John Weller, dit Paul Weller

Chanteur et guitariste de rock britannique (Woking, Surrey, 1958).

À dix-sept ans, Weller, amoureux de rhythm and blues et de l'esthétique mods des années 1960, monte un trio, Jam. Par son énergie et sa fougue, le groupe se retrouve associé au punk. Malgré l'apparence des musiciens tirés à quatre épingles, Jam devient même l'un des fers de lance du mouvement. Pourtant, Weller ne cesse d'affirmer son admiration pour ses glorieux aînés, Pete Townshend, Ray Davies et Steve Marriott. Lentement, de banal chanteur il se métamorphose en soulman crédible, et de compositeur fruste en maître artisan de pop-songs à texte. Ces progrès fulgurants provoquent la séparation de Jam en 1982, Weller se sentant trop limité musicalement par ses deux compagnons. Il s'engage alors dans l'aventure Style Council pendant huit ans. Avec le pianiste Mick Talbot, Weller cherche, prend des risques, concoctant une forme de white swing engagé. Mais le militantisme socialisant des textes n'empêche pas toujours les disques du Style Council de flirter dangereusement avec l'insipidité de la musique d'ambiance. Dans le cœur des fans, les errements du Style Council ne parviennent pas à faire oublier la concision et la pertinence du rock de Jam.

Nostalgie maîtrisée. Après deux ans de silence et de doute, Weller resurgit en 1992, aussi svelte et élégant que jamais, à la tête d'un rutilant combo de rhythm and blues. S'inspirant désormais des meilleurs groupes progressifs anglais de la fin des années 1960, Traffic en tête — la voix du chanteur ressemble de plus en plus à celle de Steve Winwood —, Weller, enfin débarrassé de son affectation et de ses afféteries, entame une passionnante troisième étape dans sa riche carrière. Alors que tant d'artistes tentent en vain d'approcher leurs triomphes artistiques passés, Weller peut se vanter d'avoir réalisé avec Wild Wood un album qui n'a rien à envier aux meilleurs enregistrements de Jam. En mai 1997, alors qu'il fête ses vingt ans de carrière, Paul Weller épaulé par Steve White (batteur) et Marco Nelson (basse) sort Heavy Soul, où il renoue avec l'audace de ses débuts.