Louis Augustin Guillaume Bosc d'Antic
Naturaliste et agronome français (Paris 1759-Paris 1828).
Fils d'un médecin et maître verrier qui fréquente les savants de son temps, il perd sa mère à deux ans et a une enfance très solitaire. Il emploie ses loisirs à collectionner les pierres, les plantes, à observer les insectes. Après des études au collège de Dijon, il s'établit avec son père à Paris, où les nécessités financières le contraignent à entrer dans les bureaux du contrôle général, puis dans ceux des postes. Mais, passionné par l'histoire naturelle, il s'arrange pour suivre en même temps les cours du Jardin du Roi – qui deviendra le Muséum national d'histoire naturelle –, dirigé par Buffon. Il fait aussitôt la connaissance de Mme Roland et de son mari, qui joueront un grand rôle sous la Révolution, et se lie avec le couple. Dans le Journal de physique, il publie, au début des années 1780, un mémoire sur les moyens de conserver les chenilles et les larves d'insectes lorsqu'on les collectionne. Un mémoire, paru en 1784, sur une cochenille rare, l'Orthezia characias, attire sur lui l'attention du monde savant. Dans les années qui suivent, il rédige des notes sur les insectes, les mollusques, les oiseaux et les plantes. Il contribue à faire connaître la classification de Linné, et il est l'un des fondateurs de la Société linnéenne – devenue Société d'histoire naturelle.
Bosc d'Antic prend une part active à la Révolution à ses débuts, car les réformes projetées dans l'Administration l'enthousiasment. Il assume les fonctions de secrétaire du club des Jacobins et, en 1792, grâce à Roland, qui est alors ministre de l'Intérieur, il devient administrateur des Postes. Après la chute de ses amis politiques, les Girondins (31 mai 1793), il est obligé de se cacher pour échapper aux persécutions. Il se réfugie dans le petit ermitage de Sainte-Radegonde qu'il a acheté dans la forêt de Montmorency. De là, il s'efforce, souvent au péril de sa vie, d'aider les proscrits. Il en accueille même certains dans sa retraite et partage avec eux son maigre ordinaire : un peu de pain, quelques pommes de terre, des limaçons. Ses connaissances en botanique lui permettent d'y adjoindre des racines sauvages qu'il sélectionne soigneusement. Il apprend avec chagrin la mort de Mme Roland sur l'échafaud et de son mari, qui s'est suicidé. Pour se distraire, il travaille à une étude sur les araignées de la forêt de Montmorency. La chute de Robespierre, en juillet 1794, lui permet de revenir à Paris. Il veille à ce que la fille des Roland, Eudora, dont il est le tuteur, entre en possession de l'héritage de ses parents, et publie les Mémoires de la mère de la jeune fille. Tombé amoureux de cette dernière, il décide de partir pour l'Amérique afin d'oublier une passion que la trop grande différence d'âge rend impossible (il a près de 40 ans alors qu'Eudora n'en a que 14). Il se rend à pied à Bordeaux, se livrant en route à des recherches d'histoire naturelle. De même, pendant la traversée, entre Bordeaux et Charleston, il étudie les poissons et les mollusques. Un de ses amis lui fait obtenir un poste de consul aux États-Unis, mais, les relations diplomatiques entre ce pays et la France étant alors tendues, Bosc d'Antic n'aura pas l'occasion d'exercer ses fonctions ; du moins touche-t-il son traitement et peut-il, à Charleston et aux environs, se livrer à des recherches sur la faune et la flore de la Caroline du Sud.
De retour en France en 1798, il rapporte de nombreux spécimens d'animaux. En 1801-1802, il publie une Histoire naturelle des vers, une Histoire naturelle des coquilles et une Histoire naturelle des crustacés. Il écrit de nombreux articles pour un Dictionnaire d'histoire naturelle (1803-1804). Il collabore aussi au Nouveau Cours complet d'agriculture théorique et pratique (1809) et, de 1811 à sa mort, aux Annales de l'agriculture française, revue dont il est l'un des cofondateurs. En 1803, il est nommé inspecteur des jardins et pépinières de Versailles, et, en 1806, des jardins dépendant du ministère de l'Intérieur. Il s'efforce d'acclimater des espèces d'arbres de l'Amérique du Nord et fonde une école de botanique. De 1825 à sa mort, il est professeur de culture au Muséum.
Un savant généreux
Un savant généreux
À la fin du XVIIIe siècle, le Nouveau Monde offre encore aux naturalistes un champ d'observation quasi illimité. Bosc d'Antic rapporte de son séjour aux États-Unis, en 1796-1798, un matériel scientifique de grande valeur : parmi les animaux nouveaux qu'il décrit et dessine figurent deux quadrupèdes, quinze oiseaux, une vingtaine de reptiles, une trentaine de poissons, mille deux cents insectes, de nombreux vers, mollusques et crustacés. Avec la générosité qui le caractérise, Bosc d'Antic, à son retour en France, fait bénéficier ses amis naturalistes de ses découvertes. Les données concernant les poissons vont à Lacepède, celles sur les reptiles à Latreille, celles sur les oiseaux à Daudin, celles sur les insectes à Fabricius et à Olivier. Il se sert pour ses propres ouvrages des documents sur les mollusques, les vers et les crustacés.