Helmut Kohl
Homme politique allemand (Ludwigshafen, Rhénanie-Palatinat, 1930-Ludwigshafen 2017).
1. Politique intérieure
1.1. L'engagement chrétien-démocrate
Adhérant à l'Union chrétienne-démocrate, la CDU, dès 1946, il participe à la fondation dans sa ville natale de la Junge Union, le mouvement qui rassemble les jeunes du parti. Dès lors, il gravit rapidement les échelons de la CDU : député régional à vingt-neuf ans, il devient en 1969 le plus jeune ministre-président d'un Land, la Rhénanie-Palatinat. Succédant à Rainer Barzel, il est élu président de la CDU en 1973 sur un programme politique centriste et des valeurs, celles de la petite bourgeoisie rhénane, qu'il conservera toute sa vie.
1.2. L'accession à la chancellerie (1976-1982)
Candidat à la chancellerie, il remporte, lors des élections de 1976, un succès important, mais insuffisant pour renverser la coalition sociale-libérale (SPD-FDP), et doit céder en 1980 la direction de la campagne électorale à Franz Josef Strauss, le leader de la CSU, branche bavaroise de la Démocratie chrétienne. Artisan de la restructuration du parti chrétien-démocrate dont il développe l'implantation locale, H. Kohl bénéficie cependant de l'implosion de l'alliance SPD-FDP en 1982. Le chancelier Helmut Schmidt est renversé par une motion de défiance constructive, votée par le Parlement. Le 1er octobre, Kohl lui succède à la chancellerie devenant le sixième chancelier de la République fédérale d'Allemagne. Fort du soutien des libéraux du FDP, il convoque la tenue d'élections anticipées en 1983 : sa victoire est écrasante (49 % des voix).
1.3. La consolidation budgétaire et sociale
Nouvellement élu, le chancelier promet un changement économique et socioculturel. Il applique un programme néolibéral fondé sur la baisse des dépenses publiques, la libéralisation du marché du travail et le retour aux valeurs traditionnelles. L'Allemagne connaît alors une reprise économique et renforce son statut de grande puissance.
Mais les difficultés surgissent. En 1984, IG Metall, le puissant syndicat des métallurgistes de RFA, observe une longue grève pour protester contre l'affaiblissement du pouvoir d'achat. Considérant qu'un syndicalisme fort constitue un facteur de stabilité, H. Kohl fait en sorte que l'issue du conflit permette au syndicat de sortir la tête haute. Des rumeurs, démenties, de son implication dans une affaire de corruption et de pots de vin (affaire Flick, 1983-1984), ternissent passablement son image. Tandis que la situation économique se dégrade à partir de 1986, le chancelier subit divers échecs aux scrutins régionaux. En dépit des dissensions internes à son parti qui menacent sa légitimité, le chancelier est réélu en 1987.
1.4. L'artisan de la réunification allemande
Au plus bas de sa cote de popularité dans l'opinion allemande, vilipendé le 9 novembre à Berlin lors de la chute du mur, le chancelier s'emploie à mettre en œuvre l'unification rapide des deux États allemands.
Le 28 novembre 1989, il propose un plan en dix points qui prévoit à terme un rapprochement entre la RDA et la RFA dans le cadre d'une confédération. En février 1990, il avance l'idée d'une union économique et monétaire, qui devient effective le 1er juillet de la même année : le Deutsche Mark constitue la monnaie commune aux deux États, la RDA acceptant par ailleurs le système d'économie de marché. De Mikhaïl Gorbatchev, il obtient le départ des troupes soviétiques stationnées en RDA et permet à son pays de retrouver la souveraineté (traité de Moscou, septembre 1990). Un mois plus tard, le traité d'union qui intègre la RDA et la RFA entre en vigueur, faisant de lui le chancelier de l'Allemagne unie.
2. L'engagement européen
2.1. Le renforcement de l'Allemagne sur la scène internationale
Dans un contexte de retour de la guerre froide, H. Kohl veut ancrer la RFA à l'Ouest, lors de la crise des euromissiles de 1983. À cette date, les États-Unis déploient sur le territoire ouest-allemand des fusées Pershing II. Affrontant le mécontentement des pacifistes, des écologistes et d'une partie de la jeunesse allemande, le chancelier soutient l'initiative américaine et cherche ainsi à favoriser le retour de l'Allemagne sur la scène internationale.
Par ailleurs, considérant que le poids du passé militariste de l'Allemagne pèse depuis trop longtemps sur la capacité de celle-ci à jouer à l'extérieur un rôle qui soit à la mesure de sa puissance intérieure, il autorise en 1994 la Bundeswehr à quitter le sol allemand (pour la première fois depuis 1945), afin de participer à des opérations militaires en Bosnie-Herzégovine.
2.2. La poursuite de l'amitié franco-allemande
Aux côtés de François Mitterrand, avec qui H. Kohl a noué et entretient une amitié sans faille et une confiance réciproque, le chancelier Kohl assiste, main dans la main, le 22 septembre 1984 devant l'ossuaire de Douaumont, à Verdun, à une cérémonie en hommage aux soldats allemands et français tués durant la Première Guerre mondiale.
2.3. La normalisation des relations avec la Pologne et la République tchèque
S'efforçant, après la réunification de l'Allemagne, de rassurer les pays voisins, il reconnaît la ligne Oder-Neisse comme frontière irrévocable avec la Pologne (novembre 1990), et signe avec le Premier ministre tchèque Václav Klaus une déclaration commune destinée à régler le contentieux historique lié à la région tchèque des Sudètes (janvier 1997).
3. La chute
Réélu chancelier en janvier 1991 à la suite des premières élections législatives fédérales de l’Allemagne unifiée (décembre 1990), H. Kohl doit faire face aux difficultés liées au coût de la réunification, mais l'amorce d'une reprise économique après la récession de 1993 et sa forte popularité lui valent d'être reconduit dans ses fonctions au terme des élections de 1994. Sa politique de rigueur, nécessaire pour respecter les critères de convergence prévus par le traité de Maastricht et adhérer à la monnaie unique, est impopulaire.
C'est dans ce climat politique incertain qu'il sollicite un cinquième mandat en 1998. Sévèrement battu, il cède sa place de chancelier à Gerhard Schröder (SPD). Après sa démission de la présidence de la CDU (septembre 1998), il en est élu président d'honneur, mais doit renoncer à cette fonction en janvier 2000, étant mis en cause dans l'affaire du financement occulte de la CDU de 1973 à 1998.
Pour en savoir plus, voir l'article Allemagne : vie politique depuis 1949.