Achille Valenciennes

Zoologiste français (Paris 1794-Paris 1865).

Il naît au Muséum national d'histoire naturelle, où son père est aide-naturaliste et où loge alors sa famille. Au collège, il brille en mathématiques et envisage d'entrer à l'École polytechnique. La mort prématurée de son père l'oblige à abandonner ses études et à commencer à travailler pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses quatre sœurs ; avant d'avoir atteint sa dix-huitième année, il devient préparateur au Muséum, c'est-à-dire que son rôle consiste principalement à empailler des mammifères et des oiseaux. Mais ses qualités le désignent très vite pour d'autres tâches. Il seconde d'abord Geoffroy Saint-Hilaire, puis Lamarck, qui commence alors son ouvrage sur les Animaux sans vertèbres et qu'il aide à classer les zoophytes et les mollusques. Ce travail attire sur lui l'attention de Cuvier. L'illustre naturaliste travaille sur le Règne animal et le charge de classer la collection d'oiseaux du Muséum, déjà riche à l'époque de près de quatre mille espèces.

Nommé aide-naturaliste en 1812, Valenciennes est associé à la chaire des reptiles et des poissons, occupée successivement par Lacepède et par Constant Duméril. Au début de sa carrière, il se voit confier la tâche de classer les animaux qu'avait décrits Humboldt durant ses voyages en Amérique tropicale de 1799 à 1803. Une amitié durable le liera au savant allemand, qui favorisera son entrée à l'Académie des sciences en 1844. Valenciennes mène de front tous ces travaux et semble éprouver le même intérêt tant pour la mammologie et l'ornithologie que pour l'ichtyologie ou l'erpétologie, c'est-à-dire l'étude des reptiles. Doué d'une prodigieuse mémoire, il retient avec une grande facilité les noms des genres et des espèces. À ses compétences en taxonomie, il ajoute un talent certain pour les descriptions. Aussi, après la mort de Lacepède, est-il choisi par Cuvier pour collaborer à son Histoire naturelle des poissons.

Il voyage en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, pour se documenter sur les poissons existant dans les musées ou les grandes collections privées. Mais il œuvre surtout au Muséum. « Placé à côté de M. Cuvier, racontera-t-il, travaillant dans son cabinet particulier, exécutant les nombreuses préparations anatomiques que notre ouvrage réclamait, disséquant les poissons en les comparant aux autres vertébrés, faisant ainsi marcher ensemble les travaux de la collection d'anatomie comparée et ceux de la zoologie, j'appliquai constamment l'une de ces sciences à l'étude de l'autre. » Le premier volume de l'Histoire naturelle des poissons paraît en 1828. On en est à huit volumes lorsque Cuvier meurt, en 1832. Valenciennes continue seul la publication jusqu'au vingt-deuxième volume, qui sortira en 1848.

En 1832, il succède à Blainville à la chaire des annélides, mollusques et zoophytes au Muséum. Sans pour autant abandonner ses autres travaux, il consacre dès lors de nombreux mémoires aux invertébrés. Il étudie notamment les nautiles, mollusques céphalopodes présents dès les premiers âges de la Terre ; les gorgones, animaux vivant en colonies dans les fonds marins ; les éponges, sur lesquelles il se propose d'écrire un important ouvrage ; celui-ci ne verra jamais le jour, sans doute parce que Valenciennes a trop d'études en chantier, d'autant qu'il est l'un des premiers à traiter les espèces fossiles en même temps que la faune actuelle. En revanche, ses travaux sur les vers parasites de l'homme auront une grande influence en pharmacologie.

Des faits et rien d'autre

Des faits et rien d'autre



Valenciennes n'était pas un penseur original et il n'eut jamais de conception très synthétique. Comme son maître, Cuvier, il privilégiait les faits par rapport aux hypothèses. Son œuvre maîtresse est l'Histoire naturelle des poissons dont il fut, à partir du neuvième volume, paru après la mort de Cuvier, le seul auteur. Il professait une grande admiration pour le naturaliste disparu et respecta avec un soin scrupuleux ses directives. Bien que resté inachevé au vingt-deuxième volume – les poissons cartilagineux ne sont pas traités –, l'ouvrage devait néanmoins faire date dans l'histoire de l'ichtyologie. C'était la première fois, en effet, que l'on décrivait les poissons de façon claire et avec exactitude, et que l'on jetait les bases de leur classification naturelle. Aujourd'hui encore, comme l'écrit Théodore Monod, « il n'est guère de laboratoire au monde où, si l'on s'occupe de la systématique des poissons, il ne soit fréquemment nécessaire de se reporter aux descriptions de Cuvier ou de Valenciennes ».