Pauline Marois

Femme politique québécoise et canadienne (Québec 1949).

1. Un parcours tout tracé ? Formation, entrée et ascension d’un leader en politique

Venue d’un milieu modeste, Pauline Marois fait des études à l’université Laval de Québec, puis à HEC Montréal. Militante au parti québécois (PQ) indépendantiste, elle intègre les cabinets ministériels provinciaux avant d’être élue une première fois députée en 1981 et d’occuper divers ministères dans le gouvernement René Lévesque (1981-1985).

Candidate malheureuse à la présidence du PQ, défaite aux législatives de 1985, et opposée au recentrage de son parti, elle quitte un temps les premiers plans de la scène publique provinciale pour retrouver durablement un siège de député en 1988 et participer aux cabinets Jacques Parizeau puis Lucien Bouchard et Bernard Landry (1995-2003), jusqu’à occuper successivement plus d’une douzaine de portefeuilles, dont l’Éducation et les Finances. En outre, elle fait office, sous la direction du dernier, de 2001 à 2003, de vice-Premier ministre du Québec.

Réélue au Parlement provincial lors du scrutin de 2003 malgré la défaite de sa formation, elle s’emploie à incarner une ligne résolument indépendantiste mais échoue une deuxième fois à prendre les rênes du PQ en 2005. Après avoir finalement rallié l’équipe dirigée par André Boisclair, elle fait toutefois vite connaître sa décision de quitter la vie politique (2006). La démission de celui-ci un an plus tard après un nouveau revers électoral pour les indépendantistes la remet en selle. Écartant des priorités l’enjeu de la souveraineté pour axer son programme sur les questions sociales, elle présente une nouvelle fois sa candidature, engrange les soutiens et finit par accèder facilement à la « chefferie » du parti. À 58 ans, elle est la première femme à mener la formation.

À la faveur d’une législative partielle, elle retrouve en même temps les bancs de l’Assemblée provinciale quittés un an plus tôt, puis lance ses troupes dans la campagne des élections générales convoquées en décembre 2008 par le Premier ministre Jean Charest. Si ce dernier obtient alors la majorité absolue qui lui faisait défaut, le PQ remporte 51 sièges, ce qui place P. Marois à la tête du groupe parlementaire d’opposition le plus important de l’histoire du Québec. Reconduite aisément dans ses fonctions dirigeantes en 2011, elle profite de l’usure du gouvernement libéral et de la protestation étudiante (dite « printemps érable ») qui agite la province tout au long de 2012. Le va-tout politique que joue J. Charest en déclenchant un scrutin anticipé en septembre 2012 qui se retourne contre lui, ne donne, à la surprise générale, qu’une courte avance aux Péquistes (32 % des voix et 54 députés, contre 30 % et 50 pour les libéraux). Il n’empêche : c’est dès lors à P. Marois que revient la tâche de composer le nouveau gouvernement minoritaire.

2. La première femme chef du gouvernement provincial : une « Dame de béton » à la tête du Québec (2012-2014) ?

Malgré une tentative d’attentat perpétré par un forcené au soir de sa victoire, celle que sa persévérance et son parcours peuvent apparenter à une « dame de béton » devient la première femme à accèder à la tête du gouvernement provincial. Élue en définitive par défaut, elle entend tout d’abord donner des gages à ses partisans et honorer ses promesses électorales, c’est-à-dire revenir sur certaines des mesures les plus controversées de l’ancienne équipe (d’où la suppression de la hausse programmée des frais universitaires, l’abrogation de la loi limitant le droit de manifester, l’arrêt définitif de l’unique centrale nucléaire du Québec, ou encore le moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste). Ajoutées à ces premières initiatives, les dispositions qu’elle prend aussitôt pour lutter contre la corruption politique lui valent rapidement la popularité et le crédit qui lui manquaient.

Mais le budget de rigueur que l’état des comptes publics et l’affichage d’une orientation clairement orthodoxe imposent au nouveau gouvernement grève ce climat de confiance, d’autant qu’il implique de multiples ajournements des engagements électoraux péquistes : malgré la hausse du salaire minimum et le lancement de programmes environnementaux ou éducatifs, les réformes (fiscale, médicale, énergétique et sociale) demeurent limitées et peuvent paraître s’inscrire dans la continuité de celles menées par les libéraux. Les ratés de l’actualisation de la loi de protection de la langue française et le net retournement de la conjoncture économique en 2013 alimentent un peu plus le procès en amateurisme fait à la nouvelle équipe au pouvoir et à sa chef.

La gestion par P. Marois de la catastrophe ferroviaire et écologique de Lac Mégantic à l’été 2013, puis la promotion de programmes plus consensuels (autonomie des personnes âgées et handicapées, charte des valeurs et de la laïcité) redorent quelque peu l’image écornée du gouvernement au point que le grand plan de relance et d’investissement qu’il annonce en octobre pour soutenir l’activité et développer les filières d’avenir soit perçu comme essentiellement électoraliste – et annonciateur d’un scrutin anticipé destiné à donner au PQ la majorité parlementaire dont il est privé. S’appuyant sur les bons sondages dont est créditée sa formation, P. Marois dissout en mars 2014 l’assemblée. La campagne, d’abord centrée sur l’économie, les questions de société et les institutions (poursuite de la lutte contre la corruption et charte de la laïcité), réveille une question indépendantiste pourtant écartée du programme, au point d’effrayer des électeurs qui infligent à la formation et à sa dirigeante une cinglante défaite. Battue jusque dans sa circonscription, P. Marois démissionne de la tête du parti et laisse les rênes de la province aux vainqueurs du scrutin, les libéraux emmenés par Philippe Couillard.

Pour en savoir plus, voir l'article province de Québec : histoire.