Jacques Lassalle

Auteur, acteur et metteur en scène de théâtre français (Clermont-Ferrand 1936-Paris 2018).

Auteur de quelques pièces (la Madonne des poubelles, 2004) et occasionnellement acteur (le Vent de la nuit, film de Philippe Garrel, 1999), Jacques Lassalle est principalement un metteur en scène qui a, parallèlement, occupé des fonctions importantes dans le secteur du théâtre public : fondateur et directeur du Studio-Théâtre de Vitry (1967-1982), directeur du Théâtre national de Strasbourg (1883-1990), administrateur général de la Comédie-Française (1990-1993), professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique à plusieurs reprises.

Passionné par les nouvelles écritures dont il a été, un temps, au cours des années 1970, l’un des artisans avec ses premières pièces, puis l’un des metteurs en scène les plus actifs – en se mettant au service de textes de Michel Vinaver, Nathalie Sarraute ou Franz Xaver Kroetz –, il s’est de plus en plus attaché à une nouvelle mise en lumière des grands classiques.

Ses spectacles les plus importants sont sans doute Tartuffe de Molière, avec Gérard Depardieu et François Périer, à Strasbourg en 1983, La Serva amorosa de Goldoni, avec Catherine Hiegel, à la Comédie-Française en 1992, Dom Juan de Molière, avec Andrzej Seweryn et Roland Bertin, au festival d’Avignon 1993, Médée d’Euripide, avec Isabelle Huppert, au festival d’Avignon 1999, Figaro divorce de von Horváth, avec Michel Vuillermoz, à la Comédie-Française en 2008. Refusant l’héritage de la tradition, il s’adonne, à chaque mise en scène, à un examen méticuleux, quasi maniaque de l’œuvre représentée et de ses secrets. Alliant la recherche savante, fondée sur les connaissances historiques et biographiques, et la quête instinctive effectuée au jour le jour en compagnie des comédiens, il dégage des aspects négligés, souvent liés à des sentiments intimes et douloureux, dans un déroulement volontiers lent, précautionneux et musical.

Dans des livres regroupant des textes personnels ou des entretiens (Pauses, 1991), il s’est expliqué sur cette démarche qui n’aboutit pas à un style unique, comme ce peut être le cas avec des metteurs en scène soucieux de faire connaître leur « marque de fabrique », mais fait apparaître, sous la diversité des genres, un même regard angoissé sur les relations humaines, une ironie sous-tendant un sens désenchanté de la comédie et une prédilection pour un jeu qui, aux frontières du silence, refuse l’effet.