Raphaël Confiant

Écrivain français (Le Lorrain, Martinique, 1951).

Né d’une famille de mulâtres propriétaires fonciers et producteurs de rhum, fils d’instituteurs, diplômé en anglais et en sciences politiques, il s’impose, après un doctorat en langues et cultures régionales, comme chef de file du mouvement de la créolité aux côtés de Patrick Chamoiseau et du linguiste Jean Bernabé (Éloge de la créolité, 1989 ; Lettres créoles, 1991). Enseignant (à l’Université des Antilles et de la Guyane depuis 1997) et militant de l’héritage créole et de l’identité antillaise, il fonde et anime plusieurs revues et journaux (Grif an tè, premier journal entièrement en créole, 1977-1981, Antilla, Karibèl) ; membre du Groupe d’études et de recherches en espace créolophone (GEREC), il œuvre, parallèlement à son engagement syndical et politique (vice-président du Mouvement des démocrates et écologistes martiniquais – MODEMAS – de 1993 à 1996), à la promotion d’un système graphique de l’oralité créole ainsi qu’à un élargissement du lexique.

C’est dans cette langue qu’il écrit ses premiers récits (Kòd Yanm [le Gouverneur des dés], 1986), avant de passer au français avec le Nègre et l’Amiral (1988, Prix Antigone), écrit comme tous les récits qui suivront dans un français réinventé par le créole : emprunts, transpositions et inventions fantaisistes ou savantes servent l’évocation d’une Martinique d’« antan-longtemps », sensuelle et populaire, chaleureuse et mystérieuse, peuplée de personnages à la fois truculents et mélancoliques, entre excès jubilatoires et amertume, marqués par le rire, les souffrances et les rêves impossibles d’une société post-esclavagiste (Eau de café, 1991, Prix Novembre ; Commandeur du Sucre, 1994 ; le Meurtre du Samedi-Gloria, 1997, Prix RFO 1998 ; Brin d’amour, 2001 ; la Panse du chacal, 2004, Prix des Amériques insulaires et de la Guyane ; Case à Chine, 2007).