Thomas, dit Fats Waller
Chanteur, organiste, pianiste et compositeur de jazz américain (New York 1904-Kansas City 1943).
Une des plus fortes personnalités du jazz, il est le grand maître du piano stride. Compositeur fécond, chanteur plein de fantaisie et de truculence, il a enregistré Saint Louis Blues (1926), Christopher Colombus (1936), Sweet Heartache (1937), Go Down Moses (1938), Anita (1939), Georgia on my Mind (1941), Ain't Misbehavin (1943).
Dans le New York des années 1920, on peut entendre un jeune pianiste de vingt ans participer à ces rent parties où est rassemblé l'argent nécessaire au paiement du loyer : le fringant adolescent prend aussi une part active aux cutting contests, joutes musicales entre plusieurs musiciens parmi lesquels le public désigne le vainqueur. Tout Thomas Waller apparaît dans ces pratiques : généreux et dynamique, il affichera pour devise : « Vivre la vie que j'aime ».
Organiste, il est sans doute le premier à utiliser cet instrument et à savoir l'adapter au langage jazzistique. Pianiste, sa main gauche devient célèbre par sa puissance, qui favorise de solides tremplins à une main droite brodant de délicates variations, riches d'idées et de fantaisie, parsemées d'astucieuses paraphrases. À son jeu de pianiste « orchestral » il ajoutait un « son » caractérisé par l'exploitation complète du clavier, un toucher nerveux et percussif qu'on remarque dans ses œuvres en solo ou à l'intérieur de son sextette. Inégalable meneur d'hommes, il savait soutenir et encourager ses partenaires par de solides accords et de gouailleuses ponctuations.
C'est à la tête de ce groupe (de 1934 à sa mort) qu'il connaîtra la plus grande popularité, auprès d'un public qui semblait plus apprécier le chanteur à la verve intarissable, à l'humour férocement dévastateur, tel qu'il le manifestait pour se moquer avec force mimiques et clins d'œil des rengaines à la mode, que le pianiste. Compositeur fécond, il est l'auteur de classiques tels que Honeysuckle Rose, Ain't Misbehavin', Black and Blue. Il tourne de nombreux courts-métrages et dans le film Stormy Weather peu avant de mourir dans un train, au cours de ces incessantes tournées qui l'épuisaient.