecclésiastiques qui lui avaient été confisqués. Il embellit du reste sa cité épiscopale, y faisant construire un pont, un marché et trois hôpitaux et restaurer la cathédrale Saint-Vincent ainsi que l'église Saint-Laurent.

Aspirant à mener une vie contemplative, il demanda en 1125 l'autorisation de démissionner pour pouvoir se retirer à la Grande-Chartreuse. Mais cette autorisation lui fut refusée, compte tenu des circonstances difficiles que traversait l'Église, et il joua encore un rôle important en 1130 en soutenant le pape Innocent II, à l'occasion du schisme d'Anaclet.

Il s'éteignit en 1132 et fut canonisé deux ans plus tard par Innocent II. Son culte connut une large diffusion, en particulier grâce à l'appui des Chartreux, qu'il avait beaucoup aidés et qui le considéraient comme l'un des leurs.

Fêté le 1er avril.