James Peter,dit Jimmy Giuffre

Clarinettiste, saxophoniste, flûtiste, compositeur de jazz et arrangeur américain (Dallas 1921).

Swing (au sein des grandes formations de Boyd Raeburn, Gene Roland, Jimmy Dorsey, Buddy Rich), be-bop (I'll Follow You et Bop, 1947, avec Red Norvo), cool (Four Mothers, 1951, avec le trompettiste Shorty Rogers), West Coast (Bobalob, 1953, avec le vibraphoniste Teddy Charles), « abstrait » (Abstract n° 1, 1954, avec Shorty Rogers et le batteur Shelly Manne), rhythm and blues (Big Girl, 1952, avec le contrebassiste Howard Rumsey et son Lighthouse All-Stars), third stream (Fine, 1957, avec le Modern Jazz Quartet), classique (Piece for Clarinet and String Orchestra, 1959), folk (« Western Suite », 1958), free (« Free Fall », 1962), électrique (Quasar, 1985) : des premiers arrangements pour big band (Four Brothers, 1947, pour Woody Herman) au solo a cappella (So Low, 1956) en passant par toutes sortes de trios, quartettes et duos, on trouve toutes ces musiques, tous ces styles, toutes ces couleurs et nuances, toutes ces phases d'un même continuum dans l'aventure de l'instrumentiste et organisateur de sons Jimmy Giuffre pour qui, pendant plus d'un demi-siècle, la diversité des manières, formes et outils a seulement été synonyme d'un chant sans cesse en train de s'inventer, autour d'un axe essentiel qui serait la passion du contrepoint et de ses possibilités infinies.

Une trace plurielle

Pas question, donc, de réduire l'impact de son œuvre à son presque tube The Train And The River (immortalisé dans le film Jazz à Newport de 1958) ou à sa composition Four Brothers qui allait s'imposer comme le manifeste de toute une génération de saxophonistes héritiers de Lester Young. Restera plutôt de l'art giuffrien une trace plurielle : d'une force apparemment tranquille et sans urgence, d'une écriture vouée surtout au mode mineur et jouant moins sur le cri que sur le souffle et ses exquises variations. Pourtant, la question posée par Jean-Robert Masson à la fin des années 1950 est toujours en suspens : « Mais qui donc s'intéresse à cet homme ? »