Laurent Cantet

Cinéaste français (Melle 1961).

Fils d’un professeur de travaux manuels et d’une institutrice, Laurent Cantet grandit dans une famille qui n’a de cesse de défendre des valeurs laïques et républicaines. À vingt-trois ans, il entre à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC, aujourd’hui FEMIS), où il fonde une société de production avec quelques condisciples qui deviendront bientôt réalisateurs et avec lesquels il continuera de partager ses travaux d’écriture, comme Thomas Bardinet (le Cri de Tarzan, 1996), Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, 2000 ; Lemming, 2005), Gilles Marchand (Qui a tué Bambi ?, 2003) et Vincent Dietschy (Didine, 2008).

Diplômé de l’IDHEC en 1986, assistant de Marcel Ophüls sur Veillées d’armes (1994), Cantet ne tarde pas à se faire remarquer par la profession : son court-métrage Tous à la manif (1994), où s’exprime déjà son goût pour la question sociale, obtient le prix Jean Vigo en 1995. Jeux de plage (1995), son second court-métrage traitant des relations familiales, marque le début de sa collaboration avec l’acteur Jalil Lespert (Pas sur la bouche, Alain Resnais, 2003 ; le Promeneur du champ de Mars, Robert Guédiguian, 2005 ; le Petit Lieutenant, Xavier Beauvois, id.), qui fait là ses premiers pas à l’écran.

En 1997, dans le cadre de la collection d’Arte « 2000 vu par… », Cantet réalise les Sanguinaires, sur le thème du passage à l’an 2000. On y retrouve Jalil Lespert, lequel tournera également dans le premier véritable long-métrage du cinéaste : Ressources humaines (1999). Le film, qui pose un regard sans concession sur le monde du travail, obtient le césar de la meilleure première œuvre en 2001, tandis que Jalil Lespert décroche le prix du meilleur espoir masculin.

Avec l’Emploi du temps (2001), inspiré par l’histoire de Jean-Claude Romand – et dont Nicole Garcia tirera aussi un film (l’Adversaire, 2002) –, Cantet compose une œuvre à l’atmosphère inquiétante couronnée par le Lion de l’année à la Mostra de Venise. Quatre ans plus tard, dans Vers le sud (d’après le roman de Dany Laferrière), résolu à montrer « la misère sociale des uns et la misère sexuelle des autres », il fait se confronter deux réalités sociales – une riche touriste américaine (interprétée par Charlotte Rampling) et un jeune haïtien issu d’un milieu défavorisé – qui s’avéreront finalement inconciliables.

En 2008, adaptant pour le grand écran un roman de François Bégaudeau, Cantet signe Entre les murs. Mi-documentaire mi-fiction, le film met en scène le quotidien d’un jeune professeur de français et de sa classe de 4e, au collège Françoise-Dolto, Paris 20e. Traquant la violence et l’exclusion, montrant l'importance d'une pédagogie ouverte au dialogue, le cinéaste y interroge les rapports de force professeur/élèves et pose la question de la difficile intégration dans le corps social. Retenu in extremis pour le jury du festival de Cannes, Entre les murs obtient la Palme d’or à l’unanimité.

  • 2008 Festival de Cannes (mai) : la Palme d’or consacre le film de Laurent Cantet, Entre les murs. La dernière Palme d’or française remontait à Sous le soleil de Satan, de Maurice Pialat (1987).