René-Aubert, seigneur et abbé de Vertot

Abbé et écrivain français (château de Bennetot, Seine-Maritime, 1655-Paris 1735).

Il embrassa l'état ecclésiastique sans vocation véritable, se fit d'abord capucin puis entra bientôt dans l'ordre moins sévère des chanoines prémontrés pour raison de santé. Successivement prieur de Joyenval, curé de Croissy-la-Garenne près de Marly, il obtint la charge de secrétaire des commandements de la duchesse d'Orléans, avec un revenu considérable et un logement au Palais-Royal, et fut élu membre de l'Académie des Inscriptions en 1703. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques, parmi lesquels Histoire des révolutions du Portugal (1689), Histoire des révolutions de Suède (1695) et Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine (1719). Il a également laissé un Traité de la mouvance de Bretagne combattant les prétentions des Bretons à se dire indépendants de la monarchie française. Écrivain d'un style aisé et élégant, l'abbé de Vertot voyait dans l'histoire une matière essentiellement littéraire, et considérait les archives comme d'« inutiles paperasses » ; ses ouvrages, appuyés sur une documentation superficielle, ne témoignent pas d'un esprit scientifique rigoureux. D'alembert raconta qu'alors que l'abbé de Vertot travaillait à une Histoire des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, il répondit à quelqu'un qui proposait de lui communiquer sur le siège de Rhodes des documents inédits qui l'auraient sans doute amené à compléter ou corriger certains passages de son ouvrage : « Mon siège est fait . »