James Fletcher Henderson
Pianiste, arrangeur, compositeur et chef d'orchestre de jazz (Cuthbert, Géorgie, 1898-New York 1952).
Après avoir dirigé un orchestre au répertoire commercial, il s'imposa à partir de 1924 comme le précurseur du « big band » de jazz. Il a enregistré The Stampede (1926), King Porter Stomp (1928), Henderson Stomp (avec Benny Goodman, 1940).
Pianiste, Fletcher Henderson accompagne d'abord des chanteuses : Ethel Waters (1921-1922), Bessie Smith, Ma Rainey, puis dirige une petite formation, jouant pour la danse une musique passablement commerciale. C'est au Roseland Ballroom de New York, en 1924, que tout va changer : il forme là son premier orchestre de jazz, qui comprend deux trompettes, un trombone, trois anches, une section rythmique. Vers 1927, il détermine la composition de l'orchestre en sections d'instruments se répartissant ainsi : trois trompettes, deux trombones, trois saxophones, un piano, une contrebasse, une batterie : le grand orchestre vient de naître. La formule variera peu jusqu'à nos jours.
Servi par de talentueux arrangeurs (Don Redman, également saxophoniste ; Benny Carter ; son frère Horace, pianiste et chef d'orchestre lui aussi ; Coleman Hawkins), arrangeur dès le début des années 1930, Henderson poussa au plus haut degré de perfection la technique d'écriture pour sections séparées, inventa riffs et background destinés à soutenir/relancer ou envelopper l'intervention du soliste…
De l'automne 1924 à l'été 1925, Louis Armstrong, venu de Chicago à la demande de Fletcher, occupera une place décisive dans les rangs de l'orchestre, ainsi que Coleman Hawkins, qui s'imposera jusqu'à son départ, en 1934, comme le principal soliste. Les changements fréquents de personnel n'altèrent guère la qualité des ensembles, bien au contraire puisque chaque nouveau soliste apporte sa propre contribution, les arrangements s'organisant autour de la personnalité de chacun (Rex Stewart, Cootie Williams, Dicky Wells, Buster Bailey…).
Après une année d'interruption, Fletcher reforme un orchestre, joue en alternance au Grand Terrace Café de Chicago avec les formations de Count Basie et d'Earl Hines. Mais, en 1939, des difficultés de tous ordres l'obligent à une nouvelle dissolution ; il rejoint l'orchestre de Benny Goodman comme pianiste et arrangeur. Il avait déjà fourni au clarinettiste une série impressionnante de succès dès 1935, contribuant à lancer un autre orchestre que le sien vers une gloire qu'il ne pourra atteindre (King Porter Stomp, Blue Skies…).
Henderson réduit ses activités en 1940. Il travaille de nouveau pour Goodman en 1945, accompagne une fois encore Ethel Waters (1948-1949), et dirige un sextette lorsqu'il est frappé de paralysie partielle. Il restera longuement hospitalisé et s'éteindra deux ans plus tard. Le jeune pianiste des années 1920 demeure dans l'histoire du jazz le premier grand architecte de big band.