Patti Smith

Poète, chanteuse et compositrice de rock américaine (Chicago, Illinois, 1946).

L'intellectuelle de la musique binaire, l'égérie du New York underground et pré-punk, la fille au curieux visage chevalin et aux longs cheveux bruns, la féministe amoureuse des hommes, bref, une des grandes figures du rock. Après une adolescence passée dans le New Jersey, Patti Smith arrive à New York en 1967, vit un temps auprès du sulfureux photographe Robert Mapplethorpe puis se rend à Paris, où elle chante dans le métro avec sa sœur (1969). De retour à New York, elle co-écrit une pièce avec son compagnon d'alors, le dramaturge et comédien Sam Shepard, compose pour le Blue Öyster Cult et collabore à des revues rock. En 1971, accompagnée par le guitariste Lenny Kaye et le pianiste Richard Sohl, elle dit ses poèmes dans une église de Manhattan, sur fond de folk surréaliste, de musique rudimentaire ou minimaliste. Ses premiers recueils (Seventh Heaven, Witt), salaces et crus, la font connaître dans les milieux littéraires spécialisés.

Poésie féminine contre machisme rock. En 1975, elle forme le Patti Smith Group avec Lanny Kaye et Richard Sohl, renforcés du bassiste Ivan Kral (ex-Blondie, futur Iggy Pop) et du batteur Jay Dee Daugherty. Un premier single (Hey Joe /Piss Factory) sort, bientôt suivi de l'album Horses (1975). Coproduit par John Cale (ex-Velvet Underground), le disque est un événement, à la charnière du rock des années 1960 et du punk en gestation. Outre une version époumonée de Gloria, des Them, elle y déroule ses vers fluides, choquants et sensuels avec une intensité émotionnelle rarissime. Cette explosion de poésie et de rock, de sensibilité écorchée et de rébellion est trop intense pour s'imposer dans les hit-parades américains (mais reçoit en France le prix de l'académie Charles-Cros). Patti Smith devient cependant une des figures de proue du féminisme dans le rock, précédant des artistes comme Nina Hagen ou Chrissie Hynde. En 1976, Radio Ethiopia (ainsi nommé par référence aux voyages de Rimbaud en Abyssinie) déroute quelque peu son public, tout en forçant l'admiration.

Exil familial. En 1977, elle se brise une vertèbre en tombant d'une scène lors d'un concert en Floride. Pendant son hospitalisation, elle termine un autre recueil de poèmes (Babel) et prépare déjà Easter, son prochain album, qui sort l'année suivante. Il contient la chanson Because The Night, sur une musique de Bruce Springsteen. Le single qui en est tiré sera le seul titre de Patti à s'imposer dans les charts. En 1979, Smith et son groupe (où s'est intégré Fred « Sonic » Smith, ex-guitariste de MC5 et compagnon de Patti) sortent Wave, produit par Todd Rundgren. Le résultat est un peu décevant, donnant l'impression que l'artiste se repose sur une formule. Le phénomène Patti Smith se dégonfle. On lui reproche des versions cavalières et massacrées des titres de Dylan (She Belongs To Me, All Along The Watchtower, Mr Tambourine Man …). Patti n'insiste pas. Elle déménage à Detroit, rend publique sa passion pour la foi catholique et décide de se consacrer à ses deux enfants. En 1988, l'ex-prêtresse du punk réapparaît pour Dream Of Life, un album assez intéressant (avec le titre phare People Have The Power) co-écrit par son mari. En 1993, affectée par la mort de ses deux amis Richard Sohl et Robert Mapplethorpe, elle remonte sur scène. Début 1996, peu après la mort de son époux, elle se produit aux côtés de Tom Verlaine en première partie de Dylan en guise d'échauffement d'une mémorable tournée européenne et sort un nouvel album Gone Again, où l'on remarque la présence de Tom Verlaine, Jeff Buckley, John Cale et de l'éternel compagnon Lenny Koye.