Philippe Delerm

Philippe Delerm
Philippe Delerm

Écrivain français (Auvers-sur-Oise 1950).

La route vers le succès

Fils d’enseignants originaires du Tarn-et-Garonne, Philippe Delerm connaît « une enfance très riche en présences affectueuses », à telle enseigne qu'« une des principales raisons qui [l']ont poussé à écrire, c'était de vouloir donner à [s]on tour quelque chose en échange, comme en remerciement ».

Après des études de lettres à Nanterre, il est professeur de français, affecté, en 1975, dans un collège de l’Eure, en Normandie. Pris « d’une boulimie d’activités et d’écriture », il envoie dès 1976 ses manuscrits aux éditeurs ; la Cinquième Saison est publiée en 1983. Certains de ses premiers ouvrages sont salués par la critique, mais c’est l'immense succès de librairie de la Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules (1997), un recueil de poèmes en prose voué à une diffusion confidentielle, qui lui vaut la célébrité.

Dix ans et une trentaine d’ouvrages plus tard, – romans (Il avait plu tout le dimanche, 1997 ; Quelque chose en lui de Bartleby, 2010), nouvelles (l'Envol, 1996 ; la Sieste assassinée, 2000 ; Quiproquo, 2004 ; Dickens, barbe à papa et autres nourritures délectables, 2005 ; ), essais (Les chemins nous inventent, 1999), ou livres pour enfants (En pleine lucarne, 1995 ; Elle s'appelait Marine, 1998), ce Normand d’adoption cesse d’enseigner pour se consacrer à l’écriture.

Le poète du délectable

La vie de Philippe Delerm et ses souvenirs « expliquent assez bien […] les deux pôles autour desquels gravitent [se]s pages : d'un côté, le guetteur d’enfance et de mémoire, de l’autre le buveur de petits instants découpés dans le présent ». Son succès est lié à la simplicité de ses textes qui, oscillant entre poésie et récit, fiction et réalité, évoquent tantôt la peinture d’un impressionniste, tantôt celle d’un Folon.

Cet épicurien saisit avec délectation les plaisirs simples de tous les jours, en des instantanés teintés de nostalgie ou d'humour : lire un journal en buvant son café le matin, écosser des petits pois ou rapporter un carton de gâteaux après la messe dominicale. « J’ai simplement toujours eu envie de faire des livres composés de petits textes, je n’ai pas un tempérament de romancier. En vingt ans, mon écriture a évolué. Au début, elle était très musicale, et je ne renie absolument pas cette époque. En vieillissant, on devient moins gai... donc plus drôle ! Peu à peu, la longueur s’est imposée. J’ai senti que j’avais trouvé mon style avec Mister Mouse ou la métaphysique du terrier (1994). »

Tel Proust, son auteur de prédilection, Philippe Delerm cherche à évoquer ce qu’il aime et savoure : les plaisirs de bouche, les plaisirs des yeux (Autumn, 1989, prix Alain-Fournier ; Sundborn ou les jours de lumière, 1996, Prix des libraires, la Bulle de Tiepolo, 2005 ; Paris l'instant, 2002 ; À Garonne, 2006), la famille (le Bonheur - Tableaux et bavardages, 1986). Sa langue économe et poétique, son regard distant sur la société, l’inscrivent dans la lignée d’un Christian Bobin ou d’un Éric Holder.

Depuis les années 1990, Philippe Delerm travaille étroitement avec son épouse, auteur pour la jeunesse qui, avec ses aquarelles ou ses photographies, répond à certains de ses textes. Amateur de sport (la Tranchée d'Arenberg et autres voluptés sportives, 2006), il a écrit pour l’Équipe et commenté les jeux Olympiques pour France Télévision. Il dirige par ailleurs depuis 2006 une collection sur la langue française, « Le goût des mots » (Le Seuil). En 2005, un essai, Philippe Delerm et le minimalisme positif (Rémi Bertrand), lui est consacré. Il est le père du chanteur et auteur-compositeur Vincent Delerm.

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