John Gould

Naturaliste anglais (Lyme Regis, Dorsetshire, 1804-Londres 1881).

Le nom de Gould commence à être connu au début des années 1830 quand paraissent les premiers volumes de Une centaine d'oiseaux des monts Himalaya. Ces grands in-folio, aux magnifiques planches en couleurs, se signalent autant par leur précision scientifique que par leurs qualités artistiques. Aussi, le succès est-il immédiat : dès le départ, on atteint le chiffre – considérable pour l'époque – de trois cents souscripteurs. De tout temps, les créatures ailées ont hanté l'imagination des hommes, qui ont essayé de les représenter. Au xixe siècle s'y ajoute un intérêt nouveau pour les sciences naturelles et la faune de régions nouvellement explorées ou « exotiques ». Une centaine d'oiseaux des monts Himalaya sera acheté aussi bien par des ornithologues avertis que par des amoureux des oiseaux.

John Gould ne doit sa réussite qu'à lui-même. Ce fils d'un jardinier du château royal de Windsor est un habile taxidermiste, et il a obtenu par concours, en 1827, un emploi de naturaliste à la Société zoologique de Londres qui venait de se créer. En 1830, la Société fait l'acquisition d'une collection de spécimens d'oiseaux de l'Himalaya, dont beaucoup appartiennent à des espèces encore inconnues. Gould conçoit l'idée de rassembler ces oiseaux dans un livre. Après avoir proposé son projet à plusieurs éditeurs londoniens qui reculent devant les coûts élevés de publication d'un tel ouvrage, il décide de tenter lui-même l'aventure. Il demande à un zoologiste renommé, Vigors, de décrire les oiseaux. Lui-même dessine les esquisses, et sa jeune femme, Elisabeth, qui possède de réels dons artistiques, réalisera les illustrations.

La réussite de l'entreprise encourage Gould à mettre d'autres ouvrages en chantier. Les Oiseaux d'Europe paraissent entre 1832 et 1837. En 1834, sort une monographie des toucans ; en 1838, c'est une monographie des trogons qui voit le jour. Dans tous les cas, Gould prépare avec soin les dessins et supervise leur exécution. Il rédige les textes descriptifs, dirige la publication des albums, en assure la distribution et la vente. Cet autodidacte est un grand naturaliste : il saisit d'emblée les caractéristiques essentielles d'un oiseau, comme en témoignent ses esquisses, pleines de force et de personnalité.

Alors qu'il vient de lancer une nouvelle publication, les Oiseaux d'Australie, Gould s'aperçoit qu'il ne possède pas assez de matériaux pour réaliser sur le sujet un ouvrage exhaustif. Il arrête son travail après la deuxième livraison et va chercher sur place les renseignements qui lui manquent. Parti d'Angleterre en mai 1838 avec sa femme et l'un de ses fils, âgé de huit ans, il n'y reviendra qu'en août 1840 après avoir exploré la Tasmanie, l'Australie du Sud et la Nouvelle-Galles du Sud. Au retour, la famille, déjà nombreuse, compte un fils de plus, et John Gould a découvert de nombreuses espèces nouvelles d'oiseaux. Mais en août 1841, sa compagne et collaboratrice la plus fidèle meurt en donnant le jour à leur huitième enfant.

La publication des Oiseaux d'Australie a repris dès 1840. Elle se poursuivra jusqu'en 1848. Cet ouvrage de six cents planches est probablement le plus accompli de Gould. Sur sa lancée, celui-ci réalise une Monographie des kangourous, puis les Mammifères d'Australie en trois volumes où il prophétise notamment la disparition prochaine du thylacine, ou loup de Tasmanie, qui sera effectivement exterminé par l'homme au xxe siècle.

Devenu riche et célèbre, Gould continue pourtant à travailler d'arrache-pied, emporté par sa passion pour la gent ailée. Après les Oiseaux d'Asie, viendront encore les Oiseaux de Grande-Bretagne, dont le succès est énorme, puis les Oiseaux de Nouvelle-Guinée. La parution de cet ouvrage n'est pas achevée quand l'auteur-éditeur meurt, le 3 février 1881.

Les oiseaux-mouches à l'Exposition universelle

Les oiseaux-mouches à l'Exposition universelle



Lors de la première Exposition universelle, qui eut lieu à Londres en 1851, John Gould présentait sa magnifique collection d'oiseaux-mouches naturalisés à l'intérieur d'un bâtiment conçu à cet effet, dans le Jardin zoologique. Le 10 juin, la reine Victoria vint voir ce qui constituait l'une des grandes attractions de l'exposition et complimenta beaucoup Gould. Les oiseaux, montés sur des supports, étaient disposés dans vingt-quatre casiers qu'il avait fabriqués lui-même. L'opération fut un succès : elle lui permit de placer de nombreuses souscriptions à sa Monographie des oiseaux-mouches et de faire un bénéfice de 800 livres. Ses ouvrages se sont toujours bien vendus et tout ce que Gould entreprenait semblait se changer en or.