Mikhaïl Saakachvili

Mikhaïl Saakachvili
Mikhaïl Saakachvili

Homme d'État géorgien (Tbilissi 1967).

1. La conquête rapide du pouvoir

Issu d'une famille de l'intelligentsia géorgienne, diplômé de l'Institut international européen des droits de l'homme de Strasbourg, titulaire d'une maîtrise de droit de l'université de Columbia et docteur en sciences juridiques de l'université George Washington, il fait partie d'une nouvelle génération d'élites formée en Occident. Polyglotte, il travaille dans un cabinet d'avocats à New York quand il est recruté par un allié politique du président Edouard Chevarnardze. Rentré en Géorgie, il est élu député (1995) puis nommé ministre de la Justice en 2000 dans le gouvernement du président Chevardnadze. Ne s'estimant pas suffisamment soutenu dans sa lutte contre la corruption, il démissionne avec fracas en septembre 2001 et fonde un mois plus tard sa propre formation, le Mouvement national uni (MNU), qui devient le principal parti d'opposition. Élu à la présidence de l'Assemblée de Tbilissi (2002), il appelle à la démission du président, à la condamnation des fonctionnnaires corrompus. Rejoignant les autres partis d'opposition, il conteste la victoire du bloc pro-présidentiel « Pour une Géorgie nouvelle » aux élections législatives de novembre 2003, prend la tête de l'opposition radicale et d'un vaste mouvement de contestation populaire et pacifique – la « révolution des roses » – qui, après deux semaines de protestations massives, contraint le président Chevardnadze à quitter le pouvoir (23 novembre).

2. Un président impétueux

Élu le 4 janvier 2004 à la présidence de la Géorgie avec plus de 96 % des voix, Saakachvili devient le plus jeune président européen. Il hérite d'un pays au bord de la faillite et gangrené par la corruption. Voulant asseoir la souveraineté du pays hors de l'orbite russe, il engage des réformes économiques d'orientation très libérale susceptibles d'attirer les investissements étrangers, lutte contre la petite corruption du quotidien, mène une refonte de la police et de la justice et impose une orientation européenne et atlantiste. Mais il est critiqué pour son impulsivité, son autoritarisme, ses pressions exercées contre les médias et les opposants et la présidentialisation du régime. La dispersion brutale des manifestations de masse de plusieurs mouvements d'opposition, qui, en novembre 2007, réclament des élections anticipées, achève de l'affaiblir. Après avoir accepté de remettre en jeu son son mandat présidentiel pour restaurer une légitimité écornée, il est réélu avec 53 % des voix au premier tour l'élection présidentielle anticipée du 5 janvier 2008, contestée par l'opposition. Le 21 mai suivant, son parti remporte une large victoire aux élections législatives.

3. Un bilan mitigé

Manifestant son intention de restaurer l'intégrité territoriale de son pays, Saakachvili réussit à rétablir l'autorité de l'État en Adjarie (mai 2004), mais son aventurisme dans le déclenchement de la guerre avec la Russie en août 2008 – dont les conséquences sont la perte de 20 % du territoire avec la proclamation d'indépendance des deux régions séparatistes, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie – contribue à ternir sa popularité. Critiqué pour sa propension aux chantiers pharaoniques – à l'image du complexe immobilier de luxe qu'il fait construire à Batoumi, cité vouée au tourisme –, le héros de la « révolution des roses » est également atteint par l'usure naturelle du pouvoir après neuf ans passés à la tête du pays. Le scandale de vidéos révélant l'usage de la torture en prison dix jours avant les élections législatives d'octobre 2012 achève de le discréditer : la victoire de la coalition du Rêve géorgien, assortie de la nomination de son chef, le milliardaire Bidzina Ivanichvili, met brutalement fin au monopole politique du MNU, renvoyé dans l'opposition, et initie une difficile cohabitation. Après l'échec de son allié David Bakradze à l'élection présidentielle du 27 octobre 2013 (22 % des voix), le président Saakachvili quitte son poste en novembre, lors de l'investiture de son successeur, Gueorgui Margvelachvili (62 %), le candidat du Rêve géorgien.

Pour en savoir plus, voir l'article Géorgie.