Peter Robinson

Homme politique nord-irlandais (Belfast 1948).

1. L'ascension

Cet agent immobilier, membre du DUP depuis l'origine du mouvement et cadre dirigeant du parti depuis 1973, entre dans l'arène publique nord-irlandaise en devenant conseiller municipal de Castlereagh dans la banlieue de Belfast en 1977, puis premier adjoint à partir de 1978, et maire de 1986 à 1988. Il conserve un mandat local jusqu'à ce que, appelé à de nombreuses autres responsabilités, il y renonce en 2007. Il arrache la circonscription de Belfast-Est à l'UUP aux élections générales de 1979 pour être régulièrement envoyé à Westminster par ses administrés. S'il démissionne de son siège à la fin de 1985 en guise de protestation contre l'accord anglo-irlandais signé par Margaret Thatcher, il est aussitôt réélu, dans le cadre d'une partielle. Membre par ailleurs de l'Assemblée d'Irlande du Nord résultant des accords de Stormont de 1998, il devient ministre du Développement régional quand l'exécutif provincial se constitue en novembre 1999 et le reste aussi longtemps que celui-ci fonctionne (jusqu'en juillet 2000, puis d'octobre 2001 à octobre 2002).

2. Au pouvoir

En 2007, après les élections régionales et l'accord de gouvernement entre Ian Paisley du DUP et Martin McGuinness du Sinn Féin, à la réinstallation de l'exécutif d'Irlande du Nord, P. Robinson obtient le portefeuille stratégique des Finances et du Personnel. Il succède au Premier ministre et chef du DUP, I. Paisley, quand, au tournant de juin 2008, ce dernier quitte sa double casquette et se retire de la vie publique. À ce titre, secondé par le républicain M. McGuinness, P. Robinson fait face à une ultime tentative de recrudescence de la violence orchestrée par des groupes paramilitaires au début du printemps 2009, mais est pris dans la tourmente du scandale politico-financier qui entoure la révélation des aventures extra-conjugales de sa femme en janvier 2010.

En retrait pour quelques semaines de la tête de l’exécutif provincial, il retrouve finalement son poste de Premier ministre au début de février, mais, objet pendant un temps de nouveaux soupçons de corruption, il perd son bastion de Belfast-Est aux élections générales du 6 mai 2010 qu'il cède à la candidate de l'Alliance Naomi Long ; dès lors, ne siègeant plus sur les bancs de Westminster, le chef du DUP fait figure de canard boiteux de son parti mais n’en garde pas moins, contre vents et marées, sa direction au même titre que celles du gouvernement provincial et de la coalition qui le soutient, elle-même reconduite lors du scrutin local de mai 2011 : avec 30 % des voix et 38 sièges au Stormont, le DUP devance toujours le Sinn Féin qui obtient près de 27 % des suffrages et 29 députés.

Le tandem qu’il forme à la tête de l’exécutif local avec M. McGuinness se succède à lui-même pour combattre la crise économique qui affecte tout particulièrement la région de Belfast et pour continuer à consolider le processus de réconciliation entre parties, malgré les heurts qui régulièrement dressent des fractions des différentes communautés les unes contre les autres. C’est sous ses auspices qu’est échangée la poignée de main historique entre la reine Élisabeth II et son comparse le 27 mai 2012. Et il joint sa voix à toutes celles qui appellent les manifestants au calme, lors des violents affrontements dont les rues de la capitale sont le théâtre en septembre et en décembre 2012 puis, dans le cadre des traditionnels défilés d’orangistes en juillet 2013, et à nouveau à la fin d’année, après une série d’attaques à la bombe à Belfast. De même, il reçoit en juin 2013 la visite du président américain B. Obama en marge du sommet du G8 que le Royaume-Uni, chargé de son organisation, décide de faire se tenir, tout aussi symboliquement, dans la province, près d’Enniskillen.

Mais les doutes que son vice-Premier ministre, M. McGuinness, se permet d’exprimer même de façon voilée sur l’impartialité de la toute nouvelle police locale au début mai 2014, lors de la garde à vue prolongée du chef du Sinn Féin et ancien porte-parole de l’IRA Gerry Adams, tendent les relations à la tête de l’exécutif provincial et en mettent un temps la composition – et le fragile équilibre – en péril.

Les incertitudes qui planent jusqu’au jour du vote sur le résultat des élections générales britanniques de mai 2015 lui font miroiter la perspective de pouvoir contribuer à la reconduction de D. Cameron et par là d’accèder à la position stratégique de « faiseur de roi », mais la nette victoire surprise des conservateurs douche cet espoir. À l’échelle de la province, son parti n’en reste pas moins en tête, conservant 8 sièges, et progressant même de 0,7 point à 25,7 % des voix. Mais survient à la fin de l’été une crise majeure, susceptible d’interrompre le processus de paix, quand l’enquête sur les assassinats, en mai puis en août, de deux anciens soldats de l’IRA laisse entrevoir l’hypothèse d’un règlement de compte interne à l’organisation terroriste pourtant officiellement démantelée. Dénonçant le possible maintien de son activité paramilitaire ou sa reconversion dans le crime organisé, les membres de l’UUP claquent la porte de l’équipe de coalition, rejoints dans leur protestation au début septembre par l’ensemble des représentants du DUP, dont P. Robinson lui-même, à l’exception de la ministre des Finances, à qui il confie l’intérim de l’exécutif, à charge pour elle de négocier avec les républicains et d’éviter que Londres ne suspende le gouvernement.

Pour en savoir plus, voir l'article Irlande du Nord.