Jacques Tardi

Dessinateur et scénariste français de bandes dessinées (Valence 1946).

Après avoir étudié aux beaux-arts de Lyon et aux Arts décoratifs à Paris, Jacques Tardi débute dans Pilote en 1970. Deux ans plus tard, il dessine Rumeur sur le Rouergue, sa première grande histoire, sur un scénario de Christin. Il dessine la même année Adieu Brindavoine, incursion dans la Première Guerre mondiale. Puis c'est le Démon des glaces, sorte d'hommage aux gravures des éditions originales de Jules Verne et aux romans-feuilletons du début du siècle. Ces différentes influences aboutissent à la création du personnage d'Adèle Blanc-Sec en 1976.

Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec entraînent le lecteur à la veille de la Grande Guerre, sur les traces d'une héroïne indépendante et décidée, confrontée à divers monstres, savants fous et sectes d'adorateurs de divinités oubliées. L'ambiance du Paris de l'époque est particulièrement bien rendue, et les multiples rebondissements de l'histoire tiennent le lecteur en haleine. Adèle rencontre ensuite Brindavoine, qui intègre la série à partir de l'album le Noyé à deux têtes (1985). Une des aventures d'Adèle, le Mystère des profondeurs, a été prépubliée dans Libération pendant l'été 1998.

Après avoir dessiné Griffu sur un scénario de Manchette, Tardi dessine dans À Suivre à partir du premier numéro, en 1978, Ici Même, sur un scénario de Forest. En 1981, il adaptera dans le même magazine Brouillard au pont de Tolbiac, une aventure de Nestor Burma, d'après Léo Malet. Le personnage de ce détective, créé en 1943, permet à Tardi d'évoluer dans Paris et la banlieue de l'après-Seconde Guerre mondiale. Léo Malet approuve cette adaptation, bientôt suivie par de nouveaux albums (120, rue de la gare, 1988 ; Casse-pipe à la Nation, 1996), et autorise Tardi à reprendre le personnage de Burma dans des aventures inédites (Une gueule de bois en plomb, 1990).

De 1988 à 1991, Tardi illustre le Voyage au bout de la nuit, Casse-Pipe et Mort à crédit, de Louis-Ferdinand Céline, s'éloignant momentanément de la bande dessinée pour faire œuvre d'illustrateur. Fidèle à ses thèmes de prédilection, il dessine ensuite C'était la guerre des tranchées, en 1993, et la Der des ders, en 1997, sur un scénario de Didier Daeninckx.

En 1997, en compagnie du critique de cinéma Michel Boujut, Tardi écrit le Perroquet des Batignolles, un feuilleton radiophonique qui s'inscrit dans la tradition des séries « à suspense » des années 1950. Il transpose ainsi son univers de papier sur les ondes, avec un succès qui génère une suite en 1998, la Revanche du Perroquet. En 2000, la misère et l'exclusion sociale lui inspirent les dessins de la Débauche, en collaboration avec Daniel Pennac. À compter de 2001, il se lance enfin dans une nouvelle aventure en adaptant en bandes dessinées le Cri du peuple, le roman de Jean Vautrin sur la Commune de Paris : les Canons du 18 mars (2001), l'Espoir assassiné (2002), les Heures sanglantes (2003), le Testament des ruines (2004). En 2008, renouant avec le thème de la Grande Guerre, il publie Putain de guerre ! (1914 - 1915 - 1916) en collaboration avec l'historien Jean-Pierre Verney.