Urbain Le Verrier

Astronome français (Saint-Lô 1811-Paris 1877).

En découvrant la planète Neptune exclusivement par des calculs de mécanique céleste, Urbain Le Verrier s'est acquis une renommée mondiale. Il fut aussi l'un des fondateurs de la météorologie moderne.

Le découvreur de Neptune

Issu d'une famille normande, Urbain Le Verrier étudie d'abord dans sa ville natale, puis à Caen. Il rejoint ensuite le lycée Louis-le-Grand, à Paris, et est admis en 1831 à l'École polytechnique. À sa sortie de l'École, en 1833, il opte pour l'administration des tabacs. Il en démissionne deux ans plus tard pour rejoindre le laboratoire de chimie de Louis-Joseph Gay-Lussac, où il fait d'importants travaux sur le phosphure d'hydrogène. Mais, dès 1832, il a manifesté son intérêt pour l'astronomie par la publication d'un mémoire sur les étoiles filantes. En 1837, il obtient un poste de répétiteur d'astronomie à l'École polytechnique ; il va dès lors se consacrer entièrement à cette science et plus particulièrement à la mécanique céleste. La même année, il épouse la fille d'un de ses anciens professeurs de mathématiques, dont il aura deux fils et une fille.

En 1845, François Arago l'incite à tenter de résoudre l'énigme posée par le désaccord entre les positions calculées et celles observées de la planète Uranus. Le Verrier envisage alors l'existence d'une planète inconnue, située dans le plan de l'écliptique, à l'action de laquelle seraient dues les perturbations observées dans la marche d'Uranus. Après avoir déterminé l'orbite de cette planète, il écrit au directeur de l'observatoire de Berlin, Johann Galle, en lui précisant la position que ses calculs assignent à celle-ci dans le ciel. Le 23 septembre 1846, le jour même où lui parvient la lettre de Le Verrier, Galle observe à l'emplacement prévu un astre de magnitude 8, ne figurant pas sur la carte céleste en sa possession : c'est la nouvelle planète, à laquelle va être donné le nom de Neptune. Cette découverte constitue un remarquable succès pour la mécanique newtonienne et connaît un grand retentissement.

Le directeur de l'Observatoire de Paris

Dès janvier 1846, Le Verrier a été élu à l'Académie des sciences. Sa notoriété l'amène à faire de la politique : en 1849, le département de la Manche l'envoie siéger à l'Assemblée législative. Rallié ensuite au second Empire, il est nommé sénateur en 1852, puis inspecteur général de l'enseignement supérieur. Après la mort d'Arago, il est désigné en 1854 pour lui succéder comme directeur de l'Observatoire de Paris – un poste qu'il convoitait – avec les pouvoirs étendus qu'il demande. Son œuvre majeure sera d'élaborer des théories cohérentes aptes à rendre compte des mouvements observés des planètes. Il organise aussi de façon sérieuse les observations méridiennes et crée les Annales de l'Observatoire de Paris. Enfin, à la suite d'une tempête qui, le 14 novembre 1854, provoque la perte de 41 navires dans la mer Noire, lors du siège de Sébastopol, pendant la guerre de Crimée, il jette les bases du service météorologique moderne, pour que l'on puisse prévoir de tels phénomènes : il met en place, d'abord en France puis à l'échelle de l'Europe, un réseau de stations météorologiques dont les informations sont centralisées et diffusées par télégraphie électrique ; il lance, en 1858, la publication d'un bulletin quotidien indiquant la pression atmosphérique, la température et la direction du vent relevées dans les stations ; il inaugure, en 1863, un service des avertissements aux ports ; il installe aussi un réseau d'observation des orages, etc.

Cependant, Le Verrier s'aliène la sympathie des astronomes par son caractère autoritaire et ses manières hautaines. De nombreux incidents avec ses collaborateurs, qu'il considère comme de simples exécutants, amènent finalement le gouvernement à le relever de ses fonctions en 1870. Il réintègre cependant son poste trois ans plus tard, à la suite du décès accidentel de son successeur, Charles Eugène Delaunay (1816-1872), et, malade, peut alors achever paisiblement avant de mourir des Tables de Saturne et la théorie du mouvement de Neptune.