baron Charles De Geer
Naturaliste suédois (Finspang 1720-Stockholm 1778).
Il appartient à une illustre famille suédoise d'origine néerlandaise. Ayant reçu tout enfant en cadeau des vers à soie à élever, il prend de bonne heure l'habitude d'observer les insectes placés dans des poudriers, c'est-à-dire des petites boîtes perforées servant en temps ordinaire à renfermer la poudre alors employée au lieu de buvard. Il commence ses études à Utrecht et les continue à Uppsala, où il suit les cours de Celsius et de Linné. À partir de 1740, il entreprend de publier de courtes études entomologiques dans les Annales de l'Académie des sciences de Stockholm. Puis, ses travaux sur les insectes s'accumulent et il conçoit le grand ouvrage de sa vie, Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des insectes, dont le premier volume paraît en 1752.
Écrit en français – la langue des gens cultivés de l'époque – et dédié à la reine de Suède, le volume contient trente-sept planches gravées à partir de très beaux dessins exécutés par l'auteur lui-même. Le titre choisi pour l'ouvrage est le même que celui de l'œuvre publiée entre 1734 et 1742 et due à René Antoine Ferchault de Réaumur dont De Geer se veut le continuateur. Cependant, la démarche du Suédois est mal comprise. On accuse ses Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des insectes de n'être qu'une vile compilation de Réaumur. Les accusations dont il est l'objet ulcèrent d'autant plus De Geer qu'il sait avoir écrit une œuvre originale. Il annonce qu'il ne continuera pas les Mémoires et fait détruire par les flammes les exemplaires non encore vendus. Une fois sa déception surmontée, il reprend ses travaux, mais ne consentira à faire paraître le deuxième volume que dix-neuf ans plus tard. Les autres suivront à intervalles rapprochés et le septième et dernier sortira après la mort de l'auteur, survenue le 8 mars 1778.
De Geer n'aimait guère les classifications, il n'a d'ailleurs pas utilisé de façon systématique celle établie par Linné. Mais il lui a bien fallu cataloguer les espèces qu'il décrivait, sinon ses travaux n'auraient eu aucune valeur scientifique. Les Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des insectes contiennent la description de 1 500 espèces, dont certaines n'étaient jusque-là pas répertoriées. On y trouve une foule d'observations brillantes et détaillées sur la morphologie des insectes, sur leur vie et leurs métamorphoses. L'ouvrage est plus précis et beaucoup plus méthodique que celui de Réaumur. De Geer a classé les insectes selon la nature des ailes pour ceux en possédant et selon la nature des métamorphoses pour les autres (aptères). Son ouvrage garde aujourd'hui tout son intérêt et fait de lui le plus important et le plus connu des naturalistes suédois de son temps, après Linné.