William Morton Wheeler
Zoologiste américain (Milwaukee, Wisconsin, 1865-Cambridge, Massachusetts, 1937).
Spécialiste de l'embryologie des insectes au début de sa carrière scientifique, il s'oriente par la suite vers l'étude des insectes sociaux, en particulier des fourmis, qui constituent, selon son expression, « l'exemple le plus étonnant d'organisation et de coopération mutuelle offert par la nature ».
Son goût pour l'étude de la vie animale remonte à l'enfance. Élève turbulent, il est placé par ses parents dans un établissement scolaire de Milwaukee tenu par des Allemands et où règne une discipline très stricte. Il finit par s'en accommoder et fréquente souvent, pour se distraire, le petit muséum d'histoire naturelle tout proche dont il connaît à fond chaque spécimen.
Ses études secondaires terminées, il entame des études supérieures de sciences. Parallèlement, il donne des cours d'allemand et de physiologie au lycée de Milwaukee et fréquente le laboratoire de biologie des Grands Lacs. Intéressé par l'embryologie des insectes, il entreprend des investigations détaillées sur le développement des blattes. De 1887 à 1890, il est conservateur du Musée public de Milwaukee tout en poursuivant ses travaux personnels. La bourse dont il bénéficie ensuite pour l'université Clark de Worcester (Massachusetts) lui permet de préparer son doctorat, qu'il passe en 1892. Il complète sa formation de chercheur par une année en Europe : au laboratoire de biologie marine de Naples, il étudie les myzostomidés, petits vers marins proches des annélides.
À partir de 1893, Wheeler enseigne l'embryologie à l'université de Chicago. En 1899, il obtient la chaire de zoologie de l'université du Texas. Il commence alors ses recherches sur les fourmis. De 1903 à 1908 – année durant laquelle il préside la Société entomologique des États-Unis –, il occupe le poste de conservateur au département des invertébrés de l'American Museum of Natural History à New York, où il laisse une empreinte durable ; il augmente en effet les collections de ce département et améliore considérablement leur présentation, notamment celle des fourmis, ses insectes de prédilection, dont le musée possède alors plus de un million de spécimens provenant surtout d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud et d'Afrique. En 1908, il est nommé professeur d'entomologie à Harvard, où il passe le reste de sa carrière.
Wheeler a étudié les différentes espèces, la structure et la classification des fourmis, mais, surtout, leurs activités, leurs mœurs et leur organisation sociale. Ses travaux ont porté aussi sur leurs parasites et les types d'action que ceux-ci exercent sur leurs hôtes. Il est l'auteur de plus de cinq cents publications dont certaines, telles la Vie sociale chez les insectes (1923) ou les Insectes sociaux, leur origine et leur évolution (1928), ont attiré un large public.
Pour lui, l'élimination des plus faibles par les plus forts au moyen de la sélection naturelle est contrebalancée par une autre tendance tout aussi puissante dans la nature : celle qui conduit les organismes vivants à coopérer. La plupart des animaux et des plantes de la même espèce vivent en associations, troupeaux, colonies ou sociétés, et même les espèces dites « solitaires » font partie de groupes ou d'associations d'individus vivant dans une dépendance réciproque plus ou moins marquée, les biocénoses.