John J. Cale, dit J. J. Cale
Guitariste, parolier, compositeur et chanteur de rock et de blues rock américain (Oklahoma City 1938-San Diego 2013).
À peine adolescent, J. J. Cale joue de la guitare dans les fêtes de patronage du côté de Tulsa (Arizona) tout en accumulant, pour survivre, les petits boulots (cuisinier, liftier, serveur de hamburgers, livreur de fleurs dans les cimetières). En 1967, après avoir tenté sa chance comme chanteur country à Nashville, il enregistre à Los Angeles quelques 45 tours pour le label Liberty… presque en touriste : « Je composais comme j'aurais joué au golf ou pêché à la ligne. Il me semblait qu'on ne pouvait pas faire carrière dans la musique. ».
Et pourtant : lorsque Eric Clapton, l'année suivante, reprend la face B d'un de ses disques et fait de After Midnight un véritable tube aux États-Unis, J. J. Cale devient d'un coup un musicien respecté. Son premier album, Naturally, enregistré en 1972 sur le label de Leon Russell (Shelter), dévoile un style auquel notre homme restera désormais fidèle : jeu de guitare bluesy aéré et nonchalant, presque paresseux (le fameux « laidback » dont il sera le maître), accentué par une voix sourde et traînante, toujours très en avant. Épaulé par le producteur Audie Ashworth, J. J. Cale signe à Nashville, dans les années qui suivent, plusieurs disques de la même veine (Really, 1972 ; Okie, 1974) avant d'obtenir en 1976 un énorme succès international avec Troubadour (dont le tube, Cocaïne, sera là encore repris par Clapton). Devenu une véritable star, J. J. Cale éprouve alors très fort le besoin de prendre du recul et de revenir à une vie solitaire qu'il affectionne particulièrement.
L'anachorète du rock. Après avoir habité pendant un temps dans une caravane (sans adresse fixe ni téléphone), il retourne à Tulsa (où il s'est installé un petit studio), loin de l'agitation du show-biz, pour petit à petit se bâtir une réputation de vieil ours solitaire qu'il ne démentira jamais : « Je ne pouvais plus supporter cette tension. Même l'argent n'arrivait plus à me faire avaler la pilule. Le plus important, c'est de faire ce qu'on aime, quitte à gagner moins. J'ai la chance de pouvoir faire un choix. J'ai alors arrêté ma carrière. » Ne sortant de sa retraite que le temps de quelques rares concerts, accompagnés généralement de nouveaux disques espacés de plusieurs années (Number 10, son dixième album, correspond, en 1992, à ses vingt-cinq ans de carrière), ce personnage digne d'un roman américain (on songe à certains héros de Jack Kerouac, John Fante ou James Crumley) est aujourd'hui considéré comme un guitariste mythique. Il est aussi perçu comme un artiste marginal dont le jeu très original, assorti d'un art du picking très particulier et immédiatement reconnaissable, semble rester inimitable.